L’assignation à résidence surveillée des anciennes autorités de la transition, Bah N’Daw, Moctar Ouane et autres personnalités, alimente toujours les chroniques. Malgré les nombreux appels à leur libération formulés par leurs avocats et les organismes de défense des droits de l’homme, ces anciens responsables de la transition restent toujours séquestrés et contraints au silence sur les instructions des maîtres actuels du pouvoir.
Ils ne sont pas libres de leurs mouvements et sont même interdits de parler avec leurs avocats, pourtant, officiellement Bah N’Daw et Moctar Ouane ne sont accusés d’aucune infraction. Toute chose qui pousse depuis un certain temps beaucoup de Maliens à croire que les nouveaux maîtres du pouvoir ont tout simplement peur. De quoi ? C’est là toute la question. Des écrits sur la toile confirment cette inquiétude qui affiche de plus en plus cette volonté manifeste de garder ces hommes par-delà de la loi. En effet de quoi s’agit-il ?
Tout d’abord, l’ancien président de la transition et son Premier ministre, Moctar Ouane, seraient toujours gardés en résidence surveillée sans qu’ils ne soient accusés dans aucune affaire claire et nette ? S’ils font l’objet d’accusation, pourquoi n’ont-ils pas été présentés devant le juge? C’est là que réside l’injustice dont ils sont victimes depuis quelque temps malgré les promesses du Premier ministre de leur remettre en liberté.
Le pot aux roses semble évident lorsqu’on lit sur les réseaux sociaux les raisons évoquées pour garder ces anciennes figures de la transition par-delà de la loi. “Le Combat’’ l’avait pourtant souligné depuis dans son numéro 3293 du 15 juillet 2021 à sa « Une » : “Assignation en résidence de Bah N’Daw et Moctar Ouane : les colonels craignent-ils une seconde “part de vérité’’ ?’’
Pour rappel, l’ancien Président de la transition, Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane ont été mis aux arrêts le 24 mai 2021 à la suite d’un second putsch en seulement neuf mois, puis relâchés après trois jours sous la pression de la CEDEAO à travers son Médiateur dans la crise malienne, Goodluck Jonathan. Malheureusement, cette libération sera de courte durée. Les deux personnalités seront finalement gardées quelques jours après jusqu’à ce jour en résidence surveillée. Une résidence assignée dont beaucoup d’observateurs ont du mal à comprendre les raisons en absence de toutes explications de ceux qui les tiennent.
L’avocat de Bah N’Daw et Moctar Ouane, a récemment réagi sur cette assignation. “Des hommes armés m’empêchent d’accéder à Bah N’Daw et Moctar Ouane illégalement gardés à leurs domiciles/résidences. Inadmissible et insupportable!’’, a tweeté sur son compte, Me Mamadou Ismaël Konaté, avant de s’interroger : “ne sommes-nous pas en dictature ici aussi ? Lorsque l’on assigne à résidence sans droit ni motif et sans base juridique …, lorsqu’on empêche un avocat d’accéder à ses clients au nom de la liberté d’exercice…, lorsque le droit est violé et les citoyens bafoués au vu et au su de tous’’, poursuit l’avocat.
Toutefois, il convient de souligner qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et l’absence de causes visibles et réelles attire plus de curiosité que jamais sur cette affaire qui menace de secouer la République pendant longtemps si les informations qui fuitent çà et là se confirmaient.
L’affaire d’assignation à résidence des deux personnalités et autres semble devenir désormais ce qu’on peut appeler “grains de sable dans les bottes des militaires’’ en charge de la transition aujourd’hui, puisque leur libération ne dépend essentiellement que d’eux.
En effet, les Maliens savent déjà que s’ils peinent encore à dire les motifs réels de l’assignation à résidence de ces deux hommes parce qu’ils manquent d’arguments solides pour les convaincre, il nous revient aussi aujourd’hui que la libération sans assurance d’une omerta de Bah N’Daw et Moctar Ouane pourrait imploser le pays au regard des motifs de leur placement sous surveillance qui seraient soigneusement cachés.
Sur le post qui circule sur les réseaux sociaux, l’ex-Premier ministre de la transition Moctar Ouane aurait informé des chancelleries à Bamako des menaces de mort qui pèserait sur sa personne. Bien avant sa chute l’ancien Premier ministre de la transition accuserait un militaire d’avoir reçu “un montant de 45 milliards de FCFA du trésor public malien pour, dit-il, équiper les FAMa au début de la Transition’’.
Et malgré le retrait de cette somme pour les supposés équipements militaires sans justification aucune, le militaire en question aurait une fois encore exigé un autre “montant de 20 milliards de FCFA’’ auprès de l’ancien Premier ministre ; chose que ce dernier aurait refusée avant la démission de son premier gouvernement. Ce militaire n’est autre que le ministre colonel Sadio Camara, selon l’information divulguée.
Selon toujours ce même post, Moctar Ouane aurait informer le président de la Transition Bah N’Daw qui à son tour, aurait interrogé le Secrétaire général du ministère en charge de la défense de l’époque, à savoir le Général Souleymane Doucouré qui a déclaré n’avoir pas été associé dans la gestion de ces fonds. Le même Général Souleymane Doucouré aurait aussi fait savoir au Président Bah N’Daw qu’il n’aurait pas eu connaissance des acquisitions importantes relatives à ces montants aussi élevés ».
C’est pour ces raisons que Moctar Ouane aurait même reçu des menaces de mort pendant sa détention à Kati. “Il a été mis en garde de ne jamais parler de cette sulfureuse affaire à la presse. Aussi, toutes les personnes ayant eu connaissance de cette malversation financière sont aujourd’hui arrêtées ou gardées en résidence surveillée. Parmi celles-ci, figurent bien des militaires arrêtés. Il s’agit du général Souleymane Doucouré, des Colonels-Majors Daouda Sogoba et Kasoum Goïta en plus du président Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane’’.
Bourama Kéïta LE COMBAT