Bocari Tréta et ses camarades du RPM seraient à la manœuvre depuis un certain temps pour exiger le départ du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Combat, du reste fort logique, quand on sait que le RPM est le parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Mais, le tort des Tisserands serait certainement la cible. SBM, en poste depuis décembre 2017, a été choisi par celui qui a été élu par les maliens, donc c’est à IBK que le RPM devrait s’attaquer et non à SBM. Faudrait-il changer pour satisfaire aux désidératas politiques de certains caciques ? Quelles peuvent être les conséquences de son départ de la Primature ?
Le Mali sous IBK est en passe de battre tous les records en changement de Premier ministre, voire de gouvernement. En cinq ans, le pays a connu plusieurs remaniements ministériels, avec à la clé cinq Premiers ministres que sont Oumar Tatam Ly, Moussa Mara, Modibo Keita, Abdoulaye Idrissa Maiga et Soumeylou Boubèye Maiga. Le dernier, à savoir Soumeylou Boubèye Maiga, est en poste il y a juste un an et deux mois. Même si son bilan n’est pas reluisant, car la crise sécuritaire perdure tout comme la crise politico-sociale, les militants et cadres du RPM devraient lui rendre hommage pour avoir fait réélire, contre vents et marées, l’un des Présidents les plus impopulaires de la troisième République qui se trouve être le Président de leur parti. A cette prouesse, il faudrait ajouter également les différentes réformes qu’il a amorcées tant sur le plan politique qu’institutionnel. En demandant de sitôt le départ du PM, malgré ses défauts, le Mali risque de s’installer durablement dans la crise gouvernementale, alors que le plus urgent est la résolution de la crise multidimensionnelle qui sévit au Mali depuis 2012.
En exigeant le départ de SBM, les caciques du RPM semblent se tromper de combat. Leur cible devait plutôt être IBK qui n’a jamais eu la moindre considération pour ses camarades de lutte. Pire, il ne s’est jamais confié à son parti pour lui proposer le nom d’un premier ministrable. Malgré ce mépris souverain d’IBK, le RPM n’a jamais usé de son droit majoritaire pour censurer un seul des nombreux gouvernements qu’a connu le Mali ces dernières années. Le combat du RPM semble déjà voué à l’échec, car IBK, en fin de mandat, n’a que faire de son parti. Donc, Tréta et ses camarades peuvent maintenant lorgner d’un autre côté. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de militants et cadres du parti semblent comprendre en virant à 180 % vers d’autres formations politiques comme celle du PM.
En définitive, il faudrait diviser la poire en deux. Même si IBK a tort de ne jamais consulter le RPM et les autres partis de la Majorité pour les différents choix aux postes stratégiques, le parti des tisserands doit comprendre qu’une autre crise serait fatale à la classe politique actuelle, dont la plupart des leaders sont au crépuscule de leur carrière. Donc, autant maintenir le statu quo et soigner l’image écornée de l’homme politique malien plutôt que d’engager d’autres combats dont l’issue est incertaine.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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