L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), après une trêve constatée pour soutenir les efforts du gouvernement face à l’insécurité et les sanctions imposées contre le Mali par la CEDEAO et l’UEMOA, vient de lancer les hostilités. La plus grande Centrale syndicale vient de déterrer la hache de guerre. Dans une sortie récente de son secrétaire général, Yacouba Katilé, le ton a changé envers le gouvernement. La Centrale syndicale fustige “le non-respect par le gouvernement de Choguel Kokalla Maiga des promesses tenues aux travailleurs’’.
Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga avait défendu son Programme d’action gouvernementale en s’appuyant sur le fait d’avoir réussi à désamorcer la bombe du front social sur laquelle s’étaient appuyés les militaires pour décharger le gouvernement de Moctar Ouane et le premier président de la transition, Bah N’Daw incapables de gérer la situation, le 24 mai 2021.
Devant les membres du CNT, le locataire de la Primature a beaucoup loué ses propres efforts pour l’apaisement du climat social, qui reconnaissons-le, était en ébullition dès sa nomination.
Dès sa prise de fonction, Choguel s’est même rendu à l’UNTM pour rencontrer les travailleurs afin de solliciter leur concours dans la réussite de cette transition. Le problème de la grille salariale et d’autres exigences étaient au centre des tractations entre le gouvernement et les travailleurs. Les efforts du dialogue ont été entrepris par le gouvernement actuel, mais avouons-le, l’apaisement du climat n’est pas synonyme de résolution des exigences des travailleurs.
Mais plutôt, il était question de respect de la trêve sollicitée par le Premier ministre lors de sa visite à l’UNTM. C’est justement au nom de cette trêve que les travailleurs ont dû surseoir à leurs revendications en cette période cruciale pour permettre au gouvernement de faire face à l’insécurité et aux situations difficiles induites par les sanctions de la CEDEAO et l’UEMOA.
Malheureusement, en manque d’arguments pour convaincre de la mise en œuvre du Plan d’action gouvernementale (PAG) devant les membres du CNT le 21 avril dernier, le Premier ministre a fait de cette accalmie observée par les travailleurs comme un acquis réalisé durant son règne.
Ne pouvant pas accepter une telle posture voyant la trêve respectée par les travailleurs, mal interprétée, l’UNTM, la plus grande Centrale au Mali a réagi par une correspondance pour rappeler au Premier ministre ces promesses jusque-là non respectées. Ces propos teintés d’une assurance sans mesure devant le CNT venaient de souffler sur des braises réveillant un vieux démon insomniaque et perturbateur ayant contribué à débarquer Bah N’daw et Moctar Ouane.
C’est ainsi qu’une correspondance a été adressée au gouvernement de transition le vendredi 6 mai 2022. Dans cette lettre, la Centrale syndicale regrette une non-priorisation du règlement des problèmes des compressés et des retraités par anticipation.
Le secrétaire général de l’UNTM déplore les propos du Premier ministre devant le CNT dans lesquels il dit que les problèmes des compressés et des retraités par anticipation ne sont pas prioritaires pour le gouvernement. Pour Yacouba Katilé, ces propos de Choguel Kokalla Maïga attristent le monde du travail parce que celui-ci avait ordonné le paiement des droits des compressés et retraités par anticipation juste après sa nomination.
En plus de ce dossier, l’UNTM accuse le chef du gouvernement d’avoir refusé entre autres la relecture du décret fixant les conditions d’emploi du personnel de l’administration relevant du Code du travail, le rétablissement dans leurs droits des responsables syndicaux.
Pour l’UNTM, le Premier ministre a manqué de “patriotisme’’. Les premiers responsables de l’UNTM regrettent que Choguel n’ait pas aidé les salariés maliens à faire face à la cherté de la vie.
C’est pourquoi la centrale syndicale met en garde le Premier ministre. “Le syndicalisme peut entrer dans le jeu politique national. Toutes les conventions et résolutions le consacrent. Donc faites attention’’, prévient l’UNTM.
Réaffirmant son soutien indéfectible au président de la Transition Assimi Goïta, cette correspondance adressée au chef du gouvernement est considérée comme une mise en garde, selon Dr Mamadou Guissé.
Si tel est que le front social a largement contribué à faire partir Bah N’Daw et Moctar Ouane, même si comparaison n’est pas raison, cette sortie de la Centrale est un mauvais signe pour Dr Choguel très critiqué ces derniers temps par la classe politique, les partenaires du Mali pour ses différents discours.
Bourama KEITA LE COMBAT