Pr. Marimantia Diarra est le nouveau président du Comité exécutif (CE) de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ). A 73 ans, il est professeur d’enseignement supérieur de classe exceptionnelle, membre du CNT et il a été élu lundi dernier (18 octobre 2021) à l’issue du 6e congrès ordinaire du parti par 45 voix contre 9 voix à son adversaire et président sortant, Pr. Tiémoko Sangaré (2015-2021). Le défi du nouveau CE est maintenant de rassembler toutes les tendances pour reconquérir le pouvoir. A défaut de Koulouba, l’Adéma doit se battre pour jouer le premier rôle à l’Assemblée nationale. Un défi qui, comme tous les autres, n’est pas gagné d’avance.
Qui trop embrasse mal étreint ! Sans doute que le professeur Tiémoko Sangaré connaît cet adage. Ce qui ne l’a pas pourtant empêché, selon des confessions de certains congressistes (présents au 6e congrès ordinaire du 16 au 18 octobre 2021), de vouloir être le président et le candidat de l’Adéma-Pasj pour la prochaine présidentielle. Au finish, il risque de tout perdre. En effet, il a perdu la présidence du Comité exécutif au profit de Marimantia Diarra (9 voix contre 45 au vainqueur) et rien ne prouve qu’il sera désigné pour représenter le parti de l’Abeille solitaire dans le starting-block de la prochaine présidentielle.
Homme du sérail qui a franchi tous les échelons du parti et qui a assumé de nombreuses responsabilités politiques au niveau national, Marimantia a profité du désistement et du report des voix des partisans de Moustaph Dicko et d’Adama N. Diarra. Nous pensons que (même si la transition est prolongée, donc la présidentielle reportée), le nouveau CE n’aura pas le loisir de jouir d’un round d’observation puisqu’il doit immédiatement faire face à un défi de taille : remobiliser les cadres et militants à la base de «La Ruche» pour aller à la reconquête du pouvoir exécutif et législatif ! Et cela d’autant plus que le parti ne peut plus se contenter d’être toujours invité à la table des convives par le parti au pouvoir après avoir été la principale force politique du pays (à l’assemblée nationale notamment) de 1992 à 2013.
Il est vrai que les participants au 6e congrès ordinaire ont réussi à éviter à «La Ruche» ce que certains de ses cadres ont appelé «le syndrome URD» (avec l’intrusion forcée de Boubou Cissé dans la course à la candidature). En effet, certains cadres se sont battus bec et ongle pour faire sauter le verrou qui empêche n’importe quel aventurier de briguer la candidature de l’Adéma à la présidentielle.
Selon ses statuts, il faut prouver 5 ans de militantisme pour prétendre à l’investiture du parti à l’élection présidentielle. Le débat a été long et houleux, mais la sagesse et l’intérêt de la chapelle ont finalement prévalu. Celui qui veut maintenant forcer la porte de «La Ruche» doit bénéficier d’une dérogation spéciale que seul un congrès extraordinaire peut délivrer.
Le défi d’éviter une nouvelle césarienne
N’empêche que le danger demeure toujours parce que les appétits sont souvent féroces au sein du parti et ils sont nombreux ceux qui nourrissent légitimement l’ambition de briguer son investiture pour s’aligner dans le starting-block de la prochaine présidentielle. Et le constat est que, depuis 2002, le choix du candidat à la présidentielle conduit toujours le Parti africain pour la solidarité et la justice dans une zone de turbulence aboutissant souvent à de douloureuses césariennes avec le départ de certains camarades (et non les moindre) pour créer leurs propres partis (l’URD avec feu Soumaïla Cissé, le RPM avec Ibrahim Boubacar Kéita, l’ASMA-CFP avec Soumeylou Boubèye Maïga).
Le défi pour la nouvelle équipe dirigée par Marimantia Diarra est donc d’éviter une nouvelle césarienne, d’aller ainsi à la reconquête du pouvoir dans l’unité et la cohésion. Redevenir la première force politique, notamment parlementaire, est sans doute la légitime aspiration des militants et cadres qui sont fatigués de voir leur chapelle trimbalée d’une alliance à une autre juste pour ne pas se retrouver dans l’opposition.
Avec la ferme volonté des autorités de la transition de tirer tous les enseignements du passé pour refonder l’Etat, c’est une belle opportunité qui s’offre aujourd’hui aux Adémistes de reconquérir aussi leur leadership sur la scène politique nationale. A condition bien sûr que le choix de leur candidat ne réveille pas encore les vieux démons de la division. C’est déjà une bonne chose que, selon de bonnes sources, le président fraîchement élu au détriment de Tiémoko Sangaré, ne soit pas d’emblée le candidat de la ruche.
A la veille de la future présidentielle, le CE compte organiser une sorte de primaire pour désigner son porte étendard. D’ores et déjà, il se susurre que nombre de vieux et de jeunes loups commencent à sortir la tête de l’eau. Certaines indiscrétions estiment même que l’élection de «Big Mantia» rentre dans le cadre d’un plan bien mûri afin de préparer le terrain à une personnalité pour le moment cachée dans l’ombre.
A défaut de Koulouba, l’Adéma doit se battre pour jouer le premier rôle à l’Assemblée nationale, redevenir la première force parlementaire du Mali Kura !
Naby LE MATIN