Le Premier ministre a annoncé la mise en place d’une émission spéciale baptisée » 60 minutes » sur l’ORTM chaque jour. Celle-ci consistera à donner un temps d’antenne aux membres du gouvernement pour faire le bilan de l’exercice des 11 mois à la tête de leur département respectif. Elle permettra aux membres du gouvernement d’expliquer l’état d’avancement dans leur département respectif, mais aussi permettre au peuple d’être au courant des activités du gouvernement.
Il avait promis de rendre compte de la gestion du pays périodiquement. Certainement, une promesse que le Premier ministre tente d’honorer après 11 mois passés à la Primature. Il a été évalué par le Conseil national de la Transition (CNT), le 21 avril dernier.
Pour Choguel, dès aujourd’hui, cet exercice rentre en vigueur et jusqu’au moment où le peuple sera largement informé sur l’évolution de la transition. Si des observateurs pensent que ce jeu démocratique auquel le Premier ministre veut soumettre les membres du gouvernement est un nouveau défi, celui-ci pourrait s’avérer intéressant dans la conquête de la confiance du peuple à leurs gouvernants. Mais, il pourrait être très périlleux pour certains membres du gouvernement. D’autant plus que, depuis la mise en place de ce gouvernement, la transition a été minée par des tensions entre les autorités et les partenaires sous régionaux et internationaux notamment la CEDEAO, la France et l’Union européenne.
Si l’exercice est nécessaire et démocratique, il convient également de faire le bilan de la gestion du pays par ce gouvernement de manière globale avant celui détaillé comme il tente de convaincre.
D’abord, il faut se convaincre d’une chose. Si Choguel s’est pompeusement auto félicité d’avoir réalisé à 80% son programme d’action gouvernementale, que pourront dire ses ministres que de détailler l’élément peu convaincant meublé devant le CNT ?
Sur un autre plan, beaucoup se demandent depuis cette annonce que face aux multiples critiques auxquelles Choguel fait face depuis un moment, cette annonce n’est-elle pas une stratégie pour se décharger vis-à-vis des médias ? Beaucoup de Maliens pensent que le Premier ministre est en train de, non seulement, punir en quelque sorte ses ministres, mais il veut trouver des boucs émissaires pour se détourner des critiques qui le criblent depuis une dizaine de mois.
Rappelons que le gouvernement n’a presque pas fonctionné pour des raisons qui n’ont pas besoin de détails, car il en est l’auteur de cette situation de tension entre le Mali et ses partenaires. En plus de cette situation, le Premier ministre Choguel a pris la place de tous les ministres en ce sens qu’il était presque dans toutes les cérémonies, plateaux télé pour expliquer la situation du pays au point qu’on lui confondait au porte-parole du gouvernement.
Pendant ce temps, ses ministres paraissaient silencieux et presque inexistants. Alors que le ministre de l’Administration territoriale, Colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, se contentait de lire les communiqués. Comment comprendre un Premier ministre ayant pris la place de tous ses ministres, leur demander en retour de dresser le bilan de la gestion du pays ?
Si la démocratique exige la gestion concertée, mais aussi les comptes rendus, il est important de souligner que Choguel a été un Premier ministre et les ministres à la fois durant cette transition. Il ne ratait aucune occasion de se faire entendre et voir contrairement à ses ministres relégués au second plan.
En tous cas, la finalité de cet exercice est bien plus que démocratique. Certains ministères ont brillé par leur absence et au point de s’interroger sur leur importance durant cette transition. Peut-être, c’est une manière pour lui de s’attirer une nouvelle fois non seulement la sympathie du peuple, mais aussi annoncer à ses ministres que certains seront laissés sur les carreaux bientôt pour insuffisance de résultats.
En attendant, la question qui se pose, c’est si lui-même sera reconduit si toutefois le gouvernent venait à être dissout.
Wait and see
Lansine COULIBALY LE COMBAT