Avec ses 600 millions d’internautes et sa population de plus d’un milliards d’Habitants, soit l’équivalent de celle du continent africain, l’empire du milieu n’autorise pas l’utilisation sur son territoire du réseau social le plus populaire au monde : Face book. En revanche, il a développé son propre réseau social qui n’a rien à envier à ce dernier. Au contraire !
Wechat, c’est son nom. Ce réseau social offre toutes les commodités que face book avec, en plus, d’autres particularités. Sur wechat, les correspondants de différentes langues peuvent facilement dialoguer. Le réseau social est doté d’un système permettant la traduction simultanée des messages envoyés dans une autre langue. Ainsi, un Francophone qui « chat » avec un Chinois, voit son message traduit en écriture chinoise pour la bonne compréhension de son correspondant et vis versa. C’est aussi être un outil d’apprentissage de la langue pour ses utilisateurs. En cette matinée légèrement ensoleillée du lundi 18 juillet 2016, les rues du quartier agricole grouille de monde. Entre automobilistes, cyclistes et piétons, il serait difficile de dire qui sont les plus nombreux. Malgré ce beau monde, la circulation est fluide. Les automobilistes cèdent volontiers le passage aux piétons qui n’ont pas l’air de remarquer le service qui vient de leur être rendu. Et, pour cause, ils sont tous scotchés à leur téléphone portable. C’est fou de voir plusieurs centaines voire des milliers de personnes qui circulent les regards rivés sur les téléphones et qui ne se marchent pas dessus ni ne se bousculent. A croire qu’ils sont téléguidés ou programmés. Dans sa cette foultitude de monde, nous parvenons, non sans peine, à capter l’attention de l’un d’entre eux. Nous faisions exotiques dans ce décor jaune. Son regard interrogateur sur nous a été la perche saisie. Il accepte de nous accorder un peu de son temps. Pour le mettre à l’aise, nous commençons par la salutation en chinois « Ni haou ». Notre accent lui fait sourire, mais il répond de bonté de cœur « Haou ». Dans notre anglais de niveau primaire nous lui posons la question de savoir s’il comprend anglais. Oui ! il parle a « litote ». Face book, Il en a entendu parler ; mais, n’a jamais essayé de s’y connecter bien que des voies de contournement existent même si elles sont très peu répandues. Pour lui, wechat est largement suffisant et lui permet d’échanger avec ses amis et sa famille qui sont tous en Chine. Son anglais, il ne l’a pas appris dans une salle de classe mais plutôt sur wechat. Car, un de ses cousins vivant aux Etats-Unis lui envoie des messages en anglais. Bien qu’ayant la traduction, il prend le soin de lire le message en anglais. C’est comme ça qu’il est, dit-il, parvenu à parler l’anglais a « little ».
Wechat est développé par Tancent qui est l’une des plus puissants cybers entreprises de la Chine. En la matière, elle est n’est devancée dans le monde que par Google, Amazone et face book et se classe dans le top 10 des entreprises internet mondiale. Avec 600 millions d’internautes contre 200 millions aux Etats-Unis et son taux de pénétration de 46%, la Chine est parvenue, en 20 ans seulement, à concurrencer les plus grands pays dans le domaine informatique. Selon Cao Shenzhen, une Experte chez tencent, en plus du facteur démographique et du taux de pénétration, la Chine est arrivée à ce niveau grâce aussi à : la construction de terminaux intelligents qui permettent à plus de Chinois d’accéder à internet sur leurs mobiles ; le confort qu’offre wechat à ses utilisateurs qui est « utile, ludique et pratique » et, enfin, l’enthousiasme de la population chinoise dans l’expérimentation des nouvelles technologies sont des atouts qui ont fait que la Chine est à se stade de développement dans le domaine, dit-elle.
Ce réseau social, en plus de servir d’espace de discussion, c’est aussi un espace d’affaires. A plus de 450 km de Beijing, dans la Province du Shandong, dans la ville de Jinan, des jeunes utilisent wechat dans leur système de vente en ligne. Dans cette société de e-commerce, logée au 17e étage de l’un des nombreux buildings de la petite ville, plusieurs dizaines de jeunes sont concentrés sur leurs écrans d’ordinateurs. Ils font du e-commerce ; c’est-à-dire, la vente en ligne. Ils proposent des habits pour enfants aux clients avec lesquels ils discutent sur internet. Une fois la commande passée, une équipe de livreur se charge de transporter la marchandise jusqu’à destination. « Satisfaire le client jusque chez lui» est la devise de la jeune entreprise s’enorgueillit son jeune patron qui dit travailler avec 10.000 magasins dans toute la Chine. Si l’entreprise n’a commencé la vente en ligne qu’il y a seulement quatre ans, cette dernière représente aujourd’hui 75% de son chiffre d’affaires. «Et Wechat y contribue pour beaucoup», selon le Patron. A travers les partages de leurs articles sur ce réseau social qui touche toute la Chine, l’entreprise arrive à se faire une bonne clientèle. « C’est facile et pratique », a-t-il fait remarquer.
En plus du commerce, Wechat a « déjà intégré plusieurs secteurs », admet Cao Shenzhen de Tancent. Et quand on demande à Chen si un jour il va essayer face book, sa réponse est non !
Mohamed Dagnoko, depuis Beijing