Comme il fallait s’y attendre à la suite de la lecture du rapport de la commission parlementaire, le cas ATT est tranché. Il ne sera plus poursuivi par contre, l’ancien premier ministre Moussa Mara lui, fera l’objet de poursuites judiciaires en vue de déterminer les responsabilités dans les évènements survenus à Kidal entre le 17 et le 21 Mai 2014.
Comme on pouvait s’y attendre, à la suite des débats à l’Assemblée Nationale, le vendredi dernier, les Députés ont rejeté la demande de mise en accusation de l’ancien Président de la République Amadou Toumani Touré. La Résolution a été adoptée à 104 voix pour ; 5 contre ; 6 abstentions et 2 bulletins nuls. En un mot comme en mille, cela veut dire qu’ATT ne sera plus inquiété par la justice malienne et qu’il peut, s’il veut, dès demain, mettre fin à son exil forcé au pays de la Teranga. Nous l’avions écrit dans notre parution du jeudi 15 décembre, que suite à la conclusion de la commission ad hoc qui «blanchissait» ATT, il n’y avait pas de raisons pour que les Honorables Députés ne suivent pas. D’abord, parce que l’abandon des charges contre ATT était une demande politique forte et, ensuite, les Députés n’ayant pas eu accès au procès verbal de la commission et à la copie de la Résolution en question (une première) ne pouvaient que se fier aux dires de la commission. Et, il en fut ainsi. Au moment où ATT était déchargé, Moussa Mara, l’ancien Premier Ministre était chargé.
En effet, les Députés ont adopté une Résolution sur les évènements tragiques de Kidal. Cette Résolution a été adoptée à 90 Députés pour ; 3 contre et 9 abstentions. Les parlementaires, par cette Résolution, demandent au gouvernement d’ouvrir une enquête judiciaire pour «déterminer les responsabilités dans les évènements de Kidal » survenus entre les 17 et 21 mai 2014.
La perche tendue ?
Au delà de l’analyse qui pourrait faire voir cette Résolution de l’Assemblée Nationale contre Moussa Mara comme une simple cabale, elle s’avère aussi comme une perche tendue. Une perche qu’il doit se saisir pour se tirer de cette affaire aux contours ténébreux. Il n’est jamais bon en politique de trainer une « sale » affaire non tranchée. Si le gouvernement suit le parlement dans sa logique en ouvrant une procédure judiciaire, cela conduirait à un procès où ce dernier pourra dire sa « part de vérité ». Lui qui aspire à présider un jour à les destinées de la ville de Bamako voire du Mali tout entier, devra, s’il veut y arriver tôt ou tard, se défaire de ce boulet qui constitue et constituera une entrave à son ascension politique. Moussa Mara le sait. C’est pourquoi il se dit prêt à se mettre à la disposition de la justice. Il ne faut, cependant, jurer de rien. Autant ce procès, s’il y en aura, peut lui servir de tremplin autant il peut s’avérer être un véritable piège contre ou pour lui. Connaissant son langage cru (ses longs écrits faits de récriminations à l’endroit du régime sont là pour en témoigner), Moussa Joseph Mara ne se laissera pas amener à l’ « abattoir » politique. Il se battra. Sauf qu’il aura en face de lui la « machine », le tout puissant appareil d’Etat. Les personnes qu’il voudra convoquer sont actuellement au cœur du pouvoir. Le récent procès de Haya Sanogo avec des témoins à décharges qui n’ont effectué, pour aucun, le déplacement doit lui servir de repère pour saisir les enjeux d’une telle poursuite politico-judiciaire. Dès lors son avenir politique dépendra plus de la finalité de ce procès (s’il y en aura bien sûr) que de ses nombreuses relations religieuses.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT