La publication des noms des cinq premiers responsables des autorités intérimaires des régions du Nord du Mali a été saluée avec satisfaction par toutes les personnes éprises du retour de la paix au Mali à travers la mise en œuvre de l’accord de la paix issu du processus d’Alger. Mais la joie fut de courte durée au regard des contestations et suspicions soulevées. Du coup, la mise en place de ces autorités intérimaires prévues pour ce weekend, fut renvoyée sine die. Au Mali, la colombe de la paix a du plomb dans l’aile.
La CMA a encore mis du sable dans le rouage du CSA (Comité de Suivi de l’Accord d’Alger). L’expression n’est pas exagérée, si l’on sait que ce groupe armé, pour une énième fois, a trouvé les moyens de freiner la bonne marche du processus de paix au Nord, notamment dans la ville Kidal où elle a refusé la tenue de la cérémonie de mise en place des autorités intérimaires, le samedi 18 février dernier.
Pourquoi ?
Cette volte face du groupe armé CMA, selon l’Agence Française de Presse (AFP) trouve son fondement dans « la nomination, vendredi soir par décret gouvernemental, d’un nouveau gouverneur pour Kidal, Sidi Mohamed Ag Ichrach », un natif de la ville, qu’on estime proche de la Plateforme. « Une nomination qui a déplu à la CMA, qui a donc décidé de boycotter l’investiture » poursuit la même source. Partant, le voyage sur Kidal de la forte délégation officielle conduite par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat et composée des représentants de la MINUSMA, des ambassadeurs et de la médiation internationale n’est pas allée plus loin que l’aéroport international président Modibo Kéita-Senou.
Pour rappel, c’est à l’issue de la 2è rencontre ministérielle, tenue le vendredi 10 février dernier, que le Comité de Suivi de l’Accord, par la voix de son président Ahmed Boutach, a révélé que les parties signataires sont convenues de la mise en place des autorités intérimaires du 12 au 20 février. Ainsi, cette annonce a sonné comme une véritable relance du processus de paix. Ce faisant, conformément à la conclusion de cette réunion, le Gouvernement et les groupes armés ont procédé à la nomination des autorités intérimaires dès le mercredi 15 février, les investitures étant programmées pour le week-end.
Ainsi, sur proposition du gouvernement malien, Hassan Ag Fagaga de la CMA a été désigné président des autorités intérimaires dans la région de Kidal, Djibrilla Maiga de la Plateforme dans la région de Gao. Pour la sixième région, Tombouctou, l’assemblée régionale a été confiée au jeune Boubacar Ould Hamadi de la CMA. Un autre jeune, Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed du MSA a obtenu la présidence de l’Assemblée régionale de Ménaka. En ce qui concerne Taoudenit, le choix s’est porté sur Hamoudi Sidi Ahmed Aggada de la partie gouvernementale.
Pour couronner ces nominations, l’installation des nouvelles autorités a été programmée par le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, Mohamed Ag Erlarf selon le programme suivant : Kidal (samedi), Ménaka (dimanche), Tombouctou (mardi) et Taoudenit (mercredi). La région de Gao était la seule localité absente de cette programmation, au regard peut être de la levée de bouclier que la décision de la mise en place des autorités intérimaires avait suscité chez la jeunesse de cette cité. Cependant à la surprise générale la volteface est venue de Kidal, une ville sous la coupe de la CMA depuis 2013.
Le moins que l’on puisse dire est que, si le refus de la CMA se justifie par la nomination de l’Inspecteur des douanes Sidi Mohamed Ag Ichrach comme Gouverneur de Kidal, il est fort à parier que cette coordination est de mauvaise foi dans l’aboutissement des dispositions de l’accord de paix.
Car, quoi qu’on puisse dire, Sidi Mohamed Ag Ichrach, est un natif de Kidal, qui durant toute sa carrière dans l’administration malienne (douanes et ministère du Commerce) n’a pas démérité. Ancien rebelle, il n’ a cessé, depuis les Accords de Tamanrasset de manifester son dévouement à la République, son attachement à ses concitoyens et au développement socio-économique de sa Kidal. C’est pourquoi sa nomination devrait être saluée par tous comme le retour d’un homme de Kidal parmi les siens pour les servir au mieux de leurs intérêts.
Moustapha Diawara LE SURSAUT
Voir aussi
Diplomatie : les États-Unis sur le fil du rasoir au Mali
L’activisme diplomatique des États-Unis au Mali soulève des questions fondamentales sur la souveraineté nationale et …