C’est à la tête d’une forte délégation, composée entre autres du Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, de celui de la Santé et des Affaires Sociales, du ministre de la Jeunesse et des Sports et celui l’Environnement de l’Assainissement et du Développement durable, que le Premier ministre Boubou Cissé s’est rendu dans plusieurs localités du centre. Cette visite rappelle à juste titre, celle de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, les mêmes gestes à l’endroit des sinistrés, visites de courtoisie avec les notabilités, des rencontres avec la hiérarchie militaire et les premiers responsables des associations communautaires, le clou de la visite a été des promesses et des engagements. Que des promesses. Doit-on enfin s’attendre à la concrétisation de ces promesses ?
Boubou Cissé est fortement attendu pour donner de l’espoir aux populations meurtries du centre. Pour ce faire, il doit lier l’acte à la parole. Sinon, ni une distribution des vivres aux sinistrés, ni la promesse d’envoi de 3000 militaires supplémentaires, encore moins une visite aux notabilités et des rencontres avec les leaders communautaires ne sauraient rassurer le peuple martyrisé du centre. Sa visite dans ce format ressemble à celle des anciens PM Abdoulaye Idrissa Maiga et Soumeylou Boubèye Maiga. Le constat semble être le même, massacres des civils, absence de l’Etat, déplacements des populations, occasionnant une misère noire et créant un sentiment d’abandon chez les populations.
Boubou Cissé a jusque-là des préjugés favorables, car il est considéré comme la solution, donc sa visite a suscité une lueur d’espoir pour les populations du centre, qui, il faut le rappeler, ont été habituées à des visites de haut niveau, mais elles ont toutes été suivies de massacres et des vagues de déplacements. Boubou est attendu après pour tenir des promesses qui ont été prises. Les victimes veulent voir concrètement, car le seul fait de promettre ne rassure plus personne au centre car celles qui ont été prises par Boubou sont les mêmes que celles de ses prédécesseurs, mais qui n’ont jamais été suivis d’effets positifs. Que faut-il faire ?
Il faudrait au prime abord le retour de l’Etat surtout dans les cercles qui sont considérés comme l’épicentre du conflit. Cette présence doit passer par plus d’hommes en uniformes pour imposer la paix aux milices d’auto-défense. En effet, les forces armées nationales doivent être les premières sur les lieux pour la sécurisation des personnes et de leurs biens. Puisque le conflit ne saurait être réglé par le tout militaire, il faudrait penser ensuite au développement socioéconomique. Pour cela, la présence des services sociaux de base comme l’éducation, la santé, l’eau, serait nécessaire, pour non seulement soulager la souffrance des populations, mais aussi et surtout, permettre de jeter les bases du développement harmonieux.
Secundo, il faudrait créer un climat d’entente entre les différentes communautés qui se font la guerre, pour non seulement cicatriser la béante plaie, mais aussi et surtout, permettre le vivre-ensemble des populations. Cela ne pourrait se faire que lorsque les véritables acteurs de la crise seraient fortement impliqués. Le gouvernement ne devrait pas choisir à la tête du client comme cela fut le cas par le passé, mais des gens représentatifs et qui jouissent d’une certaine légitimité et qui ont une bonne influence sur les mouvements armés.
En somme, si l’initiative de la visite au centre est opportune surtout en cette période de crise, il n’en demeure pas moins que beaucoup de Maliens resteront sur leur garde en attendant de voir se réaliser les promesses prises. Car au Mali, les promesses non tenues sont plus nombreuses que les actes posés.
Youssouf Sissoko INFO SEPT