Ne dit-on pas que dans les pays des aveugles les borgnes sont rois ? Dans cette gouvernance presqu’en faillite du régime IBK, six ministres arrivent cependant, tant bien que mal, à se distinguer du lot pour accomplir avec patriotisme certaines de leurs missions régaliennes au grand honneur du gouvernement Modibo Keita II. Ils sont sans aucun doute à la base du peu de crédit actuel accordé au pouvoir. C’est pourquoi votre journal fait ici un classement par ordre de mérite et sur la base de critères de travail et d’engagement pour leurs missions. Un exercice, somme toute, personnel bien que critiquable n’est pas moins soutenable. Pourquoi ces ministres et pas d’autres ? Quels sont les résultats qu’ils ont engrangés à la tête de leurs départements respectifs?
Tout choix étant subjectif, en prenant ces six ministres comme étant ceux qui font aujourd’hui honneur à la République, nous ne cherchons pas par cet exercice à plaire ou à déplaire, mais seulement à dire les choses qui nous paraissent telles qu’elles sont, telles que bon nombre de nos concitoyens les ressentent. Dans cet exercice de choix nous avons mis en avant trois critères essentiellement. Il s’agit notamment du travail fait par ces ministres au bout duquel on peut citer des résultats tangibles. La relative qualité morale de n’être pas jusqu’à présent trempé dans des affaires rocambolesques au sein de leurs départements. A ces deux, nous avons joint l’engagement et surtout la conjonction de chance dont ils ont bénéficié à la tête de leurs départements. Avec ces critères voici donc notre classement, nos hommes et nos arguments :
Premier : Me. Mohamed Ali Bathily, le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières est de tous les membres du gouvernement celui qui se bat le mieux pour la justice sociale, pour la rédemption de nos paysans qui ont été le plus souvent spoliés de leurs seuls espoirs à savoir leurs terres, qui sont leur raison d’être dans des terroirs où leurs principales activités restent l’agriculture et l’élevage. Me. Bathily par son courage indien et sa détermination sans équivoque, est en train de démasquer de gros bonnets qui se sont toujours accaparés, des parcelles des pauvres citoyens, moyennant des sommes dérisoires. Par les actes qu’il pose au quotidien en faveur de ces démunis, il est devenu la cible à abattre des gros spéculateurs fonciers que sont nos maires, nos préfets, certains députés à l’Assemblée Nationale, certains cadres dans les hautes sphères de l’administration d’Etat et leurs complices tapis au sein de la justice. Me. Bathily, que ce soit au ministère de la justice, ou à celui des affaires foncières, a fait preuve de patriotisme, de citoyenneté et surtout d’engagement. Pourvu qu’il continue sur cette lancée.
Deuxième : le Colonel Salif Traoré, le jeune ministre de la Sécurité et de la Protection Civile fait aujourd’hui la fierté de la nouvelle génération par sa promptitude à parler quand il doit parler, son intellectualisme et surtout ses nombreuses bonnes initiatives. Qui n’a pas été séduit par sa présence sur le terrain après l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu et surtout les différentes conférences de presse qu’il a animées pour informer l’opinion nationale et internationale mieux qu’un porte-parole du gouvernement ne l’aurait fait. L’ancien gouverneur de la Région de Kayes aura aussi laissé une bonne image au pays du Khasso avant d’hériter d’un département ministériel très sensible pour un pays en crise. Que ce soit à Kayes ou à Bamako, le ministre semble être en terrain connu. La preuve est que depuis sa nomination à ce département les questions cruciales comme les problèmes de passeport et de carte d’identité nationale sont en passe d’être résolus. L’histoire retiendra qu’il aura été le ministre qui a su donner un état civil au plus grand nombre de maliens par ce petit geste aux conséquences inestimables que fut l’érection de la carte NINA au même rang que la carte d’identité nationale. Concernant la sécurité des personnes et de leurs biens, il aura convaincu plus d’un lors de l’émission « Action Gouvernementale » de l’ORTM sur les initiatives qu’il a fait prendre ou qui sont en passe de l’être pour mettre fin à la grande insécurité. Même si les fruits n’ont pas encore tenu toute la promesse des fleurs étant donné que le nord reste un grand bourbier sécuritaire, le jeune ministre mérite tous les encouragements.
