L’auteur du putsch du 22 mars 2012 a été arrêté et incarcéré dans des conditions dignes d’une vendetta. Une mafia organisée qui n’a rencontré en face d’elle aucune indignation des principaux chefs religieux du Mali aussi bien que les familles fondatrices de Bamako et les communicateurs traditionnels, ceux-là même qui s’étaient précipités pour faire pression sur le capitaine Amadou Haya Sanogo afin d’obtenir la libération des dignitaires du régime déchu. Au nom d’une paix et d’une stabilité qui, finalement, ne lui vaudront que pure fatalité.
Aux premières heures de la chute du président ATT, les membres du gouvernement Mariam Kaïdama Cissé et autres barons du régime qui avaient été arrêtés et détenus au camp militaire « Soundiata » de Kati, seront les mêmes individus qui mettront à prix d’or la tête du capitaine Amadou Haya Sanogo en se retrouvant dans un même clan (FDR) pour mettre au point la manœuvre du contrecoup d’Etat du 30 avril 2012.
Cela, à la faveur de fortes supplications adressées à l’ex-homme fort de Kati par d’influents leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako, notamment Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali, Chérif Ousmane Madani Haïdara, guide des Ançar, les familles fondatrices de Bamako et le Groupement des communicateurs traditionnels
Ils ont su exploiter les astuces diplomatiques nécessaires pour faire plier l’ex-chef de la junte au bénéfice d’une remise en liberté d’hommes politiques détenus et au nom de la paix et la réconciliation dans un pays encore trop fragile.
Mais voilà que ces mêmes politiciens ne commettront, eux, aucune erreur les amenant à rater leur cible : celle de voir « baver » le général Sanogo au fond d’une prison en lui faisant vivre des conditions carcérales aussi épouvantables que déshumanisantes. Cela, au-delà du délai légal de détention selon le Code de procédure pénale en République du Mali et aux yeux des associations nationales dites de défense des droits de l’Homme ainsi que les instruments internationaux en vigueur.
En effet, presque tous ceux qui se réjouissent ostensiblement de l’incarcération du général Amadou Haya Sanogo et compagnons, de surcroît, dans cette situation de non-droit, au sein d’une République dite démocratique, l’accusent au fond, d’avoir perpétré le coup d’Etat. C’est en cela que l’alibi de « l’assassinat des 21 bérets rouges », n’est autre qu’un argumentaire de façade.
Le comble, c’est qu’aucun des leaders de nos différentes appartenances confessionnelles ainsi que les garants de nos valeurs ancestrales, ne s’est véritablement érigé contre cette détention maffieuse du jeune capitaine, celui-là qui leur avait pourtant fait montre de toute sa bonne foi en leur rendant tous les honneurs mérités.
A ce sujet, la question qui revient avec récurrence au sein de l’opinion populaire malienne, est la suivante : Mahmoud Dicko, Ousmane Chérif Madani Haïdara, les membres des familles fondatrices de Bamako ainsi que les dépositaires culturels, auraient-ils finalement préféré des vrais fossoyeurs du pays à celui-là qui n’avait cherché qu’à répondre à l’appel légitime de ses compagnons d’armes en mettant fin à la vie d’un régime « apatride » et à qui, ils avaient pourtant juré complicité et protection ?
En tout cas, une forte odeur d’hypocrisie et de trahison se fait terriblement sentir de leur côté. En clair, ces autorités religieuses et coutumières devraient-elles encore bénéficier de la légitimité des Maliens ? Une question qui ne saurait trouver de franche réponse que si elles-mêmes se remettaient véritablement en cause.
M Diallo LA SIRENE