C’est dans la grande salle de l’emblématique Mémorial Modibo Keita que les partisans du deuxième vice-président de l’ADEMA, et ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, se sont donnés rendez-vous pour porter le brassard de capitaine de l’équipe de l’Abeille pour la présidentielle du 29 juillet 2018 à Dramane Dembélé. Qu’est ce qui se cache derrière cette candidature? Par cet acte, Dramane Dembélé n’est-il pas en train de défier les partisans d’IBK au sein de l’ADEMA?
C’est dans une salle archicomble et en présence des représentants de certains partis de l’Opposition et de la société civile que Dramane Dembélé a été investi le vendredi 25 Mai 2018 comme candidat de l’ADEMA PASJ à la présidentielle malienne dont le premier tour est prévu pour le 29 juillet. Au cours de l’investiture de celui qu’il convient d’appeler désormais le candidat de l’ADEMA-PASJ, quelques temps forts ont marqué la cérémonie à la fois sobre et symbolique. L’entrée en la matière a été donnée par un poète qui a fait une déclamation poétique en bambara. Comme une sorte de chant guerrier, le « POYI » entonné était une sorte d’exhortation, de renoncement aux intérêts personnels et d’exaltation avec comme seul crédo, sauver l’ADEMA et la patrie en danger. Pour lui, il est un devoir pour tout bon militant, pour tout bon patriote de les sauver. Ce « Poyi » a été suivi de la remise symbolique du drapeau de l’ADEMA à Dramane Dembélé en guise d’arme pour le combat électoral qui s’annonce déjà ardu.
Le deuxième temps fort a été sans nul doute l’intervention du porte-parole des militants ADEMA favorables non seulement à la candidature à l’interne, mais aussi et surtout à celle de Dramane Dembélé. Modibo Traoré puisque c’est de lui qu’il s’agit n’est pas passé par mille chemins pour fustiger le comportement de certains responsables de l’ADEMA qui ont vendu le parti à IBK. Il a d’abord parlé du processus du choix du candidat à l’interne qui serait une des recommandations fortes et unanimes de la 15ème conférence nationale de l’ADEMA et lequel choix aurait dû être fait un an avant la présidentielle, a-t-il martelé. Pour Modibo Traoré cela n’a pas été du goût des partisans d’IBK au sein de la ruche, qui, malgré qu’ils soient minoritaires et à défaut d’empêcher le processus de désignation du candidat, ont élaboré des critères ne favorisant qu’un seul candidat en l’occurrence Dioncounda Traoré, sachant bien que ce dernier n’était pas candidat. La suite était connue, l’ancien président de la transition en complicité avec les partisans d’IBK ont laissé planer le suspense jusqu’à deux mois des élections pour jeter l’éponge. Par cet acte, selon Modibo Traoré, Dioncounda Traoré a sacrifié l’ADEMA sur l’autel des ambitions personnelles d’un clan minoritaire favorable à IBK dont le Président du parti Tiémoko Sangaré est le principal artisan. En effet, une conférence extraordinaire a été convoquée pour départager les deux positions, à savoir la candidature à l’interne ou le soutien à IBK dès le premier tour. Contre toute attente et en violation des textes de l’ADEMA, Tiémoko Sangaré et son clan ont adopté la deuxième position qui est celle de soutenir IBK dès le premier tour. Pour M. Traoré, malgré l’introduction de l’argent pour soudoyer les délégués, à savoir deux millions par délégué, afin de faire pencher la balance du côté d’IBK, les délégués étaient prêts à voter pour la candidature à l’interne, comme en attestent d’ailleurs leurs interventions dans la salle. Aux dires de Modibo Traoré, sur les 40 délégués qui se sont inscrits pour intervenir dans la salle, 23 étaient favorables à la candidature à l’interne et seulement 17 étaient pour le soutien à IBK. Sachant que les pros IBK n’avaient pas la majorité, le secrétaire général de l’ADEMA, Assarid AG Imbarcaouane aurait dit à Tiémoko de ne jamais soumettre la décision de soutenir IBK aux voix, mais plutôt de l’adopter par acclamation. Pour le porte-parole des militants favorables à la candidature à l’interne, cette décision de soutenir IBK est à la fois illégale, parce que non conforme aux textes du parti et illégitime, car elle a été prise par une infime minorité. Il est même allé jusqu’à citer des noms qui semblent être les maîtres d’œuvre de cette cacophonie, à savoir Tiémoko Sangaré, président de l’ADEMA, Abdel Karim Konaté dit Empé, premier vice-président ; Adama Sangaré le Maire du District et secrétaire à l’Organisation ; Adama T Diarra, secrétaire politique et Assarid Ag Imbarcaouane, secrétaire Général. Pour Modibo Traoré, le choix de Dramane Dembélé est celui de la raison et, par conséquent, il exhorte le peuple ADEMA à porter haut cette candidature.
Le troisième temps fort a été l’intervention du porte-parole du CDR, Youssouf Mohamed Bathily dit Ras Bath. Donnant d’abord une leçon de morale politique aux premiers responsables de l’ADEMA, pour Ras Bath, la raison d’être d’un parti politique est la conquête et l’exercice du pouvoir. Le chroniqueur s’est alors dit outré de constater que ce parti qui était l’un de deux grands d’Afrique puisse se contenter du rôle d’accompagnateur, avant de dire que l’ADEMA doit même être poursuivi en justice pour manquement grave à son devoir d’éveil et de formation des citoyens. Pour Ras Bath, après avoir bénéficié du financement public, il n y a pas de raison que l’ADEMA ne joue pas son rôle de parti. Ras Bath, comme une réponse du berger à la bergère, a répondu à « Boua » à demi-mot, quand ce dernier a affirmé à Kangaba lors de la journée du paysan « Boua Ta Bla Machi Fa Ka Ta » en traduction littérale que Boua ne va pas laisser pour qu’on donne au père d’un autre. Ras Bath a dit préférer réserver la réplique lors de son émission « Carte sur table » ce mardi, avant de formuler des vœux à Dramane Dembélé qui est en train de mener un combat noble.
Le quatrième temps fort a été le discours du candidat de l’ADEMA Dramane Dembélé, qui a d’abord magnifié la date, le 25 Mai, qui est celle de l’anniversaire de la création de l’OUA et de l’ADEMA, et du lieu qui porte le nom du premier Président du Mali indépendant, Modibo Keita. Avant de dire qu’il est prêt à relever le défi. Pour Dramane Dembélé sa candidature est celle de la résistance et du redressement. Il pense que l’heure de la maturité a sonné et qu’il est temps pour les militants ADEMA de faire échec à la démarche des opportunistes qui veulent vendre l’ADEMA à IBK. Son combat serait de sauver le parti et la démocratie. M. Dembélé s’est dit indigné de la tournure des événements au sein de l’ADEMA, il dit avoir honte de son parti. C’est pourquoi, il se sent en mission pour le redresser. L’expression qui est revenue comme un refrain est : « Je suis candidat et je suis prêt ». Par cette investiture Dramane Dembélé donne alors rendez-vous aux militants de l’ADEMA et au peuple malien tout entier le 29 juillet 2018.
En définitive, par l’investiture du deuxième vice-président de l’ADEMA, Dramane Dembélé, la crise au sein du parti de l’ancien Président de la République, Alpha Oumar Konaré ne fait que s’accentuer. Il est désormais à redouter dans les prochains jours, une bataille politico-juridique entre les partisans d’IBK et ceux de Dramane Dembélé pour l’utilisation du label ADEMA-PASJ. Dans l’un ou dans l’autre cas, c’est l’ADEMA qui sera en lambeaux.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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