La naissance, le 11 décembre dernier, de la polémique autour d’un présumé Accord de réadmission des Maliens en situation irrégulière en Europe et le dénouement intervenu dans cette affaire le lundi 2 janvier dernier par la libération du Consulat du Mali à Paris, semblent identiques de par les compromis qui les caractérisent. L’accord arraché à la sauvette par le Consul par intérim Mamadou Djimé Diallo au Collectif mains propres qui a assiégé le Consulat, pendant 11 jours durant, comporte autant d’ambiguïtés que le compromis scellé entre le Gouvernement malien et l’Union Européenne ; lequel a été à l’origine de ce que nul n’ignore. Accords ou simples communiqués conjoints ? Les deux s’apparentent fort au niveau du sens qu’ils portent au point où l’on se demande si le feuilleton venait ainsi d’être définitivement terminé.
Pour peu que cela ne ressurgisse pour des raisons d’incompréhensions à déceler plus tard, la grogne sociale née de la dernière visite à Bamako de Bert Kondoers, l’émissaire européen, aura fait couler beaucoup d’encre et de salive avant de connaître un point de chute à Paris le lundi dernier. Du 11 décembre 2016 au 2 janvier 2017, donc, soit 22 jours de ce qu’on peut appeler par feuilleton lié à la diaspora ; les Maliens, dans leur ensemble, ont eu droit à des épisodes d’indignation et de révolte allant crescendo de Bamako à Paris. Si les Ministres Abdoulaye Diop des Affaires Etrangères ; Adramane Sylla des Maliens de l’Extérieur, encore moins Mountaga Tall, porte-parole du Gouvernement, n’ont nullement pu parvenir à éteindre le feu naissant ici à l’interne, c’est le Consulat de notre pays dans la capitale française qui en a fait les frais avec dix nuits et onze jours de siège de la part du ‘’Collectif mains propres’’. Ce collectif est parvenu à obtenir gain de cause dans ses doléances par la signature d’un document. A la baguette, le nouveau Consul par intérim, Mamadou Djimé Diallo, et l’Ambassade qui ont pris le taureau par les cornes puisque les Ministres dépêchés à Paris ; notamment, celui en charge du dossier des Maliens de l’Extérieur (Adramane Sylla) et Me Mohamed Ali Bathily des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, ont échoué dans les négociations. Cet échec, on ne saurait l’écarter dans les facteurs qui pourraient s’avérer préjudiciables au compromis obtenu. A travers ce compromis, l’Etat malien a, certes, gagné la libération de son Consulat ; mais, cependant, il aurait plus à y gagner si le document portait son estampille à la place de celle des autorités diplomatiques.
Côté ‘’Collectif mains propres’’, l’autre signataire du compromis, on aurait quelque peu de remords à émettre pour le fait que les clauses convenues avec les autorités consulaires comportent toutes les demandes du collectif en dehors de celle qui consiste à la dissociation de la carte NINA du passeport. L’organisation malienne de France ne saurait tout obtenir d’un seul coup, nous dira-t-on à ce niveau.
Une autre raison qui pourrait porter préjudice à ce consensus serait la déclaration conjointe des parties lue au Consulat Général à la suite de la signature qui, elle aussi, s’est déroulée dans l’annexe de l’Ambassade du Mali à Paris, sise à rue Belle port. Autant d’anicroches susceptibles de dénuer le document de son authenticité juridique.
Or, il n’est secret pour personne que si le vocabulaire utilisé à Paris pour sauver les meubles relève du lexique de déclaration conjointe déterminant la valeur juridique de son contenu, c’est le Ministre Abdoulaye Diop qui doit se frotter les mains pour s’être servi des mêmes arguments lorsqu’il avait été accusé d’avoir « vendu ses compatriotes de la diaspora ». Les explications données au sujet de l’acte de signature qu’il a posé avec Bert Kondoers, le 11 décembre dernier, le nom donné au document issu de cette rencontre Mali-Union Européenne, encore moins le sens juridique à lui fournir par ses tenants au sein du Gouvernement n’ayant jusqu’ici pas convaincu pour éviter l’épisode de Paris, le ‘’Collectif mains propres’’ se devait de s’armer de tous les garde-fous possibles afin d’éviter qu’un accord polémique ne succède à un autre. Vivement que cette apothéose soit différente de la genèse !
Katito WADADA : LE COMBAT