Au Mali, on semble dépouiller la politique de ses substances morales pour la résumer au seul argent. Les valeurs d’honneur, de dignité, de respect de la parole donnée et de la préservation des intérêts collectifs, ont inéluctablement cédé la place aux gains faciles et aux profits individuels voire égoïstes. Sinon, comment comprendre que le parti du chef de file de l’Opposition, le regretté Soumaila Cissé, qui s’est battu corps et âme, pendant sept ans, contre le régime IBK, jusqu’à sa chute, et que celui qui a été au cœur de la gestion chaotique du pays, qui est Boubou Cissé, puisse avoir des partisans au sein de ce parti au point de vouloir faire de lui le porte étendard du parti à la présidentielle de 2022. Le premier vice-président de l’URD, Salikou Sanogo, assurant l’intérim, connu et reconnu, comme un homme d’honneur et un patriote Convaincu et ses camarades vont-ils accepter d’écrire l’une des pages noires de l’URD ? En acceptant Boubou Cissé comme candidat de l’URD quel message vont-ils adresser au peuple ? Le peuple URD acceptera-t-il de trahir de sitôt la mémoire de Soumaila Cissé ? Quel nouveau projet Boubou Cissé pourrait-il être porteur, alors qu’il était au cœur de sept ans de gestion chaotique d’IBK ?
De sources bien informées, certains cadres de l’URD seraient en train de rouler pour l’ancien Premier Ministre Boubou Cissé, afin de persuader un grand nombre de militants et cadres pour qu’il soit le candidat du principal parti de l’opposition à la présidentielle de 2022. Les mêmes sources font état de la probable mise à disposition d’une somme importante à certains cadres de l’URD pour faire avaler la couleuvre Boubou, en reléguant au second plan tout ce qu’il a eu à faire comme mal par le passé et faire de lui le candidat du parti de Soumaila Cissé. Pour l’instant, l’on ne saurait dire si les partisans du dernier Premier ministre d’IBK arriveraient à convaincre le peuple URD, mais tout porte à croire, qu’ils seraient butés à une farouche opposition au sein du parti de la poignée des mains.
Si tant est qu’il y a une petite dose de dignité et d’honneur en politique l’URD doit fermer la porte à Boubou
Même si Boubou Cissé dispose de tout l’or du monde, il ne devrait pas penser, même une seconde, à avoir l’investiture de l’URD, après les déboires que le régime IBK, dont il était le porte-flambeau, a fait subir à Soumaila Cissé et à son parti pendant sept longues années. Il ne devrait pas s’imaginer être le porteur de brassard ou tout simplement le candidat du principal parti de l’opposition, l’URD, alors même que ce parti a passé tout le temps à dénoncer les tares de ce régime qui a fait effondrer le pays sur tous les plans. Boubou Cissé est sans nul doute l’un des artisans de la mal gouvernance au Mali avec son corollaire de corruption, d’évasion fiscale et d’extrême pauvreté, à ceux-ci s’ajouteraient les conflits communautaires au centre.
En dépit de son bilan catastrophique, si d’aventure Boubou Cissé devenait le candidat quel message l’URD pourrait adresser aux électeurs afin qu’ils votent pour ce dernier, alors même qu’il y a sept petit mois, ce même parti le vouait aux gémonies pour sa gestion chaotique. Si tant est qu’il y a une petite dose de dignité et d’honneur en politique l’URD doit fermer la porte à Boubou. Salikou Sanogo, le Président par intérim du parti et ses camarades doivent opposer une fin de non-recevoir à la demande de candidature des partisans de Boubou Cissé, qui ne seraient, en réalité, mus que par leurs intérêts sordides. Rien qu’en faisant le bilan de 7 ans de gestion du régime IBK, l’on se poserait la question de savoir par quelle baguette magique celui qui a été la pièce maitresse de cette gestion calamiteuse, il y a juste sept mois pourrait être la solution.
Pour rappel, pendant les sept ans de gestion d’IBK, Boubou Cissé a été dans tous les gouvernements successifs, avant d’en être le chef avec le portefeuille des finances, en plus de la Primature. Alors l’URD qui s’est battu pour le changement pourrait-il encore dérouler le tapis rouge devant celui qui était réfractaire à ce changement ? Salikou Sanogo et ses camarades auraient trahi la mémoire de Soumaila Cissé et contribué à discréditer davantage l’homme politique et même à le fragiliser aux yeux de l’opinion, s’ils investissaient Boubou Cissé comme leur candidat.
En somme, pourquoi vouloir faire la promotion de quelqu’un qui est accusé de déstabilisation des institutions de la transition et qui, loin de finir avec ses démêlées judiciaires, pourrait probablement faire l’objet d’autres accusations, comme les malversations financières ? Il n’y a aucune logique, ni politique encore moins idéologique, pour l’URD de soutenir Boubou Cissé. Le parti de Soumaila Cissé regorge des ressources humaines compétentes pour porter haut le flambeau allumé par lui avant de tirer sa révérence.
Youssouf Sissoko LE COMBAT