Les électeurs maliens sont convoqués aux urnes le dimanche 29 mars 2020 pour le premier tour des élections législatives en vue d’élire les 147 députés qui doivent légiférer pendant les cinq années à venir. Ces élections, au-delà de leur spécificité du fait de la guerre, sont un test de grande mobilisation pour le chef de file de l’Opposition en tant que grandissime favori pour succéder à IBK en 2023. Qu’on l’aime ou qu’on déteste Soumaila Cissé, il est le prétendant le plus sérieux au fauteuil présidentiel et son parti serait la deuxième force politique au Mali, après celui de son challenger, IBK, qui ne serait pas candidat pour un troisième mandat. Donc le défi étant énorme, Soumaila Cissé est désormais sous pression et fait l’objet de toutes les critiques, qu’il s’agisse du choix de ses alliés et même de la participation de son parti à ces élections, alors même qu’il était absent au Dialogue National Inclusif. Pourquoi Soumaila Cissé fait-il l’objet de toutes les attentions et critiques alors que son parti n’est pas le seul de l’Opposition a scellé des alliances que d’aucuns qualifient de contre nature ? Que dire des textes qui sont à la fois antidémocratique et suicidaires pour les partis ?
Après le quitus de la Cour Constitutionnelle, les maliens se mobiliseront de Kayes à Kidal pour élire les 147 députés devant parler à leur nom pendant cinq ans, le 29 mars et le 19 avril 2020. Ce rendez-vous combien de fois capital pour les partis politiques, donne également lieu aux formations politiques et aux candidats de faire beaucoup de tractations afin de mettre toutes les chances de leurs côtés. C’est dans ce tourbillon que les partis scellent des alliances afin de ne pas être pris au dépourvu. Surtout que le mode de vote étant désuet, à savoir un scrutin majoritaire à deux tours, il faudrait être rusé pour ne pas sortir bredouille de la compétition. Si ces législatives ne représentent pas grand-chose pour certains partis ou leaders politiques qui n’ont rien à perdre compte tenu de leur faible aura sur le terrain, elles sont un test grandeur nature pour chef de file de l’Opposition. Soumaila Cissé sait que son parti joue gros, car ayant en ligne de mire la Présidentielle dans trois ans, il ne pourrait pas se donner le luxe de les perdre. Bien qu’il n y a pas de logique en politique et que tout peut chambouler à tout moment, Soumaila Cissé est aujourd’hui parmi les leaders politiques les plus favoris pour la succession d’IBK. Il a même des fortes chances de remporter, car deux fois challenger d’IBK, adossé à un grand parti comme l’URD et surtout compte tenu de son aura et de son charisme, qu’aucun leader de la scène politique malienne ne pourrait lui disputer.
Donc ces élections législatives sont un véritable test pour l’URD et son Président, à défaut d’avoir la majorité absolue, ce qui relèverait de l’utopie compte tenu des alliances, ils devront maintenir leur rang de deuxième force politique avec plus de députés que dans le précèdent hémicycle. Bien que le Président de l’URD fasse l’objet de beaucoup de critiques tant sur les alliances que son parti a concoctées sur le terrain que sur son brusque changement en se rapprochant au parti d’IBK, son farouche opposant, il semble être imperturbable et a comme objectif un nombre conséquent de députés à l’Assemblée. Personne ne doit le plaindre pour cela, car selon ce dicton, au lieu de s’attaquer au tyran, il vaut mieux lutter contre la tyrannie. Autrement dit tant que les textes qui régissent les législatives restent en l’état, il serait difficile pour les partis politiques de prendre le risque en allant seuls. Donc le choix des alliés n’est souvent ni la consigne donnée par les directions des partis politiques, encore moins le choix de leurs présidents, mais en politique comme à la guerre seul le terrain commande.
En définitive, il y a une bataille dans une bataille pour le chef de file de l’Opposition. Sa première bataille est d’engranger des bons résultats pour s’ériger en véritable successeur d’IBK en 2023. Et la seconde bataille est de convaincre ses détracteurs que les alliances ne sont ni une capitulation, encore moins un renoncement à son idéal de combat pour l’alternance, au grand bonheur des maliens. En relevant ces deux défis il aura gagné son pari.
Youssouf Sissoko