«La loi électorale ratifiée le 17 octobre viole la loi de la CEDEAO en la matière. Malgré tout, l’opposition ira aux communales, quoiqu’il advienne », dixit Tiebilé Dramé, le jeudi 3 novembre 2016, à la Maison de la presse. Les leaders de l’opposition républicaine ont rencontré la presse au sujet de l’insécurité grandissante partout dans le pays, d’une part, mais, surtout, de la tenue des élections communales le 20 novembre courant. C’était sous la présidence de Tiébilé Dramé, en présence du Dr Salikou Sanogo, d’Oumar Hamadoun Dicko du PSP, de Solomane Koné des FARE et de Mody Coulibaly.
Cette rencontre de l’opposition avec les hommes de médias s’articulait sur deux points essentiels, à savoir : « l’insécurité récurrente et la violation des dispositions de CEDEAO par rapport aux communales à venir ».
Avant d’aborder ces questions, le conférencier, Tiébilé Dramé, a déploré la présence de Sidiki Konaté, Directeur Général de l’ORTM, au congrès du RPM, tout en inféodant l’ORTM «la passion du service public » à ce parti au pouvoir. Il dit que l’ORTM n’est plus «impartiale dans le traitement de l’information ». Ensuite, le conférencier a rendu hommage à Claude Vermont et Gislaine Dupond, nos confrères français assassinés il y a trois ans à Kidal. La mauvaise gouvernance se traduit par la « misère des populations à tous les niveaux », dira Tiébilé Dramé parlant du calvaire et de la précarité des conditions de vie des Maliens de nos jours.
L’insécurité se traduit par des attaques permanentes au Nord comme au Sud (Poste de péage de Sanankoroba, l’attaque d’Ecobank, celle de Kalfabougou et ailleurs partout au Mali). L’Etat est incapable d’assurer « la sécurité des Maliens », fustige Dramé en ajoutant que les dirigeants ont montré déjà leurs limites.
La partition « rampante du pays » est visible à travers les élections dans les cinq Régions du Sud et la ville de Bamako, le 20 novembre prochain, et la mise en place des autorités intérimaires et des collèges dans les cinq autres Régions du Nord. Ainsi, selon le conférencier, on est loin de la « réconciliation nationale et de la réunification du pays ». Sans doute, la loi électorale votée par l’Assemblée Nationale et ratifiée par le Président de la République est foulée à terre par « la signature entre les groupes armés et le même gouvernement malien ». Cela, pour justifier «la mise en place des autorités intérimaires dans les cinq Régions du nord».
Selon le conférencier, le manque de réponse politique à l’insécurité permanente et récurrente dans la Région de Mopti, au centre du pays, prouve toute l’incapacité notoire des autorités du jour. Il est évident que, dans cette partie du delta intérieur du Niger, les enseignants, les agents de santé, les agents des eaux et forêts et autres administrateurs n’y sont pas depuis plus de 18 mois, à cause de l’insécurité galopante. C’est du moins aux dires de Tiébilé Dramé. Dans ce contexte, d’insécurité généralisée, le pouvoir veut tenir les communales avec le risque de consacrer la partition du pays.
Les textes de la CEDEAO disent qu’aucune réforme d’institution électorale ne doit être opérée six mois avant une élection. Cette loi de la CEDEAO est violée par la ratification le 17 octobre dernier de la nouvelle loi électorale par le Président de la République. «Nous allons saisir cette fois-ci la Cour de la CEDEAO pour faire valoir nos droits », précise le conférencier principal. Selon les différents intervenants, qu’il vente ou qu’il neige, l’opposition ira aux communales dès qu’elles auront lieu .
Abdoulaye Faman Coulibaly : LE COMBAT