Entre le Président de la République et son ancien Premier Ministre, Moussa Mara, ce n’est pas le parfait amour. Cette situation de «guerre froide» que se mènent à distance les deux Hommes d’Eta est née de la visite du second à Kidal, en 2014, qui s’est soldée par la perte de cette Région par nos forces armées et la morts de plusieurs Administrateurs et Soldats.
Le 17 mai 2014, Moussa Mara s’est rendu à Kidal. Cette visite restera longtemps gravée dans les annales de l’Histoire du Mali. Car, c’est suite à cette visite que le Mali perdra la ville de Kidal qui avait commencé à recevoir les forces de l’ordre après l’occupation du Nord en 2012 par les terroristes. C’est en catimini et sous le sifflement des balles que Moussa Mara et sa délégation ont quitté la ville. Une dizaine de morts étaient à déplorer. Pire, l’offensive lancée par les forces armées pour reprendre la ville s’est soldée par une débâcle. La suite est connue, Moussa Mara, en janvier 2015, a été demis de ses fonctions. Sa visite et l’offensive qui avaient, au début, été saluées, ont vite été désavouées. Moussa Mara prenait dès lors toute l’ampleur de la maxime qui dit que «la victoire a mille pères, la défaite est orpheline». Il devenait ainsi le seul Responsable à la base de la perte de la ville de Kidal. L’estocade sera donnée 19 mois plus tard par le Président de la République. Lors de la clôture de sa tournée dans la Région de Ségou, IBK dira, au Pied à terre, à la Résidence du Gouverneur, devant un parterre de journalistes : «Moi, j’aime mon pays, je souhaite que mon pays soit dans une situation de paix durable, réelle, l’accord a prévu des étapes. Ses étapes seront rigoureusement respectées et aucune fanfaronnade politicienne ne me fera prendre mon avion pour débarquer à Kidal et créer un incident. Et c’est tellement facile que toute l’armée va me protéger. Quelle gloire ? Quelle gloire ? Et amener ainsi éventuellement des tueries entre Maliens. Alors que je peux attendre tranquillement les effets de l‘Accord qu’on a signé nous même et qu’on attend et qui va se déployer… ». L’on a eu besoin de cogiter longtemps pour savoir qui était dans la ligne de mire du Chef de l’Etat. Depuis, Moussa Mara n’a pas réagit face à l’attaque. Récemment, l’Assemblée Nationale, en blanchissant ATT, demandait d’instruire les évènements de Kidal ; donc, d’entendre Moussa Mara.
La 3e conférence nationale de son parti qui a eu lieu le dimanche dernier, au Centre International de Conférences de Bamako, était l’occasion pour lui d’apporter la réplique. S’il n’a pas été direct, il n’a pas été moins cinglant. Usant de la métaphore, il dira : «Il n’y a pas de vent favorable pour un avion dont le pilote ignore la destination de son vol. Il faut plaindre ce pilote, il faut prier pour cet avion et ses passagers ». Pour lui, le premier Responsable du pays, du fait de ses choix, ne sait plus où conduire le pays.
Donc, la seule solution est de prier pour ce dernier et pour l’ensemble du Peuple malien. En parlant de prières, il sait de quoi il parle, lui qui a pris l’habitude de faire des conférences dans les mosquées.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT