Le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, conformément au décret n°2020-0095/PT-RM du 16 octobre 2020 fixant les attributions spécifiques des membres du Gouvernement, après consultations des structures concernées, a rendu public le calendrier du referendum et des élections locales, régionales législatives et présidentielles, le mercredi 13 avril. Pour recueillir les impressions des acteurs concernés, notre reporter a tendu son micro à certains leaders politiques.
Moussa Mara : président d’honneur du parti Yelema
«Il est souhaitable que le Gouvernement édifie les Maliens sur le contenu du référendum »
« Les dates indiquées ont la particularité d’être conformes aux prescriptions de nos textes, en ce qui concerne les élections locales, régionales, municipales et à la durée de la transition pour ce qui concerne les élections présidentielles et législatives .Et cela, elles nous satisfont.
En ce qui concerne le chronogramme, c’est économique et je pense c’est faisable. Nous devons expérimenter les élections couplées pour permettre de diminuer les coûts importants des élections et éviter des chevauchements de mandat qui peuvent être préjudiciables pour la démocratie .C’est une bonne chose également pour éviter que les élections aient des incidences les unes sur les autres. On a vu par le passé que les législatives après les présidentielles grossissent la majorité du président élu et donne la fausse impression d’une légitimé qui est loin de la réalité.
Il faut regretter pour le moment que nous n’ayons que peu de visibilité sur le contenu du referendum. Par exemple s’agira t-il d’une simple révision de quelques aspects de la Constitution actuelle, ce que nous soutenons, où bien d’une nouvelle Constitution et d’une nouvelle République ?
La réponse à cette question aura une incidence sur les discussions et sur le processus. Il est souhaitable que le Gouvernement édifie les Maliens sur cela. Le facteur important pour ce referendum sera d’établir un consensus national sur son utilité. Cela n’est pas encore fait. Il y a donc un travail important à engager avant même de disposer du texte à soumettre au peuple. Souhaitons que le comité d’orientation stratégique des reformes, mis en place auprès du Premier ministre, se saisira de ce dossier et le mènera rapidement pour éclairer les zones d’ombre et contribuer à rassurer nos compatriotes. Afin, il est souhaitable que nous accompagnions tous, nos autorités dans le processus menant à la bonne exécution de la transition et donc à son bon achèvement. Travaillons à conseiller et à aider les autorités à maintenir la stabilité du pays, à mener de bonnes reformes et à organiser de bonnes élections. Nous en avons largement les moyens et le temps .Essayons de taire nos divergences secondaires dans cette perspective ».
Mme Anna Konaté : vice-présidente du Mouvement ARD-Mali (Alliance pour le Renforcement de la Démocratie).
« L’organisation de ces différentes élections sont des étapes indispensables dans la refondation de notre pays tant aspirée par le peuple ».
« Tout d’abord, je tiens à remercier le Gouvernement de la transition pour l’engagement fait à respecter le délai des 18 mois convenus dans la charte. C’est un acte salutaire qui est d’ailleurs une première fois au Mali à ma connaissance. En effet, l’organisation des élections référendaires, locales, législatives et présidentielles sont des étapes indispensables dans la refondation de notre pays tant espéré par le peuple. Je pense qu’aujourd’hui, nous devons travailler en synergie d’action pour que la mission de la transition réussisse afin que ce beau pays dont aspire le peuple soit une réalité.
Pour ce qui concerne le couplage des élections présidentielles et législatives lors du 2ème tour, cela peut décharger l’Etat de certaines depenses.Mais mon inquiétude est qu’il ne faut pas que ces élections soient bâclées, elles doivent être crédibles et transparentes pour que nous ne tombions pas dans l’erreur des législatives passées. Le processus de referendum, n’est pas chose aisée, c’est une tâche complexe, mais si le gouvernement s’engage à le faire dans un délai que lui-même à édicter, je pense que c’est raisonnable, car on ne peut juger l’homme qu’à la fin de ce qu’il a voulu faire. Je pense que le peuple malien doit œuvrer pour que tout se passe normalement, car c’est le moment décisif pour notre pays. Un moment où, il faut privilégier le dialogue et la communication entre nous.
L’organisation des élections est une bonne chose mais ce qui est impératif c’est d’unifier le peuple, renouer les liens afin de bannir la fracture sociale. Le souci majeur de nos concitoyens n’est pas seulement de faire respecter le délai, mais de pouvoir poser les jalons de la vraie refondation du Mali. Et afin de restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés en donnant toujours de bons exemples et la transparence dans l’exercice des fonctions supérieures de l’Etat. Et surtout, un nouveau système du gouvernance avec la voie du vrai développement ».
Propos recueillis par Fatoumata Coulibaly LE SURSAUT