Le sentiment qui domine aujourd’hui et qui est partagé par une très large frange de la population malienne, est celui de la déception, de la désolation et de la désillusion, six mois seulement après la chute du régime d’IBK. La grande ferveur qui était celle du peuple, après le départ du régime corrompu d’IBK, s’est effondrée comme neige au soleil après le constat d’échec des tenants du pouvoir à assurer juste le minimum au peuple et à mettre fin aux pratiques qui ont été à la base de son soulèvement. En effet, malgré la prohibition du coup d’Etat par la Constitution, qui le qualifie d’ailleurs, d’acte imprescriptible, il a été pourtant applaudi par les maliens qui en avaient assez du régime d’IBK. Par naïveté ou excès de confiance, ils avaient fondé de l’espoir, celui de voir enfin leur pays sortir du chaos dans lequel les « politiciens » l’avaient plongé. Il n’a fallu que six petits mois pour que les partisans de la junte militaire deviennent ses pourfendeurs. Ils ont très vite déchanté, car les fleurs n’ont pas respecté leur promesse de fruit et pour paraphraser ce dicton peul, « Souley ne vaut pas mieux que Demba ». Le pays est toujours à terre, pour ne pas dire qu’il est en agonie sous les regards impuissants, voire incompétents des autorités de la transition.
Depuis la prise du pouvoir par les colonels, le 18 Août 2020, le pays ne fait que régresser. La sécurité qui est censée être leur domaine de prédilection, en tant que militaires, ne se porte guère mieux, elle s’est même plus détériorée aujourd’hui qu’avant leur arrivée au pouvoir. Le front sociopolitique, loin de s’apaiser, bougonne toujours, avec des grèves et une crise sociale aiguë avec son lot de précarité et de famine. Le Mali est désormais en passe de se transformer en Somalie ou en Afghanistan, tant les forces du mal gagnent du terrain et dictent leurs lois, au début par la force, mais aujourd’hui, elles ont fini par convaincre les populations locales abandonnées à leur triste sort par l’Etat. Quant aux réformes, censées insuffler une nouvelle dynamique à la jeune démocratie malienne, elles sont toujours en gestation et n’auront aucune chance d’aboutir, car la classe politique, censée porter le projet, est mise à l’écart, au fallacieux prétexte qu’elle a mal géré le pays pendant 30 ans. En laissant au bord de la route les acteurs politiques majeurs, les réformes seront renvoyées aux calendes grecques, parce qu’elles ne seront pas consensuelles. Ainsi au regard de tout ce qui précède, il serait tout simplement loisible de proposer aux autorités de la transition de consacrer leurs efforts à réunir toutes les conditions pour des élections transparentes, crédibles afin de doter le Mali d’institutions légitimes. Que 2022 soit la fin de la transition au Mali pour atténuer la souffrance du peuple.
En somme, le Mali est toujours la risée du monde, parce que jusque-là, il n’a pas trouvé ce leader désintéressé, patriote, dévoué à la seule cause du pays et qui est capable du sacrifice ultime à l’image des vaillants martyrs comme le Capitaine Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Mouammar Kadhafi qui ont payé de leur sang pour que leurs peuples puissent être émancipés. Nos colonels sont aux antipodes de ces immortels, ce qui les intéresse c’est le pouvoir et ses délices. Qu’ils comprennent que ni le peuple malien, encore moins la communauté internationale n’accepteront un jour de plus après le délai imparti pour la fin de la transition.
Youssouf Sissoko LE COMBAT