Après avoir marchandé pendant quatre longs mois le délai de la transition, après avoir fait croire au peuple malien que les sanctions pèsent beaucoup plus sur les pays voisins que sur le Mali, et après toutes les tentatives infructueuses d’explorer d’autres corridors pour le transit des marchandises maliennes, les autorités de la transition ont finalement compris qu’une partie de la solution de la crise passe par la levée des sanctions imposées par la CEDEAO. Elles se sont non seulement ramollies, mais aussi et surtout se sont rendues à l’évidence qu’il n y a pas d’autres alternatives en dehors de la négociation avec l’organisation sous-régionale, qu’est la CEDEAO afin d’avoir un compromis autour d’une date pour que les lourdes sanctions puissent être levées au grand bonheur du résilient peuple malien. Face à la crise sociale de plus en plus intenable, voire gravissime et mesurant les conséquences d’une grogne sociale imminente, les autorités maliennes ont mis un peu d’eau dans leur « Gnamakou Dji » en allant solliciter le Président togolais afin que ce dernier vole au secours du Mali. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir comment un pays qui n’a pas de littoral et dont le commerce, voir l’économie dépend à plus de 70 % des produits d’exportation peut-il s’isoler et vivre décemment ? Boulimie du pouvoir quand tu nous tiens. Le gouvernement a fini par se convaincre que la seule voie pour la levée des sanctions demeure la négociation, les concessions et enfin le compromis. Sauf que la posture qui est celle des autorités maliennes ne facilitera pas les négociations. Le Gouvernement malien fixe comme d’ailleurs toujours une ligne rouge, 24 mois, une date incompressible selon le PM Maïga. Une mauvaise lecture de la part du PM et qui risque de compromettre les chances d’un déblocage de la situation.
Il est évident aujourd’hui que face à un risque de soulèvement populaire que les autorités maliennes soient prêtes à accepter la proposition de date de la CEDEAO, pourvu que les sanctions soient levées. Les autorités n’en peuvent plus surtout après avoir entretenu cette situation pour le moins burlesque, elles semblent maintenant s’essouffler, raison pour laquelle elle a entamé un véritable plaidoyer auprès de la CEDEAO. Tard vaut mieux que jamais, car cette dernière, droite dans ses bottes, n’est pas prête à bouger d’un IOTA. L’organisation sous régionale est aujourd’hui en situation de force, donc sa ^proposition a toutes les chances d’être acceptée par le Mali dont le pays est sur le point de s’effondrer. « Tout ça pour ça seulement » Nous voici en face d’une CEDEAO requinquée qui imposera sa volonté aux autorités maliennes en leur proposant une date, à prendre ou à laisser. Vraiment que du gâchis et pourtant au tout début de la crise, le Mali était en situation de force devant une organisation taxée par les peuples de la CEDEAO de syndicat des chefs d’Etat. Le pays de Soundiata avait beaucoup soutien des pays de la sous-région à travers leurs peuples, mais à force de trop tirer sur la corde et face à des autorités sans vision réelle et sans perspectives, les soutiens dans leur grande majorité se sont non seulement effrités et ont déduit que les gouvernants de la transition sont beaucoup plus préoccupés par les avantages et autres privilèges liés à leurs postes que pour le bienêtre de la population malienne, qui broie aujourd’hui du noir.
En somme, le Mali n’a d’autre choix que d’accepter la proposition de la CEDEAO, donc une date, A PRENDRE OU A LAISSER.
Youssouf Sissoko