La crise malienne a atteint un tel niveau de paroxysme que même les autorités commencent à s’inquiéter des possibles retombés négatives tant sur leur pouvoir que sur la paix sociale. C’est pourquoi elles multiplient des actions de séduction à l’endroit de certains chefs d’Etat de la CEDEAO afin que les sanctions puissent être allégées pour permettre aux maliens de sortir de cette léthargie. Le Président Togolais, Faure Eyadema semble faire partie de ces chefs d’Etat de la CEDEAO sur qui les autorités maliennes comptent pour plaider leur cause auprès de Nana Akufo-Addo, Alassane Ouattara, Macky Sall, les têtes de proue de l’organisation sous régionale qui ne veulent rien entendre si ce n’est le respect des injonctions de la CEDEAO. Le Président Togolais réussira-t-il à faire fléchir l’organisation sous régionale afin qu’elle accepte les 24 mois proposés par les autorités maliennes ? Pourquoi le Mali n’acceptera-t-il pas la proposition de 12 à 16 mois faite par la CEDEAO, surtout qu’il n’a pas d’autres alternatives pour atténuer les effets des sanctions qui pèsent lourdement sur les maliens ?
Officiellement c’est une visite de travail qu’une délégation malienne conduite par le Ministre des affaires étrangères et de la Coopération internationale a effectué au Togo. Officieusement et en analysant de façon approfondie l’on se rend compte que c’est une sollicitation du Président Togolais, afin qu’il prenne son bâton de pèlerin pour plaider la cause du Mali auprès des autres chefs d’Etat de la CEDEAO et cela afin d’alléger les sanctions qui pèsent lourdement contre le Mali. La délégation malienne ne semble pas venue la sacoche vide elle proposera un délai qu’elle trouve raisonnable, à savoir 24 mois de transition. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir pourquoi attendre cinq mois après la prise de décision de sanctions contre le Mali pour commencer ce travail de séduction et de persuasion ? Tout porte à croire que même cette proposition de 24 mois sera rejetée par la CEDEAO, car les autorités maliennes ont joué au dilatoire et à la diversion pendant des mois, en faisant non seulement croire au peuple que les sanctions toucheraient plus les pays de la CEDEAO que le Mali, mais aussi et surtout en entretenant cette psychose tendant à faire croire que c’est la France qui manipule la CEDEAO. Au lieu de chercher à comprendre et de parer au plus pressé, les autorités maliennes ont plutôt contribué à exacerber la crise. Aujourd’hui, affaibli par les sanctions qui pèsent lourdement sur son économie, le Mali n’aura d’autres choix que de négocier en situation de faiblesse avec l’organisation sous régionale.
Le ¨Président Togolais réussira-t-il la délicate mission de rapprocher les deux positions parallèles ?
Faure Eyadema pourrait réussir là où Good Luck Jonathan a échoué, car il passe aujourd’hui pour être ce Président qui peut parler à toutes les parties parce qu’il n’a pas une position maximaliste et aussi il jouit d’un certain respect auprès de ses pairs de la CEDEAO. Le Président Togolais est celui pour qui le Colonel Assimi Goïta a de la considération et du respect, solidarité générationnelle peut être ! La mission de Faure Eyadema a toutes les chances d’aboutir, car toutes les deux parties sont à bout de souffle, à commencer par le Mali qui manque cruellement aujourd’hui des ressources financières pour mettre en œuvre les différents projets de développement, ensuite les pays de la CEDEAO, surtout ceux qui sont limitrophes du Mali, comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal avec un manque à gagner se chiffrant à des milliards de francs CFA. En plus des effets économiques et financiers, les pays de la CEDEAO doivent s’inquiéter d’un effondrement du Mali qui serait, comme dirait l’ancien Président IBK la dernière digue qui protège le sahel et tous les pays de la sous-région d’une inondation certaine des terroristes. Donc au-delà des considérations géopolitiques et économiques, le Mali mérite d’être soutenu pour éviter que le sahel et toute la sous-région ouest africaine ne s’embrasent.
Le Mali va-t-il accepter la proposition de 12 à 16 mois de transition de la CEDEAO ?
Tout porte à croire que le Président de la Transition malienne est prêt à faire des concessions au Président Togolais si la proposition de 24 mois venait à être rejetée par les chefs d’Etat de la CEDEAO. En tout cas si tant est qu’il se batte pour le Mali, il doit accepter la décision de l’organisation sous régionale pour que les maliens puissent sortir de cette crise qui n’a que trop duré et dont les conséquences commencent à se faire durement sentir.
En définitive, le prochain sommet des chefs d’Etat qui doit se tenir bientôt, sera celui de tous les espoirs pour le peuple malien, car il devra permettre aux maliens de voir le bout du tunnel avec la levée des sanctions et la reprise des activités économiques.
Youssouf Sissoko L’ALTERNANCE