En marge du Sommet Afrique-France de Bamako, les Premières Dames d’Afrique ont tenu leur traditionnelle session, le samedi 14 janvier, sur la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes. Le thème central était : «Les pratiques traditionnelles et culturelles positives au service de la promotion de la Santé de la Reproduction».
L’occasion était bien choisie, ce samedi, à l’hôtel Salam de Bamako, pour les Premières Dames d’Afrique autour de leur sœur du Mali, Mme Kéïta Aminata Maïga, de partager les expériences spécifiques de leurs pays en matière de la santé de la reproduction et de prendre l’engagement de promouvoir les pratiques traditionnelles positives pour la promotion de la santé de la reproduction. C’est aussi une manière pour elles de contribuer à l’amélioration de la santé de reproduction des populations en général et des jeunes femmes en particulier.
En effet, dans les pays en développement et, principalement, en Afrique Subsaharienne, où les taux de mortalité restent encore élevés, l’amélioration de la santé passe par la prise en compte des déterminants socioculturels et traditionnels.
Valoriser et de mettre en exergue les pratiques traditionnelles
En Afrique, chaque communauté (ethnies, Régions et villages) possède un corpus de connaissances sur la santé sexuelle et de reproduction qui est constamment enrichi et remis en question par l’expérience ou les Religions en pleine expansion, entrainant ainsi des comportements cherchant à optimiser la survie et le bien-être de toutes et de tous.
Il s’agit, donc, de valoriser et de mettre en exergue les pratiques traditionnelles éprouvées depuis des générations et intériorisées par les communautés sur la santé sexuelle et de reproduction pour le changement de comportements positifs. Ainsi, les attitudes et comportements à risque vis-à-vis du SIDA, l’acceptation de la planification familiale, le traitement de l’infertilité, les soins obstétricaux essentiels, etc., sont fortement tributaires des pratiques traditionnelles et culturelles qui structurent chaque Peuple, chaque groupe. Ces pratiques traditionnelles existent et sont appréciées par les populations. Il reste parfois à les valoriser et mieux les diffuser.
Dans sa communication sur l’éducation sexuelle et la planification familiale traditionnelles dans certaines sociétés au Mali, la Première Dame du Mali, Kéïta Aminata Maïga, a mis l’accent sur trois pratiques traditionnelles et culturelles positives. Il s’agit du contrôle social par les pairs «confiage»; de l’instruction sexuelle et sociale par l’initiatrice nuptiale « Manyamabaga » et de l’espacement des naissances par le séjour à la famille d’origine de la jeune épouse «Denafin».
Selon elle, ces trois pratiques sont assez rependues partout au Mali et elles contribuent de façon harmonieuse à l’équilibre de la santé de reproduction dans beaucoup de nos sociétés traditionnelles.
Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030
A l’issue des travaux de cette session, les Premières Dames d’Afrique ont invité les Gouvernements, les organisations internationales et les sociétés civiles à inscrire dans leurs agendas leur engagement qui s’inscrit dans la Stratégie Mondiale sur la Santé des Femmes, des Enfants et des Adolescents (2016-2030) de 2015, relatif à l’élimination des décès évitables, la création d’un environnement favorable et l’assurance de la prospérité pour la santé et le bien-être des populations et plaçant les adolescents comme Génération des Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030.
Elles s’engagent à poursuivre le plaidoyer pour des mesures urgentes de la part des décideurs afin de permettre un accès plus facile aux services conviviaux de la Santé de la Reproduction de qualité y compris la planification familiale pour les adolescents et les jeunes. Elles plaident également pour la prise en compte des cultures et des pratiques traditionnelles positives dans les programmes de santé de la reproduction des adolescents et des jeunes couples afin de les rendre conviviaux, accessibles et efficients.
En outre, elles plaident pour un partenariat consolidé entre les Gouvernements, les sociétés civiles, les organisations internationales, les réseaux de jeunesse afin de saisir l’opportunité que constitue le dividende démographique pour la croissance économique accélérée à travers, entre autres, le soutien aux programmes d’autonomisation des femmes ; l’amélioration de la demande sociale en matière de planification familiale et des services de santé maternelle et infantile ; la mise en place de capacités nationales pour la sécurisation des produits contraceptifs ; le soutien de l’engagement politique et le renforcement des capacités à élaborer, mettre en œuvre et assurer le suivi et l’évaluation des politiques.
Les Premières Dames s’engagent aussi à soutenir toutes les initiatives devant aider à la transformation des normes sociales et culturelles négatives et à la promotion des celles positives ou censées contribuer au bien-être des adolescents et des jeunes.
Elles plaident pour la diffusion des éléments culturels et traditionnels positifs identifiés dans chaque pays pour permettre de lever les obstacles à la santé de la reproduction pour un épanouissement harmonieux de la jeunesse africaine.
Les épouses des Chefs d’Etat africains entendent soutenir le leadership des adolescents et des jeunes en s’assurant que les Gouvernements, les Parlements et les Institutions nationales appliqueront les lois de la santé de la reproduction existantes, les amélioreront ou les modifieront au besoin en conformité avec les instruments sous-régionaux, régionaux et internationaux.
Conscientes des défis majeurs que la jeunesse africaine est confrontée dans un contexte mondial par rapport, par exemple, à la rareté des ressources financières, les Premières Dames ont lancé un appel pressant à l’endroit des Gouvernements, des Partenaires au développement, au Secteur privé, aux leaders communautaires, traditionnels et religieux et aux organisations des jeunes et des femmes, aux médias, à toute la Société civile afin de mettre la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes au plus haut de leurs agendas. Selon elles, le défi que cette santé de la reproduction pose à l’Afrique est d’ordre existentiel et ne devrait plus souffrir davantage d’attente ; car, d’elle dépendra l’émergence et la sécurité du continent africain tout entier.
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