Depuis bientôt deux semaines, le centre du Mali est en proie à des violences intercommunautaires. Des violences qui, depuis le début de l’année, ont fait, selon Tiébilé Dramé, 49 morts sur les 14 incidents qui se sont déroulés dans cette partie du pays.
La situation au centre du Mali, dans la Région de Mopti, nous fait aujourd’hui oublier celle du Nord. Il s’agit d’un conflit interethnique entre communautés Bambaras et Peulhs. Compte tenu de l’importance de ces deux ethnies au Mali, qui vivent pratiquement dans chaque Région, l’on est en droit de craindre une guerre civile qui est, de loin, plus dangereuse que la rébellion et toute autre forme de guerre civile. Le génocide rwandais, en 1994, qui a conduit à l’extermination des Tutsis (ethnie de l’actuel Président Paul Kagamé) par les Hutus, est un exemple sur le continent. Certes, le Rwanda, avec seulement ces deux ethnies, n’est pas le Mali. Mais la nature du Mali et des Maliens étant que chacun est indissociable à l’autre par un lien de parenté, même ceux qui se croient aujourd’hui éloigner peuvent se retrouver pris dans l’engrenage si rien n’est fait pour parer à cette éventualité dramatique. C’est pourquoi il urge que les autorités prennent rapidement leurs responsabilités pour mettre un terme à ce qui est en train de couver au centre du pays. Comme à son habitude, le parti du bélier blanc de Tiébilé Dramé, très attentif à tout ce qui se passe dans le pays, joue sa partition.
Le dimanche dernier, le parti a organisé une rencontre d’échanges sur la situation. L’objectif du parti était de s’informer au près des premiers acteurs sur les causes de la tragédie nationale qui a eu lieu dans un endroit jadis paisible ? Et savoir comment nous- en sommes arrivés là ? Et, enfin, tous, ensemble, trouver des solutions pour «éteindre le feu». Mais, avant d’entrer dans le vif des débats, le Président du parti, Tiébilé Dramé, a tenu à faire l’état des lieux suite à la crise qui frappe le pays. Selon lui, en 2015, sur 538 personnes tuées au Mali, 115 sont mortes au centre.
En 2016, sur 396 morts, 71 sont tombés au centre, a-t-il affirmé. « Les six premières semaines de 2017 ont enregistré 24 incidents armés et 154 morts sur tout le territoire. Quatorze des 24 incidents sont survenus au centre. Le nombre de personnes assassinées dans la zone est d’au moins 49. En six semaine». Les dernières violences survenues à Ké-Macina ont eu comme conséquences « des femmes et des enfants devenus des réfugiés chez eux et des dizaines d’arrestations ».
Selon Tiébilé Dramé, ce sont 171 écoles qui sont aujourd’hui fermées dans les Académies de Mopti et de Douentza qui couvrent huit cercles de la Région et près de 18500 enfants pénalisés.
Au moment où l’on peine, depuis la signature de l’accord d’Alger, à juguler la crise au Nord du pays, cette nouvelle crise qui met en danger les 2,9 millions de personnes vivant au centre et, par extension, dans tout le Mali, méritent qu’on s’y attarde pour trouver les vraies solutions.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT