La France a des « interrogations » sur le respect par la junte au pouvoir du calendrier électoral qui prévoit le retour des civils au pouvoir en février 2022 à la faveur d’élections présidentielles et législatives, a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Cette question se pose à quelques mois de la fin de la transition malienne.
« Nous avons des interrogations sur la mise en œuvre effective d’un calendrier précis de mesures à prendre pour préparer la séquence électorale dans les délais impartis », a-t-il dit lors d’une audition devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. « Il faut redire notre détermination, notre volonté partagée, y compris au niveau de la communauté internationale, des Nations-Unies, que ce calendrier soit respecté et qu’ensuite on rentre dans une période post-coup d’État », a insisté le chef de la diplomatie française, en déplorant des « signes de durcissement du régime ».
Plus besoin de rappeler que le Mali est plongé dans une profonde crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d’insurrections indépendantistes et djihadistes dans le Nord du pays en 2012, et qu’il a été le théâtre de deux coups d’État militaires en août 2020 et en mai 2021. Les militaires au pouvoir se sont engagés à rendre le pouvoir aux civils et à organiser des élections nationales en février 2022 à l’issue d’une « transition » limitée à 18 mois. Le doute va cependant grandissant quant à leurs intentions. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est ainsi dite « préoccupée » le 7 septembre, à l’issue d’une mission à Bamako, sur le respect du calendrier électoral. « Sur le Mali, nous nous en tenons aux principes affichés, affirmés, réaffirmés par les autorités maliennes. Maintenant, nous avons des inquiétudes sur leur volonté concrète… et nous sommes prêts à aider techniquement à ce que cela puisse se faire », concernant la mise en œuvre du processus électoral, a relevé Jean-Yves Le Drian.
Pour l’heure, les autorités de la transition sont préoccupées par l’organisation des assises pour la refondation du Mali. Des assises que plusieurs partis et regroupements de partis politiques annoncent boycotter. C’est une autre équation à plusieurs inconnues qui se présente désormais.
Bourama Keïta LE COMBAT