L’indice de perception de la corruption (IPC) 2021 publié par Transparency International montre que les niveaux de corruption restent au point mort dans le monde. 86 % des pays ont peu progressé, voire aucunement au cours des dix dernières années. Malgré les efforts des autorités de la transition, le Mali n’a engrangé qu’un seul point dans le classement de l’IPC occupant ainsi la 129eplace sur 180 pays.
Transparency international constate que les pays qui violent les libertés civiles enregistrent constamment un score plus bas dans l’IPC. La complaisance dans la lutte contre la corruption exacerbe les atteintes aux droits de l’homme et sape la démocratie, ce qui débouche sur une spirale infernale. Au fur et à mesure que les droits et les libertés s’amenuisent et que la démocratie s’affaiblit, l’autoritarisme s’installe, entraînant des niveaux de corruption encore plus élevés.
Le Mali, l’un des pays les plus corrompus qui vit les séquelles de cette corruption depuis 2012, a réalisé un petit progrès en termes de classement. Avec 30 points, le Mali occupe la 129e place avec +1 engrangé. Alors que l’an dernier, le Mali a réalisé 29 points et a occupé le 130e rang sur les 180 pays notés.
En 2018, le Mali occupait le 120e rang des pays les plus corrompus. Ce qui prouve que les efforts restent à faire pour mieux classer le pays. La lutte contre la corruption et la délinquance financière enclenchée par les nouvelles autorités n’a pas encore porté fruit. Cette situation pénalise le Mali même au plan démocratique et sécuritaire.
Selon Delia Ferreira Rubio, présidente de Transparency International, les droits humains ne sont pas qu’un atout agréable dans la lutte contre la corruption. « Les régimes autoritaires détruisent les systèmes d’équilibre de pouvoirs indépendants et rendent les efforts de lutte contre la corruption tributaire des caprices d’une élite. Faire en sorte que les gens puissent s’exprimer librement et travailler collectivement pour exiger du pouvoir qu’il rende des comptes est la seule voie durable vers une société exempte de corruption », dit-elle.
Comme les Philippines qui continuent de chuter depuis 2014, avec un score de 33, de même que le Venezuela, du président Nicolás Maduro, réprimant la dissidence de ses opposants politiques, des journalistes et même des travailleurs du secteur de la santé.
Le Mali est confronté à des crises politiques, institutionnelles et sécuritaires : trois coups d’État militaires ont été commis au cours des 10 dernières années. Son score IPC a chuté à 29 et son score en matière de libertés civiles est également en pente descendante, car les conflits armés en cours empêchent le fonctionnement normal de l’État. Ce qui conduit à un cercle vicieux de corruption et de violations des droits de l’homme.
Faits à retenir au niveau mondial
L’IPC classe 180 pays et territoires selon le niveau de corruption perçu dans le secteur public, sur une échelle qui va de zéro (fortement corrompu) à 100 (faiblement corrompu). La moyenne mondiale de l’IPC reste inchangée pour la dixième année consécutive, se situant à 43, les deux tiers des pays obtenant un score inférieur à 50.
Les pays les mieux classés sont le Danemark (88), la Finlande (88) et la Nouvelle-Zélande (88), également en tête de liste dans l’Indice de démocratie pour ce qui concerne les libertés civiles.
La Somalie (13), la Syrie (13) et le Soudan du Sud (11) restent au bas de l’échelle de l’IPC. La Syrie est également classée au dernier rang en matière de libertés civiles, la Somalie et le Soudan du Sud ne figurant pas dans cet indice.
27 pays, dont Chypre (53), le Liban (24) et le Honduras (23), enregistrent des scores historiquement bas cette année. Au cours de la dernière décennie, 154 pays ont soit décliné, soit réalisé des progrès insignifiants.
Depuis 2012, 23 pays ont sensiblement reculé dans l’IPC dont des économies avancées comme l’Australie (73), le Canada (74) et les États-Unis (67), ce dernier sortant pour la première fois de la liste des 25 nations les mieux notées. En même temps, 25 pays ont nettement amélioré leurs scores, notamment l’Estonie (74), les Seychelles (70) et l’Arménie (49).
Pour connaître le score et les changements survenus dans chaque pays sur la période considérée, ainsi que pour l’analyse de chaque région, se reporter à la page de l’IPC 2021.
Corruption, droits de l’homme et démocratie
Alors que les efforts de lutte contre la corruption stagnent et se dégradent, les droits de l’homme et la démocratie sont attaqués. Ce n’est pas une coïncidence. Certains gouvernements continuent de prétexter la pandémie de la Covid-19 pour battre en brèche les droits de l’homme et la démocratie. Ce qui pourrait conduire à un déclin encore plus marqué dans le monde dans les années à venir.
Sur les 23 pays dont le score dans l’IPC a sensiblement faibli depuis 2012, 19 voient également leur classement en matière de libertés civiles chuter. En outre, sur les 331 cas d’assassinat de défenseurs des droits humains enregistrés en 2020, 98 % se sont produits dans des pays dont le score dans l’IPC est inférieur à 45.
Et même parmi les démocraties, la dernière décennie a vu un recul à la fois sur le front des efforts de lutte contre la corruption et sur celui des droits de l’homme. Le score des libertés civiles de la Pologne a reculé et son IPC a chuté à 56, alors que le gouvernement sévit contre les activistes en faisant adopter des textes contre les insultes et en limitant sévèrement la liberté des médias.
Transparency international appelle les gouvernements à respecter leurs engagements en matière de lutte contre la corruption et de respecter les droits de l’homme, invite les peuples du monde entier à s’unir pour exiger un changement.
Daniel Eriksson, directeur général de Transparency international, a déclaré :« Dans des contextes autoritaires où le contrôle sur le gouvernement, les entreprises et les médias est aux mains de quelques-uns, les mouvements sociaux restent le dernier contrepoids face au pouvoir. C’est le pouvoir détenu par les enseignants, les commerçants, les étudiants et les gens ordinaires de tous les milieux qui, en fin de compte, permettra la recevabilité. »
À propos de l’Indice de perception de la corruption
Depuis sa création en 1995, l’Indice de perception de la corruption est devenu le principal indicateur de la corruption dans le secteur public au niveau mondial. Il classe 180 pays et territoires dans le monde en fonction de la perception de la corruption dans le secteur public, à l’aide de données provenant de 13 sources externes, dont la Banque mondiale, le Forum économique mondial, des entreprises privées de conseil et de gestion des risques, des groupes de réflexion et d’autres. Les scores reflètent les points de vue d’experts, d’hommes et femmes d’affaires.
Bourama KEITA LE COMBAT