dimanche 22 décembre 2024
Accueil | Politique | REVISION CONSITUTIONNELLE : Adossé à Macron, IBK nargue son peuple

REVISION CONSITUTIONNELLE : Adossé à Macron, IBK nargue son peuple

La marée humaine des 17 juin et 1er juillet 2017 dépasse le simple cadre de manifestation contre une révision de constitutionnelle hasardeuse. C’est la manifestation d’un ras-le-bol qui se généralise contre un régime qui a pillé ce pays en ôtant à ce peuple ce qui lui reste encore comme honneur et dignité.

Ce n’est pas hélas la lecture que nos décideurs font de cette révolte qui gagne du terrain. Ainsi, le président de la République profite de chaque occasion, surtout de la présence d’hôtes du Mali pour invectiver, menacer… ceux qui osent contrarier son ambition monarchiste.
Notre confrère Sacré Issa Doumbia a tout à fait raison lorsqu’il croit se retrouver aujourd’hui en face « d’une révolte de la jeunesse très déterminée. Une atmosphère de fin de règne d’une gouvernance décriée et surtout en manque d’inspiration salvatrice. Ou en panne de solutions idoines ».
« Ce que j’ai vécu le samedi 17 juin et ce samedi 1er juillet me donne un pressentiment terrible », a-t-il alerté sur les réseaux sociaux. Hélas, le pouvoir est si aveuglé par les mensonges, sa puissance et son omnipotence qu’il ne voit signe prémonitoire dans ces manifestations.
Aujourd’hui, n’est-ce pas le comble du mépris pour les Maliens que de vouloir adapter notre Constitution à un accord qui symbolise aux yeux des vrais patriotes la capitulation d’un Etat face à des mercenaires manipulés par l’ancienne puissance colonisatrice pour mieux servir ces intérêts !
Cet accord est la plus humiliante des capitulations depuis la colonisation. Et comme si cela ne suffisait pas, il faudra maintenant renier une Constitution écrite avec le sang de nos martyrs parce qu’elle ne cadre plus avec l’exigence de ceux qui ont pris les armes contre leur pays. Nous sommes tous alors décidés à prendre les armes pour nous faire respecter.
Les droits socio-économiques et politiques des minorités est une réalité. Et une Constitution est une œuvre humaine qui n’est jamais parfaite. Mais, nous nous opposerons par tous les moyens à sa révision pour satisfaire des irrédentistes qui ne respectent même pas le fameux accord que pour soutirer des sous aux dirigeants naïfs de la République.
La seule reforme positive et objective proposée dans ce projet, c’est la création d’une Cour des comptes ! Et cela d’autant plus que cela est une exigence communautaire au niveau de l’Uémoa. Un accord signé entre un pays et des renégats, même parrainé par la communauté internationale, n’a pas force de convention ou de traité. Sa mise en œuvre ne peut donc pas nécessiter une révision constitutionnelle.
Si une telle nécessité s’impose, c’est que l’accord est mal ficelé, donc mal négocié. Selon des indiscrétions diplomatiques, il n’y a pas eu en réalité de vraies négociations à Alger d’autant plus que tout ce qui ne plaisait pas à la rébellion était systématiquement écarté.
Et en aucun moment, les intérêts du peuple malien n’ont été réellement défendus et acceptés. Et pour permettre à ses représentants d’avoir bonne conscience, toutes les questions qui se fâchent comme l’Azawad ont été renvoyées à la mise en œuvre de l’accord. Et ceux qui ont tenté « d’ouvrir les yeux » du pouvoir ou de mieux éclairer le peuple sur les risques que cet accord fait peser sur la quiétude et la stabilité du Mali ont été traités en parias, à la limite de l’humiliation.

