Moussa Sinko Coulibaly, l’un des artisans du coup d’État de 2012, a signifié à qui de droit sa volonté de démissionner aussi bien de son poste de Directeur Général de l’École de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye de Bamako (EMP-ABB) que de son manteau de Général de Brigade au sein des Forces Armées Maliennes (FAMA).
Dans une Lettre adressée, le jeudi 30 novembre dernier, au Chef Suprême des Armées en la personne du Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, l’ancien Ministre de l’Administration Territoriale de 2012 à 2014, a justifié son choix par son «Ambition de vouloir contribuer autrement à trouver des solutions aux défis politiques, éducatifs, économiques, culturels et social auxquels notre pays est confronté». Ne s’agit-il pas là d’une ambition susceptible de lui prêter des intentions de vouloir jouer sa partition lors de la présidentielle de 2018 ?
On ne saurait pour l’heure l’affirmer avec certitude, mais, cependant, tout porte à le croire. Surtout quand on sait que plus haut dans sa Lettre de démission, Moussa Sinko Coulibaly a dit être disposé à servir son pays en tant que civil partout où besoin sera. Pour qui sait, donc, que le treillis militaire et ses galons constituent un non-lieu pour l’éligibilité à la Magistrature Suprême de ce pays, le timing choisi par Moussa Sinko Coulibaly pour rendre sa démission peut être porteur de sens à plus d’un titre. Soit le Général chercherait à briguer lui-même le fauteuil présidentiel, l’année prochaine, soit, influent qu’il est au sein des FAMA, il se serait ainsi en train de s’apprêter pour remobiliser les garnisons en faveur d’un candidat.
«Avec la complicité de l’ancien CNDRE, IBK a été élu Président sans grands efforts. Comme ils ont été maltraités durant ce quinquennat, il est probable que le Général Coulibaly ait quitté ce poste pour battre campagnes contre IBK dans les casernes », analyse un fin connaisseur de l’armée malienne. Celui-ci rappelle aussi le rôle que Moussa Sinko avait particulièrement joué lorsqu’il était Ministre de l’Administration Territoriale chargé de l’organisation des élections. «Après son arrivée à Koulouba, IBK a reconduit le Général Coulibaly avant de l’humilier, lui et ses compagnons d’armes Amadou Haya Sanogo, Dahirou Dembélé et autres », a ajouté ce fin connaisseur qui a requis l’anonymat.
Officier du Génie Militaire, le Général Coulibaly reste un Homme très influent dans l’Armée. Homme au parcours exceptionnel, il fut incorporé dans l’armée malienne en 1990. Il a fait sa formation d’Officier à la prestigieuse école spéciale militaire de Saint Cyr (France) de 1992 à 1995 avant de passer les grades successifs de Sous-lieutenant au Général de Brigade.
Ancien Ministre de l’Administration Territoriale du Mali, de 2012 à 2014, il a occupé différentes fonctions de commandement, d’État-major et de formateur tout au long de sa carrière militaire. Il fut instructeur à l’École militaire interarmes (EMIA) de Koulikoro de 1996 à 1999, Commandant de la Compagnie du Génie de 2000 à 2001, Directeur des Etudes de l’EMIA de 2006 à 2010, Chef de la Division opérations de la Direction du Génie militaire de 2001 à 2006 et Directeur de l’Instruction de l’EMPABB de 2010 à 2012 avant de revenir à l’EMP en mai 2014 pour prendre les commandes. Il est détenteur du Master II en Stratégie, Défense, Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes au CREPS de l’Université de Yaoundé 2. Sa démission n’est forcément pas une bonne nouvelle pour le RPM quand on sait qu’elle intervient à un moment où d’autres cadres proches du régime rejoignent l’opposition. Ainsi va la politique de chez nous laquelle tout se meut au gré des intérêts surtout à la veille des grands rendez-vous électoraux.
Katito WADADA : LE COMBAT