samedi 23 novembre 2024
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L’imam Mahmoud Dicko sur RFI

« Je ne serais pas président ni d’une transition ni de gouvernement ni d’autre chose »

L’imam Mahmoud Dicko, leader du mouvement de contestation politique M5-RFP, dont il est l’autorité morale, s’est exprimé sur les sanctions de la Cédéao et la future transition politique. Pour lui, cette transition devrait être dirigée par un « civil consensuel » et ne durer que 18 mois ou moins.

RFI: Approuvez-vous le renversement par les militaires du régime d’IBK ?

Imam Mahmoud Dicko: « Approuver le renversement du régime », moi je ne comprends pas les choses comme ça… IBK a démissionné pourquoi parler de « renversement » ?

Les militaires refusent de regagner leurs casernes, vous en pensez quoi ?

Les militaires, depuis quand ils ont quitté leurs casernes ? Même maintenant, ils sont dans les casernes. Il faut quand même donner du temps au temps pour qu’on organise les choses… Les militaires, ils ne sont pas à Koulouba, ils sont dans leurs casernes alors il faut quand même donner un peu du temps pour que les gens mettent de l’ordre dans ce qui se fait.

Vous avez récemment demandé au peuple malien de pardonner à votre grand frère IBK, alors que le M5 est en train de demander un audit et même la justice…

Écoutez, audit et pardon n’ont rien à voir avec le reste, nous sommes dans un État de droit, mon grand frère est un sujet de droit, c’est aussi un démocrate, je ne pense pas que cela est lié avec le pardon. Le pardon c’est une vertu malienne, on se pardonne dans tout, on doit le pardonner, ça n’a rien à voir avec la question judiciaire s’il y a. En tout cas, nous sommes dans un État de droit, donc ça n’a rien à voir avec le droit.

La Cédéao demande aux responsables du CNSP d’engager une transition civile immédiatement. Vous êtes pour une transition civile qui ne doit excéder 12 mois ?

Écoutez, c’est tout le peuple malien qui doit décider de cela, ce n’est pas moi. Moi je ne suis qu’un individu, je crois qu’il faut faire une concertation de toutes les forces vives de la Nation pour dégager quelque chose qui va certainement faciliter la mise en œuvre de l’État qui est depuis très longtemps arrêté. Maintenant, ce que la Cédéao a dit, c’est à approcher et à voir, il ne sert à rien vraiment de s’éterniser dans une transition. Il faut quand même qu’on trouve un moyen pour sortir de cette situation vite. De mon point de vue,  trois ans, c’est trop. Moi je voyais ça peut être… dix-huit mois, quelque chose de raisonnable ou sinon moins. Mais trois ans, c’est trop de mon point de vue. Je crois que vu les circonstances, vu le contexte dans lequel nous sommes, je pense qu’il faut donner ça à un civil consensuel.

Et aujourd’hui, les sanctions de la Cédéao commencent déjà à se faire sentir au niveau surtout des entrepreneurs et des commerçants… qu’est-ce que vous diriez aujourd’hui à la Cédéao ?

Je n’ai pas grand-chose à dire, nous sommes un peuple, et sanctionner le peuple, vraiment c’est lui faire du tort. Le peuple n’est pas responsable de ce qui est arrivé. Maintenant, les dirigeants de la Cédéao sont des gens responsables, ils ont des textes, ils sont obligés de les appliquer. Le Mali a souscrit à la Cédéao, nous avons accepté les termes qui dirigent cette organisation, mais ça ne peut pas s’appliquer aux autres et ne pas s’appliquer à nous.

Vous avez dit que personne n’imagine qu’il y aura encore un chèque en blanc, qu’est-ce que vous voulez dire par là ?

Il faut que tout le monde sache que tu n’auras pas un chèque en blanc pour en faire à ta tête et faire ce que tu veux. C’est pour les civils et les militaires c’est pour tout le monde. On doit désormais prendre ça en compte, que le peuple ne va pas croiser les bras et regarder les gens faire. On a trop duré dans des crises interminables et il faut trouver une solution pour en sortir.

Vous avez rencontré les militaires qui ont pris le pouvoir. Quelle impression vous donnent-ils ?

Écoutez, ce sont des jeunes gens que je pense censés, responsables. Je crois qu’ils mesurent vraiment la portée de la responsabilité qui est la leur, aujourd’hui, pour agir très vite et sortir de cette situation.

Si le peuple malien -les forces vives de la nation- proposent Mahmoud Dicko comme président de la transition, l’accepterait-il ?

Non moi je l’ai dit, c’est très clair, je ne change pas de langage du jour au lendemain. J’ai dit que je regagne ma mosquée. Je ne serais pas président ni d’une transition, ni du gouvernement, ni d’autre chose. Je suis imam et je resterai imam Inchallah.

Source : RFI

Titres de la Rédaction

Djibril Coulibaly

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