Le Premier ministre, Moctar Ouane a eu une rencontre lundi 15 mars, avec les forces vives de la nation composées notamment de représentants des partis politiques, de la société civile, des groupes armés impliqués dans le processus de paix. Une rencontre pour évoquer dans les détails les réformes politiques et institutionnelles à engager avant les élections prévues pour mars 2022.
Cette rencontre entre importante rencontre entre le gouvernement et les forces vives de la nation première réunion du genre depuis le coup d’État du 18 août dernier vise à définir les détails sur les prochaines réformes à mener.
De toute évidence, l’on peut parler aujourd’hui à travers de cette démarche du chef du gouvernement, d’une main tendue aux forces vives de la nation qui n’en voulaient pas mieux. C’est ce qui d’ailleurs explique la présence remarquée des hommes politiques afin de définir ensemble les priorités des réformes institutionnelles et politiques.
“L’important, c’est l’inclusivité. Mettre l’accord en phase avec la Constitution et puis tous les piliers pour faire de bonnes élections’’, a estimé Mme Dembélé Oulématou Sow, présidente de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali (CAFO).
Pour Haballa Ag Amzat, porte-parole d’un collectif de groupes armés du Nord du Mali impliqué dans le processus de paix, il faut aller à l’essentiel : “C’est une réunion capitale. Ce qui est important, ce que les participants ont dit au Premier ministre, c’est vraiment de voir ce qui peut être fait pendant cette transition, vu le temps qui est imparti à cette transition’’.
Après les échanges entre les différents acteurs, il a été approuvé par tous l’initiative de la rencontre. Le Premier ministre a annoncé, au bout de cinq heures d’échanges, la création d’un Comité stratégique sur les réformes politiques et institutionnelles (COS), cadre pour toutes les parties. Et Moctar Ouane veut aller vite : “Dans les prochains jours, je formaliserai tout cela de manière que nous puissions accélérer la cadence’’. Ce comité stratégique, sur les réformes une fois crée servira de cadre de concertation et se réunira au moins deux fois par mois pour plancher sur les questions éminentes de réformes.
Faire des réformes et non des réformettes
Toutefois, il convient de se demander si les autorités du pays ont-elles une réelle volonté de faire bouger les lignes ou cette initiative est une réponse face l’urgence de la menace qui profile à l’horizon avec la grogne sociale et des fronts de contestations qui bourdonnent contre cette transition et oblige à faire marche arrière. Il n’est plus un secret pour personne que depuis le 18 aout 2020, date de la chute de l’ancien président IBK, les militaires au pouvoir ont toujours fait usage d’une supercherie sans commune mesure dans la gestion du pays. En témoignent les procédures de choix du Président, vice-Président, le Premier ministre, les membres du gouvernement et ceux du Conseil national de transition (CNT) pour ne citer que ceux-là. Il s’agissait d’écouter dans un premier temps, les acteurs politiques de la société civile, et en faire ce qui arrange la seule volonté des militaires majoritaires au poste de décision contre l’abandon du combat au font.
Sur un autre point, la dernière sortie de l’imam aux allures d’une menace aurait laissé les traces dont on ne peut contester. “Je pense que si nous allons aux élections dans ces conditions, dans ce contexte, je pense que cela va être difficile et ça, je le maintiens’’, avait averti l’imam Dicko. Il a même dit qu’il n’est pas loin de redescendre dans la rue. Après de telles sorties, il va sans dire que l’initiative d’une concertation avec les forces vives de la nation pour tenter d’apaiser le climat soit évidente si les autorités veulent réussir cette transition. Car, l’imam avait dénoncé le fait que le Président et le Premier ministre soient loin du peuple. Il avait même expliqué ce fait en comparaison avec la gestion calamiteuse du pays par le régime IBK qui ne voulait rien écouter du peuple.
Comme l’imam, le professeur Tiémoko Sangaré, Président du parti ADEMA, estime pour sa part que l’objectif final de la transition c’est l’organisation de bonnes élections. Et selon lui, cela a des préalables. “Les élections, c’est la finalité de la transition. Et les moyens pour y parvenir, c’est d’abord assurer la prise en charge des réformes indispensables et surtout un minimum de sécurité’’, avait prévenu le professeur Tiémoko Sangaré après la rencontre avec le Premier ministre.
Pour Assimi Goïta et ses amis qui visiblement ne veulent lâcher aucun morceau aux politiciens dans la gestion de ce pays, prendre une telle initiative sous-entend que l’on n’a d’autres alternatives en ce moment que celle de concerter les forces vives. Mais la grande question est de savoir si cette concertation sera-t-elle différente de celle qui a permis l’élaboration de la charte de transition ? Car si l’on doit se soumettre aux péripéties ayant conduit à l’accouchement difficile de la charte imposée, modifiée et remodifiée sous la pression populaire et internationale, il est sans doute clair que les miliaires risqueraient de faire face à la grogne populaire de la rue. Une tentative de réunir les forces vives et tenter une fois encore un passage en force avec des réformettes taillées sur mesures pour l’imposer au peuple risque de précipiter le crépuscule que nul ne souhaite actuellement pour le Maliba.
Bourama Kéïta LE COMBAT