Le Conseil National de Transition qui fait office de parlement après le coup d’Etat, vient de renvoyer l’exécutif au travail en adoptant par 102 voix pour, 02 contre et 09 abstentions, le Plan d’Action Gouvernemental, PAG. Le quitus qui vient d’être donné au PAG loin d’être un chèque en blanc au gouvernement, serait juste une boussole permettant à l’Exécutif de savoir vers où se diriger et quelles sont les priorités. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita et le Premier ministre Docteur Choguel Kokalla Maiga ont désormais une occasion idoine d’écrire l’une des pages les plus glorieuses de notre histoire moderne, en posant les solides bases du nouveau Mali. Le Duo le plus choyé du landerneau politique malien, par ses responsabilités au sein de la Res publica, serait en même temps le plus critiqué, voire vilipendé, si les fruits ne tenaient pas leur promesse de fleurs. Les maliens vont-ils faire une union sacrée autour des organes de la transition ? Va-t-on faciliter la tâche aux deux têtes de l’exécutif ? Ne faudrait-il pas soutenir ce duo pour le Mali ? Quels sont les grands chantiers qui attendent la transition ?
Tous les regards sont désormais tournés vers Koulouba, siège de la Présidence, et la cité administrative ou réside le Premier ministre et la plupart des ministres, afin de savoir comment le Plan d’Action du Gouvernement va être mis en œuvre et quelles seront les points prioritaires. Ce plan d’Action comprenant quatre axes, qui sont déclinés en neuf objectifs, reposant sur trois piliers, sécuritaire, politique et social, prend bel et bien en compte les aspirations légitimes du peuple malien. Pour le citoyen lambda, les autorités doivent commencer par lui donner le sourire en traquant tous les malfrats et délinquants financiers de la République, qui ont fait effondrer le Mali. Ensuite, lui permettre de vivre décemment et en toute sécurité avec un accès aux services sociaux de base que sont l’éducation, la santé, l’eau, l’électricité et surtout lui assurer les trois repas quotidiens. Pour rappel, toutes les aspirations des maliens sont contenus dans le PAG, donc les citoyens n’attendent plus qu’une application diligente du plan d’action.
Le Gouvernement pourra espérer avoir un soutien populaire s’il pose les vrais actes, ceux qui vont dans le sens du Mali Koura. Une grande salubrité publique s’impose et elle commencera par une lutte implacable contre l’impunité et la corruption. Il faudrait que tous ceux qui ont puisé illégalement dans les caisses de l’Etat répondent de leurs forfaits. Tous ceux qui, par leurs malversations financières, ont mis à genou notre pays doivent être sanctionnés. Le Mali n’est pas pauvre, mais il est pauvrement dirigé, donc l’heure est venue pour traquer ceux qui se tapent la poitrine en disant qu’ils sont multimilliardaires, alors qu’ils n’ont ni puits de pétrole encore moins une mine d’or, mais ne sont que des fonctionnaires de l’Etat. Le slogan de certaines associations de la société civile n’est pas d’élection tant que les voleurs de la République ne seront pas traduits en justice. Qu’il s’agisse des engrais frelatés, des tracteurs surfacturés, des avions cloués au sol, des blindés en carton, d’équipements militaires bedonnés, des tueries des 10, 11, 12 juillet, lors des manifestations du M5 RFP, de l’aéronef présidentiel, dont le prix reste toujours mystérieux, en passant par des marchés gré à gré, du patrimoine immobilier bradé et bien d’autres dossiers sulfureux, la liste est loin d’être exhaustive. Toutes ces affaires doivent faire l’objet de poursuites et de sanctions. Le peuple a une soif inaltérable de justice d’où son appel a plus de rigueur et de bonne gouvernance. Rien que pour cette soif de justice, de lutte contre la corruption et de la délinquance financière et par souci d’équité, le quatrième axe devient le premier et conditionne tous les autres axes. Le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, les réformes institutionnelles et politiques, tout comme la tenue d’élections libres, crédibles et démocratiques, seront les retombées de la promotion de la bonne gouvernance.
En définitive, la réussite de la transition et surtout sa prorogation dépendront en grande partie de la satisfaction des aspirations légitimes du peuple. Donc, la justice doit être au cœur de la gestion de la transition. Comme pour dire au Duo Assimi Goita et Choguel Kokalla Maiga que le peuple les observe.
Youssouf Sissoko INFO SEPT