A l’occasion d’une visite guidée, le Recteur de l’Université de Ségou, Abdoulaye Traoré, assisté de ses Chefs de services Patrimoine et de Coopération Extérieure, respectivement Dr Ousmane Mariko et Professeur Bah, a procédé à la présentation des sites et chantiers de la jeune université dont ils ont la gestion en charge depuis 4 ans seulement. C’était le jeudi 1er juillet 2016, en présence d’une quinzaine de journalistes de la presse publique et privée venus de Ségou et de Bamako.
Dans la présentation de son établissement supérieur, le Recteur Abdoulaye Traoré s’est surtout appesanti sur les difficultés et les défis aussi nombreux que divers et face auxquels l’Etat malien est fortement interpellé pour prendre rapidement en compte les préoccupations légitimes des acteurs de l’école malienne. Dans sa déclaration, le Recteur Traoré informe que «c’est sur la recommandation du forum sur l’Education tenu en 2008 que la toute première idée d’ouverture d’une université à Ségou a vu le jour. Un rêve devenu réalité en 2010 avec le lancement du projet et le démarrage effectif des activités en 2012.Trois structures dont 2 facultés et 1 institut sont aujourd’hui fonctionnelles sur 5 de prévues. L’Université de Ségou compte de nos jours 1530 étudiants dont la toute première promotion est sortie avec la licence professionnelle au bout de trois ans d’Etudes.
Les difficultés
Elles sont nombreuses et s’articule sur, entre autres, l’insuffisance criard du personnel enseignant et administratif. «90% de nos agents viennent des universités de Bamako. L’Etat ne recrute que des détenteurs de Masters DEA qui ne peuvent donner que des TD et TP. Nous ne sommes que 5 professeurs titulaires pouvant donner des Cours magistraux pour toute l’Université. Toutes nos infrastructures sont en chantier à part une salle de 800 places construites sur fonds propres de l’Université. Toutes les structures et le Rectorat de l’Université sont dans les locaux en bail », fera remarquer le Recteur Traoré. Et d’ajouter que l’Université de Ségou est un établissement complet. Mais, pour pouvoir trouver solution à toutes les difficultés qui l’assaillent, l’on a besoin d’un fond de 65 milliards de francs CFA. Il faut dire que le financement classique ne suffit pas, il faut un plan Marshall pour accélérer les choses.
S’agissant de la gouvernance, le projet Niche forme le Recteur et les Doyens dans les différents domaines requis.
Au passage, le Recteur a révélé fièrement aux journalistes que son université a été choisie deux fois de suite parmi les 4 universités éligibles au fonds du projet PADES pour un montant de 200 millions de francs CFA d’abord ensuite 300 millions.
Les perspectives
En termes de perspectives, il a été envisagé de renforcer les capacités des enseignants ; construire des facultés et chercher des financements innovants.
Pour la prise en charge des contractuels et le payement des cours, l’Université de Ségou n’a pas de reliquats d’impayés en matière d’heures supplémentaires. L’enveloppe de 426 millions allouée à l’Université permet de faire face à ce problème. le ratio est de 30 Etudiants par Enseignant en tenant compte des vacataires. L’inscription se fait sur sélection des dossiers ou par concours.
Quant au Professeur Ousmane Mariko, Chef service du Patrimoine, il a fait le point du patrimoine foncier et des locaux en construction de l’Université.
Ainsi, il explique que son université dispose de 509 ha en titre foncier qui se décompose comme suite:
Un Titre foncier (n°6537) d’une superficie de 09ha environ à Sébougou ; un autre Titre foncier (n°6844) d’une superficie de 298 ha environ à Dougadougou-Pelengana et un dernier Titre foncier (n° 6845) d’une superficie de 199 ha environ à Nérékoro-Pelengana. En outre, il y a la ferme de Soninkoura (108 ha) qui vient d’être affectée à l’Université de Ségou suivant la Lettre d’attribution foncière n°00153/MF.
S’agissant des locaux, ils se présentent comme suit : «un amphithéâtre de 500 places opérationnel depuis décembre 2011 sur un site de 9 ha à Sébougou. L’équipe du Rectorat est logée dans un bâtiment baillé. Quatre salles de TD et un bloc de bureaux sont disponibles dans le bâtiment du CTM également baillé et qui abrite la FAMA. Deux autres salles de classes sont disponibles pour les cours de CM et TD au stade Amary N’DAOU. Un bloc d’habitation de 12 chambres pour l’hébergement des enseignants est baillé au niveau du CERFITEX. En plus, l’université a fini, depuis mars 2013, d’aménager deux salles informatiques respectivement au lycée technique et à l’IFP pour les TD en informatique destinés aux Etudiants. A cela s’ajoutent deux autres bâtiments baillés: un pour abriter le Décanat de la FASSO et la Direction du CERAD et le second composé de deux blocs à deux niveaux chacun avec 12 salles de classes destinées aux cours pour les Etudiants de l’Institut Universitaire de Formation Professionnelle (IUFP). Il y a également de nouveaux bâtiments baillés pour les programmes pédagogiques (la chaine grise avec 12 salles de cours, un laboratoire de Biologie et une salle d’informatique bien équipée pour résorber les différents problèmes). Enfin, il est important de signaler l’avancement des travaux de construction du bloc de l’IUFP, le démarrage des travaux de construction de la salle pour vidéo conférence et de la construction d’un bloc de salles de cours sur le site des 09 ha de Sébougou.
L’arbre ne doit pas cacher la forêt
En dépit de tous ces acquis, le Recteur Abdoulaye Traoré ne cache pas les difficultés auxquelles son université de Ségou est confrontée.
En effet, toujours, en termes de problèmes à résoudre absolument, il y a un manque d’infrastructures administratives pour abriter tous les services administratifs et techniques. D’où la nécessité de procéder à de nouveaux contrats de bail. Ce qui exigera de nouvelles ressources financières.
Il y a aussi ce besoin crucial d’infrastructures pédagogiques propres à l’université (pour abriter les TD, les laboratoires) et de matériels de laboratoires.
Des difficultés sont rencontrées dans l’obtention du financement requis ; dans les décaissements et des retards dans les passations de marchés, etc.
Ainsi, par exemple, sur un montant de 2.300.000.000 de francs CFA, l’Université n’a pu mobilise que 1.100.000.000 de francs CFA. Cela, compte tenue de la situation sécuritaire du pays et de nombreuses autres difficultés auxquelles le Mali fait face.
En termes de projets, il est prévu par l’Etat malien d’investir autour de l’Universitaire régionale de Ségou plus de 60 milliards de francs CFA. Le dossier a été déjà soumis à l’UEMOA en 2012 et a été déclaré éligible dans le PER II (Programme Economique Régional II) 2012-2017. La mise en exécution avait été promise pour 2014. Le projet mérite d’être relancé, soutenu et impulsé ardemment par le Gouvernement du Mali auprès de l’UEMOA.
Ensuite, il y a le projet de sécurisation de 500 ha en TF de l’université qui a été soumis sans succès au BSI 2013. Compte tenu de l’insécurité, l’exécution devrait impérativement avoir lieu courant 2014. Le projet est indispensable pour sécuriser le TF accordé par le gouvernement.
Enfin, l’on retiendra qu’il a été offert par le projet PADES à l’Enseignement supérieur malien un fonds d’excellence allant de 200 à 300 millions de francs CFA pour une période de deux ans de suite. Et c’est l’Université régionale de Ségou qui a été choisie parmi les 4 universités éligibles à ce fonds d’excellence.
Abdoulaye Faman Coulibaly, Envoyé Spécial