samedi 23 novembre 2024
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CEDEAO ET COMMUNAUTE INTERNATIONALE: Les dessous d’une pression injustifiée

 

Tout en sachant qu’organiser une présidentielle au Mali sans revoir les charpentes de la gouvernance ne peut conduire qu’à un retour à la case-départ, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et la communauté internationale continuent à accentuer la pression diplomatique sur les autorités de transition. Pourquoi ? Une chose est claire, celles-ci (CEDEAO et communauté internationale) sont sous l’influence de la France. Sans compter qu’il est dans l’intérêt de certains pays de la sous-région et de leurs dirigeants que le Mali continue à être la risée du monde. Malheureusement, certains acteurs politiques du pays jouent ce jeu par mégalomanie ou par crainte d’éventuelles poursuites judiciaires. 

 

Comment veiller à ce que la mise en œuvre des engagements de part et d’autre puisse progresser ? Comment être plus efficace ensemble ? Comment aider les Nations unies à aider le Mali ? Comment faire en sorte que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) puisse être renforcée et travailler mieux ? «C’est tout l’enjeu», a assuré le chef de la récente mission (23 et 24 octobre 2021) du Conseil de sécurité de l’ONU au Mali, le Français Nicolas de Rivière, à son arrivée à Bamako samedi dernier.

«Nous venons dans une attitude d’ouverture et d’écoute. On espère avoir un dialogue approfondi avec les autorités maliennes et la société civile», a-t-il précisé. Elle a donc rencontré les autorités maliennes, la société civile, les parties signataires de l’Accord pour la paix, le comité de suivi de la transition… Nous espérons que les ambassadeurs ont eu des réponses à toutes ces questions. Même si certaines n’ont pas du leur plaire, venant  notamment des autorités de la transition.

A notre tour de poser à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (la CEDEAO devenue un bouclier de la France dans notre sous-région) et à la communauté internationale des questions qui sont en train de pourrir la vie aux Maliens ces dernières années. Pourquoi vouloir nous imposer des élections au nom d’une démocratie permettant à une minorité de condamner la majorité du peuple à la précarité ? Qu’est-ce que cette démocratie à l’occidentale a apporté au Malien lambda ? Quelles garanties peuvent-elles nous donner que des élections bâclées peuvent aboutir à une gouvernance vertueuse pour que le Mali ne soit plus le «foyer» de la déstabilisation du Sahel comme le disent certains de leurs dirigeants ?

 

Une démocratie synonyme de désillusion et de précarité pour la majorité

La Cédéao et les Nations unies doivent profondément réfléchir à ces questions avant de décider de quoi que ce soit contre le Mali, contre le peuple malien. Après trente ans d’exercice, qu’est-ce que la démocratie a réellement apporté à ce peuple ? Pour la majorité des Maliens, elle est synonyme aujourd’hui de misère, de précarité, de corruption et de délinquance financière, d’injustice sociale, du deuil de l’excellence dans presque tous les secteurs de la vie de la nation.

En trente ans combien de paysans ou d’éleveurs sont réellement devenus millionnaires dans notre pays ? Nous avons plutôt des millionnaires et des milliardaires qui ont investi leur fortune aux origines douteuses dans l’agriculture, l’élevage… le plus souvent en profitant de la misère du monde rural.

En trente ans de démocratie, le pouvoir politique n’a jamais été organisé pour relever les défis du développement humain. La preuve est que nos richesses comme l’or sont toujours en train d’être exploitées à nos dépens sans qu’aucun de ces régimes démocratiques aient été capable de changer la donne. Il est vrai que nous n’avons pas les moyens de les exploiter. Mais, nous pouvons avoir notre mot à dire sur leur exploitation en faisant réellement jouer la concurrence en faveur des intérêts du pays et  non de quelques individus. Les changements brandis avec la réforme du Code minier sont de la poudre aux yeux parce que nous savons tous que les difficultés de notre pays ne sont pas liées aux textes, mais aux hommes chargés de les élaborer et de les appliquer.

Pourquoi tant de pression sur le Mali ? Une chose est claire, la CEDEAO et communauté internationale) sont sous l’influence de la France. Sans compter qu’il est dans l’intérêt de certains pays de la sous-région et de leurs dirigeants que le Mali continue à être la risée du monde. Malheureusement, certains acteurs jouent ce jeu par mégalomanie ou par crainte de se mettre à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires. 

