Difficile, sinon bien rare dans notre pays de voir l’unanimité dégagée positivement autour d’un personnage, de surcroit dirigeant politique. Cela fut le cas pour Mody N’Diaye.
Pourtant il n’était pas aussi doté d’un certain charisme enthousiaste pouvant forcer les admirations. De même, il n’agissait pas avec matérialisme, pour faire de la promotion de sa personne afin de se faire affectionner par tous. Il n’était pas imbu de sa personne et n’avait pas un égo hypertrophié.
Son atout, de l’avis de tous ceux qui l’ont pratiqué est son sérieux et son attachement à sa dignité. Plusieurs années, il fut parmi les personnalités de premier plan de certains départements juteux et partis politiques qui ont voix au chapitre, Mody N’Diaye n’a jamais été cité dans une quelconque malversation, guerre de strapontins ou micmacs sur fond de complot politique. Dans sa bonhomie légendaire, il a su garder l’image d’un sage dirigeant politique, même en tant que président du groupe parlementaire de l’opposition (VRD). Par rapport à son président du parti, on peut déduire que si Mamadou Hawa Gassama représente ‘’le Tramadol’’ de Soumi, Mody N’Diaye jusqu’à sa mort a servi de ‘’Paracetamol’’ pour lui.
Homme attachant, attentif et subtil, l’Honorable Mody N’Diaye avec une voix tranquille et nonchalante et un phrasé en accord avec son tempérament a été un bon client pour la presse malienne. Il n’a jamais été aux abonnés absents. Cela, en réponse à n’importe quelle sollicitation ou invitation, même de certaines stations-radio sans grande audience. Sonninké accompli de Baraoueli qu’il était, Mody N’Diaye a compris, contrairement à de nombreux dirigeants politiques de la place, que la communication est le meilleur gage pour préserver les bonnes postures face à toutes les impostures. C’est ce qui explique peut-être le fait que malgré sa casquette de chef parlementaire de l’opposition, il n’a jamais été à l’index ni du pouvoir, encore moins de la presse qui rame au sens du pouvoir.
D’ailleurs, les observateurs politiques gardent en mémoire, les témoignages touchants du président IBK à son cadet Mody N’Diaye lors de sa visite en 4ème région, en décembre 2015. Au moment même où l’opposition était sur ses grands chevaux contre le régime d’IBK. Quelle ne fut pas la surprise du ‘’Mandémassa’’, d’apercevoir au cœur de la loge officielle le député Mody N’Diaye à son accueil. « Mon frère Mody N’Diaye, digne fils de Baraoueli, merci… », a- t- il lancé d’un ton fier.
Ce qui faisait la particularité de cet homme est surtout le fait qu’il était en phase non seulement avec la majorité, que les radicaux qui sont venus se greffer à l’opposition. Il n’a jamais transgressé les règles de bonne conduite politique, même lorsqu’il sortait de ses gonds contre certains chefs de gouvernement à l’hémicycle. Sa maîtrise des questions de finances publiques, son cran de poser les questions les plus pertinentes dans la gestion des affaires publiques ont donné du grain à moudre à de nombreux Premiers ministres et ministres de Finances.
Mody N’Diaye, comme s’il le savait avant sa mort, relève de cette race infime d’hommes politiques maliens, qui n’ont rien à craindre de leur arrière.
A l’URD, il ne s’est jamais senti gêné des alliances contrenatures de son président, à l’issue desquelles certains se sont vite taillés des lauriers de petits chefs près de Soumaïla Cissé (à cause de son argent surtout). De cette même manière, il a réussi à garder de très bonnes relations avec ses collègues députés et dirigeants de la majorité (malgré des séances de motion de censure).
« Décidément, l’assemblée nationale du Mali sera orpheline tant lui manquera ta présence insigne » a dit le président IBK, lors des funérailles de l’illustre disparu.
La Rédaction LE SURSAUT
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