Choguel Kokalla Maïga a encore fait parler de lui, le dimanche dernier sur le plateau de l’ORTM. Lors d’une interview qu’il a accordée à la télévision nationale, le Premier ministre s’est longuement exprimé sur le retrait annoncé des troupes françaises. Durant une heure, le chef du gouvernement malien est revenu sur les objectifs et le contexte de déploiement des opérations françaises au Mali.
« Les opérations françaises visaient à arrêter l’avancée du terrorisme, le détruire, restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national et appliquer les résolutions des Nations unies », a dit Choguel.
Il n’a pas loupé la France comme il en a l’habitude. Cette fois, il s’est interrogé sur le mystère qui entoure la mort des deux journalistes français Gislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal. “Ils ne disent pas qu’est-ce qui s’est passé à Kidal pour que leurs journalistes soient enlevés. Pourquoi ils ne lèvent pas le secret-défense pour éclaircir les Français sur les circonstances de la mort de leurs journalistes ?’’, s’est interrogé le Premier ministre.
Sur le retrait annoncé des troupes françaises, Dr Choguel Maïga ne s’est pas gêné pour dresser le bilan de l’intervention française au Mali. « Le terrorisme était résiduel, en 2013, confiné au Grand Nord du Mali. En 2021, le terrorisme s’est métastasé, ça a atteint le 80% du territoire. À la date d’aujourd’hui, il y a des parties qui échappent au contrôle de l’autorité de l’État malien », a-t-il reconnu.
Selon lui, il faut éviter de déformer la vérité. “Le mot échec, il ne faut pas avoir honte de le dire, c’est un échec stratégique. Au lieu de s’assoir et tirer des leçons de cela, c’est par voie de presse qu’on apprend leur retrait. Quand on est partenaire, on doit se respecter », a-t-il fait savoir.
Il précise que la France s’est opposée que l’État malien recouvre l’intégrité de son territoire. « C’est connu, c’est documenté, tout le monde le sait. Les autorités françaises ont créé une enclave dans le nord du Mali où les terroristes ont pu s’organiser pour revenir à la charge », a-t-il martelé.
Au sujet de la légitimité des autorités de la transition, Choguel revoit son discours par rapport à la transition. Il estime qu’aujourd’hui, il revient au peuple malien d’apprécier la légitimité d’un gouvernement contrairement à ces qualificatifs dès la première phase de la transition. Pour lui, depuis la rectification, tout semble normal. « Je refuse qu’on traite d’une certaine façon les officiers patriotes qui ont parachevé la lutte héroïque du peuple au risque de leur vie », a-t-il soutenu.
À propos de la tension entre la CEDEAO et le Mali, Choguel a réitéré la disponibilité de son gouvernement au dialogue. Il a également profité de l’occasion pour saluer les efforts de l’Union africaine et d’autres partenaires qui ne ménagent aucun effort pour soutenir le Mali. “Nous ne sommes pas isolés comme les gens le pensent, nous avons une vocation africaine’’, a-t-il fait savoir tout en mettant en garde contre l’imposition d’un calendrier électoral au Mali qui ne puisse pas tenir compte des reformes à faire au préalable avant ces élections, au risque d’élire un président qui sera renversé quelques mois plus tard.
Dans le cadre d’un compromis entre les chefs d’État de la CEDEAO et le Mali au sujet du calendrier électoral et la prolongation de la transition, le médiateur Goodluck Jonathan est une fois de plus attendu à Bamako pour rencontrer les autorités le jeudi prochain. En attendant, la Charte de la transition a été révisée et le maintien de 5 ans de prolongation est toujours d’actualité comme recommandé par les Assises nationales de la Refondation tenues en fin décembre 2021.
Bourama KEITA LE COMBAT