Cette année 2017 qui débute sera celle des grandes manœuvres politiques en prélude à la présidentielle de 2018. Dans les états-majors des partis politiques qui comptent, on affûte les armes. Le régime ne pouvant compter que sur le RPM se voit dans l’obligation de transformer 2017 en année de précampagnes électorales.
2018 se prépare dès cette année. Et ce ne sont pas nombreux de nos Hommes politiques qui ont fini par faire de la politique leur métier qui l’ignorent. Les grandes manœuvres ont donc cours cette année pour un meilleur positionnement en attendant la présidentielle. La volonté du régime d’organiser les communales le 20 novembre dernier rentre dans ce cadre. Sinon comment expliquer que des élections reportées plus de trois fois pour des raisons sécuritaires se soient tenues dans ces mêmes conditions d’insécurité grandissantes ? Il s’agissait pour le régime de s’assurer de sa forte implantation sur le terrain avant d’engager la bataille pour la reconquête de Koulouba. Avec la forte avance qu’il détient sur les autres, il peut désormais mettre en place sa stratégie. Mais, cette avance qui est le fruit de nombreuses alliances souvent « contre nature » ne permet pas une bonne lisibilité de la performance du parti présidentielle. D’où le recours, cette année, à la consolidation des alliances au sein de la majorité présidentielle. Un combat loin d’être gagné. Car, l’un d’un poids lourds de cette alliance est sans doute l’ADEMA-PASJ. Or, on le sait, les cadres de ce parti ne sont pas sur la même longueur d’onde s’agissant du soutien à la candidature d’IBK en 2018. Des cadres et non des moindres, dont l’Honorable Yaya Sangaré et l’Honorable Issa Togo sont sans concessions : l’ADEMA doit avoir son candidat à la présidentielle. Pas sûr que ce soit la position du Président du parti, Tiémoko Sangaré, et son Vice-président, Abdel Karim Konaté « Empé », tous deux membres du gouvernement actuel. Si un partit comme ADEMA désuni, ne lui garantira pas la reconquête du pouvoir perdu en 2002, il ne pèsera pas non plus lourd pour la réélection d’IBK. Le challenge dès lors pour le parti présidentiel s’avère de conserver à à tous prix à ses côtés et en un morceau l’ADEMA. Ce parti qui est aujourd’hui à la tête de l’un des viviers électoraux le plus important du pays qu’est Sikasso. Le RPM n’est pas sans savoir que le contexte de l’élection d’IBK en 2013 n’est plus le même. Les nombreux scandales sont passés par là. Le challenge s’annonce d’autant plus difficile pour le RPM que des cadres de l’ADEMA soupçonnent des militants et cadres du RPM de vouloir les pousser à la sortie. L’Honorable Issa Togo, lors de la motion de censure à l’Assemblée Nationale, l’a dit haut et fort. Des partis comme le CODEM de Poulo, sont dans l’expectative. Ce parti suit de près la direction du vent, pour qu’au moment venu qu’il puisse se déplacer du bon côté. Son ancrage dans la majorité présidentielle dépend, donc, plus de la capacité fédératrice du RPM. Donc, pas un allié fiable ou acquis à vie.
Avec ses prises de positions tranchées contre le régime et la récente demande d’ouverture d’une enquête sur les évènements de Kidal, formulée par l’Assemblée Nationale, Moussa Mara et son parti Yelema se verraient mal soutenir la candidature de celui à la base de tous leurs malheurs d’aujourd’hui. Ils vont certainement suivre la voie tracée par l’ADP-Maliba et déjà empruntée par quatre Députés du RPM même.
Le parti SADI, en se joignant à l’ADP-Maliba pour créer un troisième groupe parlementaire, a déjà affiché clairement sa position.
Face à la consolidation des alliances qui s’annonce incertaine, le RPM et le régime pour la réélection d’IBK pourront transformer 2017 en année de véritables campagnes électorales avant le jour J.
La campagne avant l’heure prévue légalement
Les trois années passées à la tête du pays n’ont pas été fameuses pour le régime. Le capital sympathie des Maliens placé en lui a fondu comme du beurre au soleil. La faute liée aux nombreux scandales et à la montée vertigineuse de l’insécurité sur toute l’étendue du territoire national avec son lot funèbre. Constat de ce désamour, de nombreux mouvements sur le terrain et sur les réseaux sociaux ont vu le jour pour décrier « la famille d’abord » qui s’est substitué au « Mali d’abord ». Le régime prend des coups de partout. La majorité présidentielle, censée jouer le rôle de bouclier, se complait dans un mutisme impuissant. Le RPM est aux aboies. Et, il tente tant bien que mal avec des propos déplacés de diaboliser l’opposition. Une opposition qui rend coup pour coup. Plongeant le débat politique au fond du caniveau et faisant perdre de vue l’essentiel. Le RPM étant incapable de défendre le régime de son président-fondateur (IBK), il reviendra, donc, à ce dernier pour assurer sa réélection d’user des moyens de l’Etat. Ainsi, il ne faut pas s’étonner de voir cette année plus de pauses de premières pierres, et d’organisations d’opérations de charmes et des tournées que les trois années passées. L’objectif étant de regagner la sympathie des Maliens. L’achat d’une sympathie avec les moyens de l’Etat semble donc l’unique option salutaire qui se présente au régime d’IBK pour se maintenir en place.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT