Le Médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, Goodluck Jonathan, est arrivé depuis le dimanche à la mi-journée à Bamako. Hier lundi, il a entamé les discussions avec la classe politique malienne, après des échanges avec le Premier ministre, Dr. Choguel Kokala Maïga. Cette visite s’inscrit dans le cadre de l’évaluation du processus de transition au Mali.
Ce déplacement du médiateur Goodluck Jonathan intervient au moment où plusieurs partis politiques et organisations de la société civile demandent le respect de la durée de la transition.
Le porte-parole du M5-RFP, Me Mountaga Tall, affirme et maintient face au médiateur de la CEDEAO et devant la classe politique que le délai de la transition (18 mois) sera respecté sans prolongation aucune. Le médiateur, pour sa part, a estimé qu’Abdoulaye Sy, membre de la COFOP, plaisante en demandant une prorogation de 5 ans pour la transition. La position de la COFOP est soutenue par certains politiques et citoyens dont le Chérif de Nioro qui a marché avec ses adeptes il y a une semaine pour une prorogation de la transition.
Mais le médiateur de la CEDEAO a été clair sur le respect du délai imparti devant les politiques : “pas de prolongation de la Transition’’, ni de “réforme durant la période de transition’’. Car, au regard des textes de la CEDEAO, il est impossible d’opérer des réformes à six mois des élections. La CEDEAO sonne la fin de la récréation pour ceux qui pensent continuer à jouir des privilèges de cette transition sans toutefois travailler pour la réalisation des tâches.
Le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, entouré des ministres de la Refondation, de l’Administration Territoriale, de la Réconciliation, des Maliens de l’extérieur et du ministre délégué chargé des Réformes politiques et institutionnelles a échangé avec le Médiateur. Le chef du Gouvernement a exposé à la délégation le point de l’évolution de la Transition. M. Maïga a informé la mission de la CEDEAO de l’adoption du PAG conçu autour de quatre axes majeurs.
Les autorités de la Transition entendent tirer les enseignements des précédentes crises qu’a connues le Mali en engageant les réformes nécessaires, en engageant la lutte contre la corruption et l’impunité et en œuvrant pour améliorer la sécurité sur l’ensemble du territoire sans oublier le front social à apaiser au prix d’importants efforts. Le Premier ministre a rappelé aussi la soif des Maliens qui a nourri les manifestations de 2020 : soif de sécurité, soif de justice, soif de réformes.
Aller aux élections sans aucune réforme est suicidaire, a fait remarquer Choguel Kokalla Maïga. Le Premier ministre inscrit l’action du gouvernement dans une démarche consensuelle. Le Médiateur et sa délégation ont souhaité des détails sur le chronogramme des opérations électorales, qui seront fournis par les futures Assises nationales, a souligné le Premier ministre. Aussitôt après arrivé dans la capitale malienne, le médiateur de la CEDEAO avait rencontré le comité local de suivi de la transition ; un comité composé des représentants de la CEDEAO, de l’Union africaine et de la Mission des Nations-Unies.
Le médiateur de la CEDEAO restera dans la capitale malienne jusqu’au mardi 7 septembre où il devrait s’entretenir avec le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta.
Cette visite du Médiateur intervient alors que le respect du délai de la transition suscite des débats au sein de l’opinion. Lors d’une rencontre avec le Premier ministre jeudi dernier, le comité local de suivi de la transition avait insisté sur le respect du délai de la transition.
Kevin KADOASSO LE COMBAT