La 6e session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement sur la situation politique au Burkina Faso, en Guinée et au Mali s’est achevée samedi 4 juin à Accra sans aucune décision contre les juntes qui dirigent ces pays après des coups d’Etat. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’a pas émis de communiqué à l’issue des travaux. Cependant, des médias locaux ont fait savoir que les décisions des chefs d’État ne seront connues sur les trois pays en transition que le 3 juillet prochain lors du sommet ordinaire de l’institution dans la capitale ghanéenne, Accra. La question qui est sur toutes les lèvres au Mali est celle de savoir est-ce que ce sommet mettra-t-il fin à la souffrance du peuple malien ?
Il faut rappeler que la Cédéao avait exigé le retour rapide des civils au pouvoir au Mali, un pays dirigé par la junte militaire. C’est la condition fixée par l’organisation sous-régionale avant toute levée des sanctions imposées. Les autorités maliennes ont annoncé une prorogation de la transition de 24 mois à compter du 26 mars 2022. Cette décision n’a pas reçu l’assentiment de la CEDEAO qui dit néanmoins en avoir pris acte. On peut déjà deviner le principal sujet qui sera à l’ordre du jour du prochain sommet de la CEDEAO prévu le 3 Juillet prochain.
Lors du prochain Sommet de la CEDEAO prévu le 3 juillet, nombreux sont les observateurs qui attendent de voir laquelle de ces positions, à savoir la position de la transition de 24 mois ou la decision de 16 à 18 mois de la CEDEAO prédominera. Ce n’est un secret pour personne que les sanctions des organisations régionales frappent l’économie malienne de plein fouet. À part les salaires des fonctionnaires et quelques dépenses indispensables, la régie du trésor public ne répond plus. Les opérateurs économiques créanciers de l’État quant eux, peinent à se faire payer et n’ont que leurs yeux pour pleurer. Les conséquences liées à la fermeture des frontières rendent le quotidien du malien intenable avec à la clé, l’augmentation des prix des denrées de première nécessité.
Selon toute vraisemblance, ce sommet est celui qui permettra au Mali et à la CEDEAO d’arrondir les angles afin de sortir d’un bras de fer qui n’a que trop duré. En effet, après le report par la CEDEAO de la levée des sanctions économiques et financières qui frappent le Mali, au 3 juillet prochain, le Président de la Transition a pris un décret fixant la durée de la transition à 24 mois.
A la suite de cette décision, le président colonel Assimi Goïta a pris un autre décret, le 10 juin dernier, portant création de la commission de rédaction de la nouvelle constitution, tout en fixant les missions et déterminant l’organisation et le fonctionnement. L’autre argument qui pourrait faire pencher la balance en faveur du Mali est l’adoption de la nouvelle Loi électorale par le CNT, le vendredi 17 juin 2022, par 115 voix pour, 3 contre et zéro abstention. Cette loi dite consensuelle, qui a été promulguée par le Président Assimi, est un produit de la consultation de toutes les forces vives de la Nation, notamment toute la classe politique, la société civile, les experts en questions électorales et autres.
En somme, ces actions témoignent de lassitude de Bamako qui n’a plus le choix que de faire bouger les lignes. Et les quelques avancées entreprises devront rassurer l’organisation sous-régionale qui attend des autorités de la Transition du concret.
Assitan DIAKITE L’ALTERNANCE