Troisième : Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, la ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme que nous avions à juste titre qualifiée de femme InfoSept du 8 Mars 2016 est sans conteste la Nieyéléni du Gouvernement. Grâce à son dynamisme et en dépit de la crise que connait le Mali, elle fait monter au firmament la culture malienne à travers le monde. Après les différentes prouesses enregistrées qui sont entre autres : la Rentrée Culturelle 2016 avec le retour annoncé de la biennale au cours de l’année 2016, le triangle du balafon à Sikasso, les journées des contes. Grace à son combat, le conseil des ministres a adopté un projet de loi sur les droits d’auteurs sans compter la participation de son département aux activités touristiques en Espagne, mais aussi et surtout la reconnaissance du « Projet Tombouctou » par la banque mondiale et la reconstruction dans un délai court des mausolées de Tombouctou détruits lors de l’occupation selon le cahier de charges de l’UNESCO. Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo vient de recevoir encore en Belgique le jeudi 09 juin 2016 la médaille commémorative du 70e anniversaire de l’UNESCO pour son leadership dans la coordination du programme-conjoint de cette institution et du Mali pour la sauvegarde du patrimoine culturel.
Quatrième : Mme Marie Madeleine Togo, la ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, après le tourbillon qui a failli l’emporter lors de son bras de fer avec le syndicat, semble retrouver son amour pour le métier qu’elle a tant embrassé. Femme de terrain et à l’écoute de ses collaborateurs, la ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique le Dr. Marie Madeleine Togo, spécialiste en Anesthésie et en Réanimation, à peine nommée, disait ne plus vouloir «de structures sanitaires où les agents torpillent leur serment et arnaquent, négligent ou marginalisent les patients ». La ministre a donc décidé de procéder à un changement radical. Après avoir visité les différentes structures sanitaires, son premier combat du Ministre Togo fut sa lutte implacable contre l’insalubrité dans les structures sanitaires ce qui lui a permis de visiter tous les centres hospitaliers de Bamako, Kati, Koulikoro et même à l’intérieur du Pays. Bien que les résultats ne soient pas à la hauteur de toutes les attentes compte tenu de la complexité d’un département déjà malade de tous, l’engagement de la ministre a imprimé un changement nouveau est resté intact.
Cinquième : Mahamane Baby, Le ministre, de l’emploi, de la Formation Professionnelle de la jeunesse et de la Construction Citoyenne fait partie des jeunes ministres qui se battent avec engagement pour résoudre la cruciale question de l’emploi et de la formation. Cela se voit nettement par sa présence sur le terrain et surtout par de nombreuses initiatives en faveur des jeunes diplômés dont plus de trois mille d’entre eux seront bientôt installés dans des zones agricoles. M. Baby a officiellement lancé, le projet « Contribution à l’insertion professionnelle et au renforcement de la résilience des jeunes en milieu rural dans le centre sud au Mali » et une formation en entrepreneuriat de plus de 3000 jeunes. Il a procédé au lancement de la 3ème édition des Assises Régionales des Associations de la Jeunesse Economique de l’Afrique de l’Ouest. Comme pour dire que le combat de la lutte contre le chômage n’est pas une course de vitesse mais de fond. Espérons que son département réussisse à tenir la promesse présidentielle de 200 000 emplois pendant 5 ans. Un objectif que même s’il était réalisé ne saurait résoudre le problème de la massification des chômeurs mais montrerait le chemin pour une résorption substantielle de la crise de chômage.
Sixième : Housseyni Amion Guindo, le ministre des sports ou le ministre porte-bonheur du sport malien qui a failli laisser sa peau dans la grave crise de la FEMAFOOT, est aujourd’hui en passe de gagner son pari. Le championnat vient de démarrer avec les clubs qui ont été au cœur de la crise. A cela, il faut ajouter la constance de nos équipes nationales aux compétitions africaines et même mondiales grâce à son engagement et peut être sa chance. Aujourd’hui encore, les Aigles seniors sont sûrs d’aller à la CAN Gabon 2017, malgré le retour du Benin dans la compétition et avant même la dernière journée à Bamako. S’il y a des honneurs que l’on a par la chance c’est bien le cas du ministre Guindo. C’est sous son ministère que l’honneur de la République tient beaucoup plus au sport qu’à tout. Ne serait-ce que pour cela, il mérite tous nos encouragements.
Youssouf Sissoko