Décidément, le peuple souverain du Mali, à travers sa frange juvénile, commence à prendre son destin en main face à l’incurie des gouvernants. C’est par une marche à l’appel des associations que les jeunes dans leur écrasante majorité ont décidé de faire barrage au projet de révision de la constitution du 25 février 1992. Par cette marche, ils veulent désormais participer à la gestion de la Respublica. C’est pourquoi, le samedi 17 juin 2017, ils ont battu le pavé avec détermination et engagement en disant non à la révision de la constitution et non à l’autocratie. Voici les cinq conséquences que le retrait du projet de referendum impliquerait pour le pouvoir IBK.
La première conséquence est le déficit de confiance des gouvernés envers les gouvernants. Ce qui ramollirait le régime et amenuiserait toute chance de voir le peuple renouveler le bail pour ce pouvoir.
La deuxième serait l’éclatement de la Majorité présidentielle. Ce projet de referendum a étalé au grand jour les grandes divergences au sein des partis politiques de la CMP. Ni le vote à 111 voix sur 147 par les députés de la majorité, encore moins les déclarations triomphalistes du président du RPM, Bocari Tréta, et celles lénifiantes du porte-parole de la CMP, Ibrahim Boubacar Bah, ne sauraient recoudre les tissus en lambeaux de la CMP. Surtout après la cacophonie créée par les communiqués de Maître Mountaga Tall, du CNID, du CE ADEMA et aussi de l’ancien Premier ministre Moussa Mara du parti Yéléma, demandant au Président de la République de surseoir au referendum.
La troisième serait l’impasse dans laquelle se trouverait désormais l’Accord pour la Paix et la réconciliation. Car, une des principales raisons de la révision de la Constitution demeure la prise en compte de certains aspects, pas les moindres, de l’Accord, notamment la création d’un sénat. Sans révision constitutionnelle, sa mise en œuvre serait inachevée, et les ex-groupes armés pourraient rompre la fragile paix en brandissant leur pancarte revendicative sur laquelle on lirait « INDEPENDANCE POUR l’AZAWAD ».
La quatrième est que le report du referendum ôterait définitivement à la communauté internationale toute illusion sur la capacité du Président IBK à sortir le Mali de la léthargie et du chaos actuels.
La cinquième est que le retrait définitif ou la suspension donnera la mesure des tergiversations du pouvoir IBK face à la crise majeure que traverse le pays. Cet atermoiement n’est pas rassurant pour les bailleurs de fonds qui, dans ce cas, préféreraient attendre des jours plus sûrs pour décaisser. Ce qui aurait comme effets la recrudescence de la pauvreté et de l’insécurité.
En somme, même en retirant son projet de révision constitutionnelle, le Président IBK aura très peu de marge de manœuvre tant sur le plan interne qu’international. Saura-t-il tirer les enseignements de son échec et renoncer à un second mandat en 2018, surtout qu’il dit lui-même qu’il n’est pas « fou du pouvoir » ?
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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