Ainsi, en voulant coûte que coûte contraindre les autorités de la Transition à organiser la présidentielle en février prochain, l’organisation sous-régionale et la communauté internationale vont contribuer à la perpétuation de cette gouvernance chaotique qui a conduit le Mali à cette crise multidimensionnelle. Et cela d’autant plus que ceux qui se battent présentement dans l’arène politique pour aller aux élections dans la situation actuelle savent ce qu’ils risquent en cas de prolongation de la transition. Ils ont une grande part de responsabilité dans le piteux état du pays parce qu’ils ont tous un moment assumé des responsabilités dans la gouvernance du Mali démocratique sans pour autant s’illustrer dans l’excellence.

Le meilleur service que la Cédéao et la communauté peuvent aujourd’hui rendre aux Maliens, c’est d’aider le Colonel Assimi Goïta à mettre de l’ordre dans la gouvernance du pays, à secouer l’arbre de la corruption et de la délinquance financière. C’est aussi l’aider à corriger et à renforcer l’ancrage institutionnel de la démocratie, de la gouvernance. Et c’est cela l’aspiration de la majorité des Maliens, toute démagogie mise à part.

 

Aider le Mali à instaurer une gouvernance vertueuse

Mais, si elles veulent aller outre, nous ne devons réfléchir à d‘autres choix que nous assumer. Il est temps que les Maliens acceptent de payer le prix du changement en refusant le diktat de l’extérieur qui nous ramène toujours à la case-départ. Nous savons tous aujourd’hui que les élections ne sont pas prioritaires par rapport aux réformes envisagées pour la refondation de l’Etat. Et nous savons qu’un président élu dans cette situation aura les mains liées. Il n’aura donc pas les coudées franches pour réaliser lesdites réformes…

Nous devons comprendre qu’il n’y a pas de changement et de développement sans sacrifices. Le Ghana, le Rwanda, la Chine et même le Japon et les Etats-Unis sont passés par là et nous les envions aujourd’hui parce qu’à un moment de leur histoire, les populations ont accepté des sacrifices énormes pour se soustraire du joug de la pauvreté imposée, pour s’affirmer et prendre leur destin en main. Aujourd’hui, il ne dépend que de nous pour faire de cette transition la tremplin de l’émergence politique, économique, sociale, culturelle… du Mali. Nous avons une opportunité de franchir un cap précieux dans notre désir de changement, de bien-être de tous…

«Il y a un temps pour tout, il y a un temps à tout. Le temps présent est celui de la patrie à sauver, notre patrie… Il ne faut pas que nous nous trompions de priorité car nous n’avons qu’une seule patrie. Tous ceux qui viennent pour nous porter un secours réel sont les bienvenus en toute amitié, en toute fraternité, sans chantage, sans mise au pilori, car volontairement et librement appelés par le peuple malien à travers ses dirigeants», a déclaré le maire de Sikasso, M. Kalfa Sanogo, lors d’un meeting animé samedi dernier (23 octobre) dans la capitale du Kénédougou devant plusieurs milliers de personnes.

Et Sikasso semble avoir fait son choix. «Dans cette optique, Sikasso, dans toutes ses composantes, soutient la transition jusqu’à ce qu’un minimum de sécurité et de sérénité puisse permettre aux populations du nord, du centre et du sud de vaquer à leurs occupations quotidiennes sans risque d’être tuées ou enlevées. On ne peut pas vivre dans l’angoisse quotidienne et avoir la tête ailleurs qu’à la survie», a rappelé M. Sanogo.

En tout cas les Maliens doivent comprendre que «Notre Moïse» (qui a sauvé son peuple des griffes du Pharaon) n’est pas parmi ceux qui s’agitent aujourd’hui pour exiger le respect des 18 mois de transition au prix d’élections bâclées dans le sens de leurs intérêts. Aux Maliens de dire alors : Nous ne sommes pas pressés d’aller aux élections et  nous allons prolonger la transition pour prendre le temps qu’il faut pour les réformes. Et cela quel que soit le prix à payer !

Moussa Bolly LE MATIN 

Djibril Coulibaly

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