Le sommet du G5 Sahel a pris fin dans la capitale mauritanienne. La décision de faire plus d’efforts militaires dans la zone dite des trois frontières a été sa principale résolution.
Mais ce n’est pas ce qui a le plus retenu l’attention des populations dans les pays concernés. À force de subir, à des cadences répétées et de plus en plus rapprochées, les affres et les horreurs des attaques infernales des terroristes, celles-ci ne sachant plus à quel saint se vouer, sont devenues quasi- fatalistes. Mais il arrive que dans les moments d’angoisse les plus traumatisants, une parole de bon ton apporte aux coeurs anxieux un baume plus soulageant que toutes les victoires militaires possibles.
C’est ce qui est venu récemment de l’honorable Assarid Ag Imbarcawane, Touareg bon teint et malien jusqu’à la moelle des os. Répondant à un intervieweur sur la question de savoir pourquoi les touaregs ont mené contre l’État malien une rébellion qui ne vise rien moins que la partition du pays, il s’est inscrit en faux contre cette façon de voir. Son propos a vite été relayé sur les réseaux sociaux, un partage quasi viral, comme on dit. Assarid soutient, en effet, qu’il est faux de croire que tous les Touaregs sont des rebelles, et cela, aussi loin que l’on remonterait dans l’histoire mouvementée de la République du Mali. Singulièrement pour l’irrédentisme que mène le MNLA depuis plusieurs années, il explique que c’est en réalité une minorité qui bénéficie certes de la couverture de la France, mais qui n’est en aucun cas représentatif de Kidal, encore moins de tout le nord du Mali. « Le nord de notre pays est majoritairement habité par les Sonrhaïs, les peulhs et autres. Nous autres Arabes et touaregs sommes des minorités, il faut le savoir… », a-t-il déclaré sans ambiguïté. Ce qui, ajouta-t-il, est du fait des revenants de Libye en raison de ce qu’a connu ce pays.
En clair, Ag Imbarcawane balaie toutes les arguties véhiculées par les milieux impérialistes qui prétendent toujours une inimitié entre populations du nord et du sud du Mali, entre les citoyens à la peau blanche et ceux qui sont noirs. L’histoire atteste d’ailleurs bien son raisonnement puisque, depuis plusieurs siècles, blancs et noirs habitent ensemble le nord du Mali dans une convivialité que seule la colonisation française a cherché à ériger en animosité entre les populations croyantes, qui ont d’ailleurs résisté aux sournoises velléités de racisme. On se rappelle que, il y a quelques années, Oumarou Ag Ibrahim, chef de tribu touarègue à Wana, importante localité à 30 kilomètres de Tombouctou, alors président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, s’est publiquement réjoui que sa communauté n’a jamais pris les armes contre la République du Mali dont elle fait intégralement partie. On aimerait bien entendre de telles vérités.
Ahmad Ould Bilé