Pour avoir voulu défier les lois de toute une nation, l’assurance ivoirienne NSIA, plonge les Banques et Assurances dans une grève de 72 heures.
La grève tombe mal, très mal. Elle tombe à la fin du mois. Au moment où les salaires sont libérés et que des dépenses liées à la fête de Tabaski se font pressantes. A la base de cette grève des Banques et Assurances du Mali, la filiale de groupe d’assurance ivoirien NSIA.
En effet, cette entreprise refuse de se plier aux lois maliennes sous prétexte qu’elle appartient à un capital étranger.
Méconnaissance ou mépris ?
Tout est parti des revendications de la centrale syndicale, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) à laquelle est affiliée le syndicat des Banques et Assurances. L’une des revendications fortes et qui a reçu réponse positive est la réduction du taux de l’impôt sur le Traitement et Salaire (ITS) des salariés. Une décision de l’Etat qui s’impose, donc, à tous, sans exception. Mais, c’était sans compter sur la mauvaise volonté de NSIA-Mali qui a refusé de l’appliquer malgré l’insistance de son personnel à travers leur syndicat. Argument avancé : NSIA est détenu par un capital étranger et ne serait, donc, pas concerné par cette décision du Gouvernement malien. Face à l’insistance du syndicat de NSIA, les Responsables ont commencé à faire du dilatoire en donnant à chaque fois des délais qui n’ont jamais été respectés pour l’application de cette mesure. Contraint de montrer les muscles, le syndicat a adressé un mail à la Direction nationale lui disant, selon notre source, de «respecter les employés». Ce dernier terme employé par le syndicat a été pris comme prétexte pour engager le processus de licenciement de deux membres pour «insubordination» et «outrage». Cette procédure a été, toujours selon nos informations, initiée au près de l’Inspection du Travail, en violation des textes maliens. Encore. Et pour cause, les concernés qui sont des «employés protégés» ; c’est-à-dire, des syndicalistes n’ont pas été informés de l’initiative. Ce qui serait tout à fait contraire aux textes en vigueur.
Mis au parfum de ce qui se trame, ils ont saisi le syndicat des Banques et Assurances qui a pris le problème à bras le corps. A ceux-ci, il a été, dans un premier temps, servi les mêmes arguments qu’aux syndicalistes de la maison, la détention de NSIA par un capital étranger. A la lumière des textes, des remarques des patrons des Assurances, du patronat des Banques et de l’Inspection du Travail, les dirigeants de NSIA-Mali ont été convaincus de l’erreur dans laquelle ils baignent depuis le début de cette histoire.
Pour se donner un peu de contenance face à tant de revers, ils ont prétexté que la décision de licenciement serait venue du grand «Boss» depuis Abidjan. Et que ce dernier, Jean Kakou Diagou, ne serait pas Homme à revenir sur sa parole. C’est dire si ce dernier veut défier les lois maliennes. Face à l’intransigeance du syndicat des Banques et Assurances de mettre un terme à toute cette histoire, la NSIA est passée à un autre niveau.
Pour faire plier le syndicat et l’Etat, elle menace, pardon fait le chantage de fermer ses Bureaux à Bamako. Mais, si elle est présente à Bamako, ce n’est pas pour les beaux yeux des Maliens, loin sans faut.
C’est d’ailleurs pour lui faire savoir qu’elle n’est pas en face d’un Etat bananière que les Banques et Assurances entament aujourd’hui une grève de 72 heures. S’il est vrai que les clients en cette veille de Tabaski vont en faire les frais, c’est aussi un message fort pour dire à toutes ces multinationales qui exercent, ici au Mali, que les citoyens maliens ne sauraient être des faire-valoir ni des laissés pour compte surtout quand les textes sont avec eux. A bon entendeur… !
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT