Le second tour de l’élection présidentielle française, considérée par bon nombre d’observateurs comme élection à suspense, se jouera le 7 mai 2017 entre le candidat du Mouvement « En Marche », Emmanuel Macron et la Candidate du Front National, Marine Le Pen. Sans grande surprise, en tout cas si l’on s’en tient aux sondages, les deux favoris étaient attendus pour le second tour. Et pourtant, il y a un an personne n’aurait cru à une percée du turbulent ministre de l’Economie de François Hollande, surtout face aux trois grands pôles politiques à savoir la Gauche, la Droite et le Front National. Quelles ont été les causes de la chute des deux grands baobabs de la scène politique française qui ont gouverné pendant plus de cinquante ans ?
Y a-t-il un chamboulement de l’ordre politique mondial ? Après le Brexit en Grande-Bretagne et l’élection de Donald Trump aux Etats Unis, c’est la France qui a connu ce 23 avril 2017 un bouleversement de sa scène politique au terme du premier tour de l’élection Présidentielle. Comme un séisme d’une magnitude de 8 sur l’échelle de Richter, les deux grands pôles sont éliminés au profit d’un jeune loup solitaire Emmanuel Macron du Mouvement En Marche et de Marine Le Pen du Front National. Qui pouvait imaginer il y a si peu qu’un jeune sans grande expérience ni politique encore moins administrative, pouvait se hisser à la première place, généralement réservée aux dinosaures de la Droite ou de la Gauche ? La raison semble être les primaires.
Comme l’ADEMA-PASJ, en 2002 et en 2013, le Parti Socialiste et le Parti Les Républicains semblent être victimes des primaires à l’interne, qui auraient affaibli les partis avant la compétition nationale.
Pour rappel, en 2002 à la fin du deuxième mandat du Président Alpha Oumar Konaré , faute de candidat consensuel, l’ADEMA PASJ a cru bon d’organiser en son sein des primaires pour choisir son porte-étendard. Au lieu que cette belle initiative soit l’occasion pour les militants de découvrir les cadres, leur vision et leur programme, elle a plutôt donné l’opportunité à certains de régler leurs comptes avec d’autres. Ceux-ci étalant au grand jour leurs faiblesses plutôt que leurs atouts. C’est dans ce tohu-bohu que Soumaila Cissé a été désigné par la Convention pour porter le brassard de capitaine de l’ADEMA. Traité de tous les noms d’oiseaux, il perdit au second tour face à un indépendant Amadou Toumani Touré, ATT. En 2013, sans faire l’évaluation de la première malheureuse expérience, la Ruche a récidivé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Dramane Dembélé a été choisi candidat de l’ADEMA. Si Soumaila Cissé est parvenu à se qualifier pour le second tour, Dramane Dembélé est tombé dès le premier tour. L’ancien plus grand parti du Mali et deuxième en Afrique après l’ANC, cherche aujourd’hui ses repères. Le PS et Les Républicains vont-ils subir le même sort que l’ADEMA-PASJ ? La réponse sera donnée dans quelques semaines après les élections législatives du mois de juin. D’ores et déjà, aucun de ces deux partis n’a été qualifié pour le second tour, à cause des dissensions internes nées des primaires.
En effet, après le choix de François Fillon par les militants et sympathisants du parti Les Républicains tous les ténors à l’image d’Alain Juppé, de Nicolas Sarkozy, de Jean François Copé ont pris leur distance, laissant le parti entre les mains de Fillon et de ses amis. Victime d’une cabale politique, François Fillon a été trimballé dans la boue après les révélations du journal Le Canard Enchainé. Affaibli, le candidat de la droite n’a obtenu que la modeste 3ème place avec 20, 01% derrière Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Quant à Benoit Hamon le vainqueur des primaires de la Gauche, il a été lâché par la plupart des ténors de la Gauche, y compris Manuel Valls qui avait pourtant juré de respecter et de soutenir le vainqueur. De ce fait, le candidat Hamon n’a pas obtenu mieux que la 5ème place avec 6, 36 %, c’est-à-dire le plus bas pourcentage historique pour la Gauche.
En définitive, les primaires, qui, en réalité sont les symboles d’un véritable encrage démocratique au sein des partis politiques, ont été vidées de leur contenu en France comme au Mali. Elles donnent aujourd’hui lieu à un chamboulement de l’ordre politique en France. Au regard de ce qui précède, la question que l’on se pose est de savoir si la primaire, coquetterie politique s’il en fut, a encore de beaux jours devant elle ?
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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