Les problèmes du Mali sont la sécurité, l’éducation, la santé essentiellement. Avec le remaniement ministériel on a constaté amèrement le maintien de Salif Traoré pour des raisons non justifiées. Sous Salif, à part les premières heures de sa nomination où on a assisté à des coups de filet, rien n’a changé au malaise sécuritaire. Pas trop surprenant !
Surtout pour ceux qui ont suivi un peu le parcours du général de Kayes à Bamako. Gouverneur de la région de Kayes, les habitants de certaines localités de Kayes n’ont pas un bon souvenir de lui. Gangonteri, des habitants ont été bastonnés pour avoir décidé d’aller en grève. Il a suffi d’un rien pour que le général gouverneur en son temps mette en branle la relation qui le liait à la société indienne. La suite est connue.
Parachuté au département de la Sécurité quelques années après, c’est la désolation totale depuis. Le banditisme a atteint un niveau jamais égalé avec son cortège de morts et de braquage spectaculaire. Chaque jour suffit sa peine. Nous assistons à des actes criminels au quotidien. Et rien ne semble ébranler le général Salif qui ne fait qu’exceller dans la communication, sa spécialité.
Comme un pied de nez à ceux qui ont choisi de maintenir Salif à son poste, une série d’évènements vient d’éprouver l’opinion nationale. La semaine passée, un jeune étudiant a été tué sous le regard innocent des habitants du quartier huppé de l’Hippodrome aux environs de 21 h. Le crime s’est produit à l’heure où les fidèles musulmans regagnaient leurs domiciles après la prière collective du « Nafila ».
Le drame survenu à l’Hippodrome a été précédé des scènes d’agressions régulières en Commune I du district de Bamako. Aussi l’on apprend qu’à Sébénikoro, en Commune IV, il s’est passé un évènement qui dépasse l’entendement. Le samedi 11 mai, des bandits sont venus commettre leur forfait avant de quitter les lieux des heures après, très bien avant que la police ne vienne sur les lieux. Dans la même semaine, un corps sans vie a été retrouvé par des ramasseuses de bois mort sur la route de Kati entre Koulouba et la station de l’ORTM à plus de 200 m du goudron.
Et pourtant ce ne sont pas les moyens qui manquent aujourd’hui à la police. Les policiers sont vus à chaque coin et recoin de la ville avec des pick-up tout neufs, mais le travail n’est pas fait d’une manière efficiente. Les policiers sont plutôt intéressés à prendre les 1000 et 2000 F CFA comme argent de thé comme ils aiment le dire.
Il n’y a aucun sérieux dans les patrouilles qui sont rapidement transformées en missions de racket de paisibles citoyens. Les billets de 500 et de 1000 F CFA sont devenus monnaies courantes alors que l’arrivée de Salif avait suscité de l’espoir chez beaucoup qui voyaient en lui un homme de poigne capable de redresser cette corporation.
Comment dans cette situation, les populations peuvent collaborer avec les forces de sécurité qui creusent un fossé géant entre elles et les citoyens. On ne peut pas avoir confiance en celui qui vous arrête sur la route pour vous plumer chaque fois qu’il en a l’occasion. C’est malheureusement ce qui se passe sous l’autorité de Salif Traoré qui demande aux populations d’aider les forces de sécurité à sécuriser le pays.
Abdourahmane Doucouré LA SIRENE