Le Mali annonce la mobilisation de 910 Milliards à travers l’émission de titres publics sur le marché afin de faire face au déficit budgétaire actuel du pays. Une telle annonce qui intervient à une période critique où l’économie mondiale est sous assistance semble se justifier. Cependant, cette annonce a suscité la réaction de la part d’une personnalité politique et publique bien connue dans le monde économique. Moussa Mara, comptable de formation et ancien premier ministre, pense que les autorités doivent “réfléchir à une autre stratégie’’ pour ne pas mettre le pays en faillite’’.
Selon le gouvernement, le montant susmentionné sera mobilisé à travers 22 émissions de titres publics répartis comme suit : 170 milliards de FCFA en bons du Trésor et 740 milliards de FCFA en obligations du trésor. « Les marchés financiers sont basés sur des liens de confiance et les derniers résultats du Mali sur le marché financier régional montrent que celui-ci est encore plus fort malgré les crises », a confirmé Adrien Diouf, directeur de l’Agence UMOA-Titres. C’était au cours de la cérémonie de lancement du calendrier d’émission des titres publics au titre de 2021, la quatrième du genre. Elle s’est déroulée dans un hôtel de la place sous la présidence du ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, accompagné, au présidium, du directeur national du Trésor et de la comptabilité publique, Sidi Almoctar Oumar et du directeur de l’Agence UMOA-Titres, Adrien Diouf. Étaient aussi présents les investisseurs, les représentants des compagnies d’assurance et des banques.
Organisée par la direction nationale du trésor et de la comptabilité publique, cette rencontre avait pour objectif de présenter le volume global du calendrier d’émission de titres publics au titre de l’année 2021.
À cet effet, le montant total des titres à émettre pour cette année s’élève à 910 milliards de FCFA. Il sera mobilisé à travers 22 émissions de titres publics répartis comme suit : 170 milliards de FCFA en bons du Trésor et 740 milliards de FCFA en obligation du trésor.
Les émissions auront lieu tous les 15 jours (les mercredis), avec un montant nominal compris entre 25 et 80 milliards de FCFA. Il est également prévu deux émissions d’emprunt obligataire (emprunts lancés auprès d’entités autres que les organismes bancaires) par Appel public à l’épargne de 180 milliards de FCFA chacune.
Par ailleurs, l’État malien procédera à des remboursements en capital d’environ 394 milliards de FCFA. Pour le ministre Alousséni Sanou, les hautes autorités sont fortement engagées pour le développement du pays. « Afin de réaliser les infrastructures nécessaires à son développement économique, le Mali, à l’instar des autres pays de l’Union, intervient sur le marché financier régional, en vue de lever des ressources pour le financement de son économie », a-t-il soutenu.
Dans ce cadre, l’État du Mali, à travers la direction nationale du trésor et de la Comptabilité émet des titres publics sur le marché financier régional, avec le concours de l’Agence UMOA-Titres et des Sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI).
Cependant, il convient que l’emprunt obligataire soit utilisé pour rechercher les fonds nécessaires au financement de projets ou programmes d’investissements spécifiques (construction de routes, ponts et autres infrastructures), et pour l’État, l’argent recueilli par le Trésor public à travers l’emprunt obligataire, contribue à la réalisation des investissements et équipements inscrits au budget. Il est important de préciser que le pays est en pleine transition, et les dépenses doivent être assainies pour éviter de créer des dettes dont les conséquences seront fatales au futur président élu.
En tous cas, pour le président du Parti Yéléma le Changement, Moussa Mara, cet emprunt est supérieur “ aux recettes annuelles des impôts’’ du pays.
“Cette dette servira à couvrir notre déficit budgétaire, autrement dit nous faisons supporter une partie de nos dépenses par nos enfants’’, s’est-il inquiété. Avant de conseiller les autorités de penser à une autre “stratégie’’.
“Il est important que nos autorités réfléchissent à une véritable stratégie permettant de sortir de ce cycle infernal de dépenses et d’endettement. Sinon nous risquons demain de faire face à des dettes insupportables et à la faillite’’, a conclu l’ancien Premier Ministre, Moussa Mara sur sa page Facebook.
Bourama Kéïta LE COMBAT