Un mois jour pour jour, soit le 26 juin 2019, le Mali et la Russie signaient un accord militaire de coopération avec la Russie, l’autre grande superpuissance militaire de la planète. Beaucoup applaudirent une telle démarche constatant l’enlisement de l’opération militaire française au Mali, et au-delà, au Sahel. En attendant la concrétisant dudit accord sur le théâtre des opérations, le pays continue à subir les fluctuations diplomatiques à l’échelle mondiale. Et Poutine, mine de rien, semble trouver une porte d’entrée dans la zone pour, ne serait-ce, qu’enquiquiner la France.
Plus on en tue de la vermine terroriste au Sahel, plus il en pousse. Certes, une telle affirmation est réductrice comme résumé des opérations Serval puis Barkhane au Sahel. Mais, le fait est que l’enlisement du combat contre le terrorisme agace énormément de Maliens et de Sahéliens. Et la France salvatrice d’hier est aujourd’hui perçue comme une puissance néo-colonisatrice qui n’aurait d’autre but que d’exploiter les potentialités géostratégiques du nord malien. Et donc, la lutte contre le terrorisme ne serait qu’un prétexte fallacieux.
En jetant un bref regard dans le rétroviseur, l’on se rend compte que l’accord militaire maliano-russe peut ressembler à un retour de la Grande Russie au Mali. Aux premières heures de l’indépendance, le Mali de Modibo Keita, fier et décidé de tourner entièrement le dos à l’ancienne puissance colonisatrice, avait accueilli à bras ouverts l’URSS, prenant ainsi fait et cause pour le bloc de l’est. Et ce dans un contexte mondial marqué par la guerre froide. Ce n’est qu’assez récemment que la France fit peu à peu son retour au Mali, pour enfin s’implanter de manière durable après l’effondrement de l’appareil institutionnelle et militaire en 2012.
Faut-il craindre pour autant un conflit de positionnement diplomatique entre la Russie et la France ?
Assez logiquement, la Russie se bornera à apporter un appui en logistique militaire. Des troupes russes sur le sol malien comme c’est le cas de la France, est bien évidemment très peu probable. Mais, le seul fait de l’existence d’un accord militaire entre l’ex URSS et le Mali a de quoi troubler la quiétude diplomatico-militaire française au Mali. Et c’est de bonne guerre !
Pour rappel, le ministre russe de la Défense, Serguei Choigou, et son homologue malien Ibrahil Dahirou Dembélé ont signé à Moscou, il y a un mois un accord de coopération militaire et de sécurité entre les deux pays. S’agit-il là d’un plan africain tout droit venu du Kremlin visant à signer le grand retour militaire russe sur le continent ? L’avenir nous le dira.
Ahmed M. Thiam INFO SEPT