Après la mort de l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, le lundi 21 mars 2022 à la Clinique Pasteur sans aucun jugement ni inculpation pour les faits qui lui sont reprochés, les interrogations refont surface au sujet de ses codétenus dans cette affaire. Seront-ils encore gardés en prison ou obtiendront-ils une liberté provisoire en attendant ?
Si la recherche de la vérité passe par la détention préventive des personnes supposées être impliquées dans cette affaire de détournement des fonds destinés à équiper l’armée, celle de Soumeylou n’aura servi à rien. Puisque, désormais, ce dernier ne répondra jamais dans l’affaire dont il reste un simple présumé coupable. Les Maliens ne sauront jamais la vérité dans cette affaire.
Le “Tigre de Badala’’, incarcéré au même titre que les anciens ministres, Mme Sissoko Filly Bouaré et Mahamadou Camara dans l’affaire dite de détournement des fonds des équipements militaires a abandonné ses amis après 7 mois de détention préventive sans jugement. Pourtant ils n’ont jamais été inculpés dans cette affaire jusqu’à ce que la mort emporte Soumeylou Boubèye Maïga. Un fait qui doit beaucoup marquer les autres détenus et même leurs familles, mais aussi les autorités judiciaires en charge du dossier.
Rappelons que ses partisans ont, sans cesse, dénoncé les conditions de détention. « Ce que nous craignions a fini par arrivée, à savoir la grave dégradation de son état de santé », déplorait le secrétaire général de l’ASMA-CFP, Issa Diarra au moment où le certificat médical établi par le médecin traitant attestait une nécessité d’évacuation.
L’épouse de l’ancien Premier ministre défunt dernièrement est même allée jusqu’à donner les garanties aux autorités pour que son mari soit évacué pour des soins appropriés afin de revenir comparaître. Binta Yattassaye s’est même adressée au président de la transition, Colonel Assimi Goïta, en ces termes : “Je vous demande devant le peuple malien de lui permettre d’aller se soigner et je m’engage au nom de notre famille à ce qu’il revienne dès qu’il sera rétabli’’.
Elle a poursuivi que leur espoir repose sur la décision du président la transition, son humanité, son respect du droit de la vie, son sens de l’État de droit, son respect de l’expertise et de la parole des médecins, son sens du devoir à l’égard de tous les citoyens maliens sans exclusion. “Je prends aussi l’engagement du retour au Mali de Soumeylou Boubèye Maïga, après ses soins effectués. Nous ne saurions manquer à cette parole prise devant notre peuple. Nous vivons dans un monde où une personne digne ne saurait se cacher et manquer à ses obligations et Soumeylou Boubèye Maïga est tenu par un tel engagement, il a toujours répondu présent à la justice et continuera de le faire’’, a-t-elle garanti.
“Veut-on la mort par abandon et négligence programmée de Soumeylou Boubèye Maïga?’’, questionnait madame Maïga. Ce qui est devenu une réalité puisqu’il a finalement rendu l’âme. Malheureusement, les appels de ses avocats et de sa famille à l’endroit des autorités resteront lettre morte.
Après son décès sans jugement, plusieurs enseignements sont à tirer de cette affaire. Non seulement, les présumés coupables sont détenus, aucune date n’est fixée pour le jugement. Il s’agit de Sissoko Fily Bouaré et Mahamadou Camara.
Les deux anciens ministres ne sont pas seuls en détention durant cette transition. Il y a le colonel-major, Kassoum Goïta, chef de la sécurité d’état, soupçonné de tentative de coup d’État.
L’ancien secrétaire général de la présidence, Kalilou Doumbia arrêté par les services de renseignement, est toujours en prison. Alors que le jeune professeur était celui qui avait lu à la télévision, le 24 mai dernier 2021, le décret de nomination de l’éphémère nouveau gouvernement de transition dont la composition a suscité la colère d’Assimi Goïta.
En plus de ceux-là, il faut ajouter l’économiste Etienne Fakaba Sissoko, détenu pour incitation à la « discrimination ».
Le professeur d’économie arrêté est poursuivi pour deux affaires. La première porte sur des propos encourageants à la discrimination ethnique ou religieuse. La deuxième sur le « faux et usage de faux diplôme universitaire », selon le parquet.
Le décès de l’ancien Premier ministre, Boubèye, alors qu’il est en attente de jugement doit servir de leçon pour que des dispositions soient prises afin d’éviter de pareilles situations qui ne contribuent nullement pas à apporter la lumière dans la Cité.
En ce sens, il urge de vider les dossiers des anciens ministres, Mme Sissoko Fily Bouaré et Mahamadou Camara, mais aussi du professeur Kalilou Doumbia et de l’économiste Etienne Fakaba Sissoko afin d’éviter l’erreur du passé.
Bourama KEÏTA LE COMBAT