On a coutume de dire que le bateau Mali peut tanguer mais ne chavirera jamais. Ce vieil adage est-il en passe d’être démenti, tant les antagonismes sont aujourd’hui exacerbés et la crise va crescendo. Le hic est qu’il n’y a plus personne, ou très peu de gens pour faire la médiation entre les deux, car la plupart des leaders, qu’ils soient religieux ou coutumiers sont devenus des partisans. Qui, alors, pour sauver le Mali en mettant fin à la crise politique ?
Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé sont tous issus du même parti qui est l’Adema et ils ont appartenu au même gouvernement sous Alpha Oumar Konaré. Le premier était le Premier Ministre, alors que second était son ministre de Finances. Ils ont travaillé ensemble pendant sept ans. Qu’est-ce qui pourrait bien opposer ces deux hommes beaucoup de choses, tant au plan personnel que politique, lient ? Même s’il faut reconnaitre qu’à un moment donné de la vie de leur parti commun, la collaboration entre les deux hommes n’a pas été facile, à cause des égos surdimensionnés. Aujourd’hui, avec le recul et compte tenu de leurs âges respectifs, ils doivent transcender leurs antagonismes pour se parler entre frères et mettre le Mali au-dessus de leurs personnes. A défaut de cela, le seul leader religieux qui pourrait intervenir entre les deux hommes, sans être taxé de partisan, est le Cardinal Jean Zerbo. Sinon, ni Bouyé, ni Dicko, ni Ousmane Chérif, ni Chouala Bayaya, encore moins les Niaré, Touré et Dravé, ne pourraient intervenir entre les deux, parce qu’ils ont tous choisi leurs camps. Autrement, qu’est-ce qui pourrait bien empêcher IBK de se déplacer pour aller chez son cadet Soumaila Cissé et lui parler sans témoin pour décrisper la situation ? IBK devrait savoir depuis le début qu’il avait tout à perdre en laissant la situation pourrir, car le temps est loin d’être son meilleur allié. Il devrait comprendre que les défis sont énormes et complexes et une journée de retard est une perte énorme et pour la mise en œuvre de l’Accord et pour la résolution des immenses problèmes auxquels le Mali est confronté. IBK devrait savoir que le soutien de la communauté internationale et des groupes armés signataires et même non signataires de l’accord, a un prix et tout retard pris dans sa mise en œuvre les irriterait. A moins que ce soit faute des solutions adéquates à la crise du nord, du centre et aux différents problèmes sociaux, qu’il attise le feu pour trouver un prétexte et jouer contre la montre, comme ce fut le cas durant le premier quinquennat.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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