De Kayes à Sévaré en passant par Kati et Bamako, le Mali a connu la semaine dernière des vastes manifestations contre les forces étrangères stationnées dans le pays. Et pourtant, ces forces, qu’elles soient Barkhane, MINUSMA ou le G5 Sahel, sont présentes au Mali à la demande des autorités maliennes. Tout a commencé en 2012 après que la junte militaire de Kati se soit emparée du pouvoir. Les forces françaises, Serval ont été sollicitées pour voler au secours du Mali. Elles sont arrivées au moment où le dernier verrou vers la capitale était sur le point de s’effondrer sous la puissance de feu de la coalition narco-djihadiste. Après avoir pourchassé la forte coalition des terroristes et des narco trafiquants, les français se sont arrêtés net aux portes de Kidal avec l’armée malienne, avant de solliciter du Conseil de sécurité des Nations Unies l’envoi des troupes pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel. C’est ainsi que va naitre la MINUSMA, dans l’euphorie de la victoire sur les terroristes. Le Président Français d’alors, François Hollande, lors de sa visite qui a suivi la débâcle de la coalition Djihado terroriste, a été accueilli en héros au Mali avant d’être sacré citoyen d’honneur de Tombouctou. Après, patatras !
Les langues se sont déliées et la supercherie découverte. Les forces, hier libératrices, sont devenues aujourd’hui des forces d’occupation. La crise sécuritaire, fortement basée au septentrion, s’est transportée au centre et à des répercutions même au sud. Kidal où le drapeau malien flottait sur les bâtiments administratifs, est devenue une ville fantôme pour d’autres maliens, car difficile d’accès. La lutte contre le terrorisme, qui est la raison d’être des forces étrangères a été non seulement reléguée au second plan, mais aussi et surtout, a pris une proportion inquiétante avec des morts par centaines au nez et à la barbe des milliers de combattants de la MINUSMA, de Barkhane et du G5 Sahel. Ce qui semble choquant, pour les manifestants, c’est le nombre sans cesse croissant de soldats maliens tués, en dépit de toute la logistique, en termes d’arsenaux militaires et de services de renseignements.
Le sentiment de duplicité, voire de complicité avec les terroristes, qui ne seraient que les excroissances des indépendantistes de la CMA, semble envahir un grand nombre de citoyens maliens d’où la colère noire des manifestants. Face à cette fâcheuse situation, les manifestants demandent non seulement le départ des forces étrangères du Mali, mais aussi et surtout, plus de moyens matériels aux soldats maliens. N’y a-t-il pas une main invisible derrière les manifestants pour attiser le feu ?
Dans tous les cas de figure, ces manifestations sont des signaux qui attestent du malaise sécuritaire généralisé au Mali, alors que le pays passe aujourd’hui pour être le plus militarisé en Afrique. Comment un pays qui compte plus 12000 hommes des Nations-Unies, 6000 des forces françaises, des milliers de soldats du G5 Sahel et les forces armées et de sécurité du pays hôte qu’est le Mali, pourrait être malmené par quelques centaines de terroristes, quel que soit leurs moyens militaires ? Les manifestants n’ont-ils pas de bonnes raisons de demander le départ des forces étrangères, même s’ils savent bien que les FAMa ne sont pas encore aguerries pour faire face à cette horde maléfique ?
En définitive, Ces manifestations spontanées, sont les signes que les peuples africains ne sont plus prêts à avaler n’importe quelle couleuvre. Il revient aux forces étrangères et aux autorités maliennes de prendre toutes les dispositions pour parer à d’éventuels mouvements. Les premières, à savoir les forces étrangères, doivent se donner à fond dans ce combat, et les secondes doivent doter les FAMa de moyens adéquats.
Youssouf Sissoko INFO SEPT