Se sentant humilié après avoir été conspué par ses compatriotes lors de ses séjours à New York et Paris, IBK aurait laissé suggérer à ses partisans de lui réserver à l’aéroport un accueil digne d’un président lors de son retour à Bamako. S’il y eut une forte mobilisation du camp présidentiel, des contestataires ont réussi à se manifester avec des affiches hostiles au Président, avant d’être dispersé à coups de gaz lacrymogène et avec quelques arrestations.
Comment pourrait-on se sentir humilié par quelques dizaines de manifestants hostiles, au point de battre le rappel de ses partisans à coup de millions pour laver l’affront ? Voici la question qui a brûlé de nombreuses lèvres après avoir constaté la mobilisation des personnes sorties pour aller accueillir IBK à sa descente d’avion en provenance de Conakry. Le but de la mobilisation, pour ses partisans, était de répondre par un accueil populaire à la vexation qu’il a subie à New York, Washington et Paris, villes qui abritent au quotidien des manifestations de ce genre.
Pour rappel, les Maliens installés dans ces villes sus-cités, ont exprimé leur mécontentement de voir IBK à la tête du Mali avec des pancartes et autres banderoles sur lesquelles se lisaient : « IBK dégage…. IBK voleur… ». Sous d’autres cieux, ces petites manifestations prouveraient à suffisance que la démocratie se porte bien dans ces pays. Mais au Mali, elles ont été qualifiées de crime de lèse-majesté, donc demandant une réponse appropriée ; d’où l’accueil suscité à l’aéroport Modibo Keita. Encore une fois, la mobilisation n’a pas été à la hauteur eu égard aux moyens financiers et matériels mis à la disposition des organisateurs, nous a-t-on dit. Etaient conviés pour cet accueil en pompe, des élèves dont les écoles ont été fermées pour la circonstance, le gouvernement, les chefs d’institutions, les députés de la majorité, les militants du RPM et des partis alliés, le Recotrade, les chefs de quartier, les familles fondatrices de Bamako, l’APCAM et l’Association des femmes des camps. Mais l’accueil ne fut pas mémorable comme s’y attendaient les instigateurs. Donc, une seconde humiliation. Pourquoi prendre un fait divers pour une affaire d’Etat, dans un pays au bord du précipice, où tout urge ? Les dizaines de millions (trente, selon certaines sources) qui auraient été dépensés, ne pouvaient-ils pas être affectés à d’autres fins ? Perd-on le sens de la mesure ou des priorités ? S’emporter à cause d’un fait divers, ne présage pas de la sérénité dont nos gouvernants ont besoin pour affronter les multiples défis qui les assaillent. Tout ça pour ça, est-on tenté de s’exclamer !
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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