Le Collectif des paysans de l’Office du Niger (Copon) en synergies avec le Réseau Afrique Europe Interact a tenu une conférence populaire et de presse le jeudi 22 février 2018 à Niono. L’objectif était de faire connaître l’angoisse des paysans. Depuis plus d’une décennie chaque année, la souffrance des paysans de l’Office du Niger prend plus d’ampleur et avec une inertie complice des gouvernements respectifs.
Selon le président du Copon, Karamoko Coulibaly, avant cette grande conférence, ils sont partis dans les villages où il y a leurs militants afin de s’enquérir des difficultés que ces derniers rencontrent à la base. A ses dires les problèmes rencontrés dans presqu’une vingtaine de villages sont similaires. Il s’agit, entre autres, de la cherté de la redevance eau, le manque de terre et la mauvaise gestion des engrains.
Pour cela, le Copon par la voix de son président exige : une redistribution des terres privilégiant les paysans d’abord, la livraison à temps et de la bonne qualité de l’engrais, la réduction des prix de redevance et des engrais…
D’autres intervenants se sont prononcés spécialement sur des domaines de leur compétence respective dans l’organisation. « Les paysans de l’Office du Niger sont devenus des ouvriers agricoles sur leur propre terre », dira-t-il. Selon lui, les parcelles aménagées par l’Etat sont distribuées sans que rien ne soit donné aux habitants agriculteurs des zones abritant les aménagements.
Les parcelles sont louées par l’Office à des fonctionnaires, des commerçants qui les relouent aux paysans, c’est-à-dire faire basculer des paysans qui n’ont pas d’autres activités que l’agriculture dans l’esclavage foncier des individus qui ont l’agriculture comme une activité de loisir. Des vieux de soixante-dix ans ont témoigné que leur famille ayant eu un hectare depuis les années soixante n’ont pas eu d’augmentation de parcelle alors que la famille a grandie plus de dix fois. Pour les femmes, les 15 % de terre qui doit être mis à leur disposition n’a été que de la poudre aux yeux.
Depuis 2004, des centaines de familles ont été spoliées de leur terre pour sept cent cinquante franc de crédit sur la redevance eau. D’autres qui n’avaient rien comme crédit ont également été spoliées. Et le paradoxe est que ces terres sont redistribuées entre neveux, amantes et amis des responsables de l’Office du Niger (nous y reviendront en détail dans nos futurs livraisons).
S’agissant de la redevance eau, selon le doyen Yacouba Sanogo de Kognakoura, l’Office prend illégalement l’argent des paysans. Les champs ne sont pas arrosés mais les paysans sont contraints de payer la redevance eau. Les canaux ne sont pas entretenus et sont remplis d’herbe ne facilitant pas l’écoulement de l’eau. Il a cité l’exemple de son village où les femmes ont cotisé jusqu’à 50 000 F CFA à la jeunesse pour nettoyer le canal qui arrose le village. Ce travail n’est pas manuellement efficace.
Pour le Copon, les frais de redevance eau et le prix des engrais sont excessivement chers et mal distribués ainsi que les terres. Il invite le gouvernement à prendre toutes sa responsabilité face au calvaire des paysans du Mali.
Daouda Z. Kane LE CONFIDENT