Washington apporte un soutien logistique à Barkhane dans la lutte antiterroriste au Mali et dans le Sahel. L’ancienne ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Kamissa Camara, actuellement experte senior sur le Sahel à l’Institut des États-Unis pour la paix (Usip), affirme qu’il est temps pour les États-Unis de repenser leur stratégie au Sahel.
La crise sécuritaire au Sahel est l’une des crises humanitaires les plus graves au monde que l’ONU tente de juguler. Malgré la présence de milliers de soldats dans la région du Sahel qui fait penser que cette région est la plus militarisée au monde, l’insécurité reste galopante et palpable au Mali, au Niger, au Burkina Faso, et récemment au Tchad. La France seule compte 5 100 soldats français et La Task force Takuba, la force du G5 Sahel, entre autres, interviennent également.
Dans cette lutte, Washington apporte un soutien significatif aux forces de l’opération Barkhane en matière logistique, de ravitaillement et surtout, de surveillance, avec des drones équipés d’un système d’interception des communications.
De par sa position stratégique, si Washington veut jouer un rôle efficace dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, Kamissa Camara, experte senior sur le Sahel à l’Institut des États-Unis pour la paix, estime qu’ « il lui faut moins de contre-terrorisme et une meilleure diplomatie. »
Pour cela, l’experte énumère 4 façons pour réorienter la politique étrangère américaine au Sahel. Il s’agit de reconnaître les liens entre les développements politiques et sécuritaires en Afrique du Nord et au Sahel et de se réorganiser en conséquence ; de développer un programme d’aide américaine unique pour le Sahel en évitant les efforts inutiles et de développer les opportunités économiques dans la région. En plus de cela, elle propose l’affirmation du leadership diplomatique américain au Sahel.
Pour l’ancienne ministre, si Washington parvient à suivre ces quatre recommandations « les États-Unis réussiraient mieux à éviter les crises politiques et sécuritaires au Sahel. De même, les États-Unis retrouveraient leur pertinence stratégique en Afrique à une époque de détresse mondiale ».
L’arrivée de Joe Biden à la Maison blanche avait suscité beaucoup d’enthousiasme chez les autorités françaises dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, la promesse d’examiner la posture militaire des États-Unis dans le monde, comme annoncé par Lloyd Austin pourra-t-elle s’inspirer des propositions de l’ancienne ministre ?
BK LE COMBAT