La révision ne peut pas être une priorité aux dépens de la paix et du bien-être des Maliens
Malgré les promesses de campagne et les discours populistes du régime, les Maliens (dans leur plus grande majorité) ont faim et soif, ils sont malades et en insécurité totale. Telle est la liste des besoins à satisfaire pour le bonheur des Maliens et non une révision constitutionnelle. Et c’est l’espoir suscité par le fameux slogan de campagne du candidat IBK : Le bonheur des Maliens !
« Il (candidat IBK) déclarait avec force que lui président, tout djihadiste qui s’aventurerait sur le territoire national trouverait devant lui un soldat ». De tels propos de bravoure ont rassuré les plus sceptiques et c’est presque un raz-de-marée qui l’élit (77,6 %). Il a réussi à bluffer toute la République qu’il n’allait pas s’asseoir à la table avec les rebelles. Et qui a dîné avec ces narcotrafiquants et prébendiers ? Adepte du populisme, il a martelé qu’il n’allait pas négocier le couteau sous la gorge ? Qui a finalement courbé l’échine qui lui impose toutes les concessions sans presque rien en retour ?
Que de désillusions ! Comme le promet un jeune frère, « Inch Allah nous prendrons nos responsabilités devant l’Histoire. Tu sais ce que tu veux, nous aussi ». D’ailleurs lors de son investiture au stade du 26-Mars, le président français de l’époque (François Hollande) n’avait pas manqué de lui dire son admiration pour ce « score élogieux », a récemment rappelé le doyen Idrissa Diouf dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux.
Pour assurer le bonheur des Maliens, sauvegarder leur honneur et leur dignité, « les chantiers ne manquaient » pas et « l’espoir était immense ».
Mais, aujourd’hui, 4 ans après, c’est la désillusion totale : le peuple s’est laissé berner par un populiste sans aucune vision politique de ses responsabilités, de sa charge présidentielle. Un président de la République aujourd’hui réduit à faire le tour du monde et à déverser ses fausses colères sur ses opposants et tous ceux qui dénoncent sa gestion clanique du pouvoir. Quand nous ne sommes pas d’accord, nous le disons sans ambages parce que nous nous sommes battus pour arracher cette liberté.
Comme le disait Marcel Aymé (Les Quatre vérités, 1954), « le pire des mensonges est celui qui humilie la vérité la plus pure » ! C’est malheureusement à cela que nous avons assisté lors des débats sur la pertinence et de cet accord. Et c’est, hélas, encore à cela que nous assistons dans le débat sur la révision du constitutionnel.

Quand le président se trompe d’ennemis
Et c’est déplorable que le régime puisse continuer à se confiner dans la classification systématique en ennemis du pays tous ceux qui refusent de le suivre à l’aveuglette. Malheureusement, il n’a pas toujours compris que ceux qui chantent ses louanges à longueur de journée pour le pousser à persévérer dans le déni de la réalité sont ses vrais ennemis !
Et en vrai chef soucieux de la stabilité de son pays et de son avenir, IBK au lieu de se mettre au-dessus de la mêlée, continue de nier l’évidence : le peuple malien en a assez ! Assez d’un régime dont il découvre dramatiquement chaque jour les limites et l’étroitesse de la vision politique.
« Un menteur commence par faire que le mensonge paraisse une vérité, et il finit par faire que la vérité semble un mensonge », écrivait Alphonse Esquiros (l’Esprit des Anglais, 1856). C’est dans cette logique que se trouve aujourd’hui la majorité présidentielle réfugiée derrière des animateurs qui défendent beaucoup plus leurs strapontins politiques que le bien-fondé d’une révision constitutionnelle.
Et malheureusement avec les bénédictions d’un chef d’orchestre sourd pour se rendre compte que son orchestre joue sur un faux rythme et que ce n’est pas la cadence souhaitée par les Maliens. IBK est aujourd’hui comme un attaquant inefficace car incapable de mieux se positionner à son poste : il s’en prend toujours aux arbitres de ne pas fermer les yeux sur ses hors-jeux !
« Je ne retirerai pas le projet de révision constitutionnelle… Le Mali ne trahira pas ses engagements internationaux qu’il a signés pour la paix, l’unité nationale, la réconciliation nationale et le développement », a martelé de façon catégorique Ibrahim Boubacar Kéita lors de la conférence de presse clôture du sommet extraordinaire G5 Sahel-France. Et cela au moment où les manifestations se multiplient à Bamako, à l’intérieur du pays ainsi que dans la diaspora malienne pour contester l’opportunité de cette révision ainsi que la pertinence des reformes comme la création d’un Sénat.
Ibrahim Boubacar Kéita n’est pas aveuglé par seulement les menteurs qui l’entourent et qui lui conseillent le déni de la réalité comme stratégie politique face à la montée de la contestation. Mais, l’homme donne raison à ceux qui pensent qu’il n’est pas un visionnaire.
Il faut être un leader pour comprendre la colère, les préoccupations et les désillusions de son peuple et lui proposer des portes de sorties.
«Celui qui rabaisse ses frères ne peut jamais combattre ses ennemis», disait Sultan Salahuddin Ayubi ! Et le dirigeant qui méprise son peuple ne peut que lui apporter désillusion et malheur !
Mais, que le régime sache qu’avoir toutes les « grandes gueules » dans son gouvernement et tous les leaders et « dealers religieux » derrière lui ne met jamais à l’abri de la colère de son peuple. Le très puissant ex-président du Faso, Blaise Compaoré, est le meilleur conseiller qu’il puisse avoir en la matière.
Dan Fodio LE REFLET

Djibril Coulibaly

Voir aussi

VISITE A KAYES : Assimi Goïta promet la relance économique après la montée en puissance des FAMa

  «Nous avons débuté  le travail avec l’équipement de l’armée et le développement de la …

Laisser un commentaire

Aller à la barre d’outils